1.6 Caract´erisation de la phase solide ` a chaud
1.6.2 Essais ` a l’´etat solide
Les essais `a l’´etat solide permettent d’obtenir des lois de comportement d´ecrivant
la r´eponse d’un solide `a une sollicitation impos´ee. Il en existe plusieurs type afin de
diff´erencier les sollicitations m´ecanique et ainsi en d´eduire diff´erentes propri´et´es du mat´eriau.
Une liste non exhaustive pourrait contenir principalement les essais de compression, de
traction ou encore de cisaillement.
1.6.2.1 Compression simple
Une loi de comportement du mat´eriau `a chaud peut ˆetre d´etermin´ee par compression
avec sauts de vitesses de d´eformation. Un exemple de ce proc´ed´e a ´et´e r´ealis´e par
Brac-cini [BracBrac-cini, 2000] pour des vitesses de d´eformation allant de 10
−4`a 10
−2s
−1et des
temp´eratures comprises entre 515˚C et 565˚C (soit 0.89≤ T
T
s≤0.99). Cela permet
d’ex-traire des valeurs de sensibilit´e de la contrainte `a la vitesse de d´eformation (`a partir des
sauts de vitesses de d´eformation (voir figure 1.47)), et d’´energie d’activation (grˆace aux
diff´erentes temp´eratures d’essai).
Figure 1.47 – Courbe de contrainte en fonction de la d´eformation lors d’un essai de compression sur un alliage Al-4.5pds.%Cu [Braccini, 2000]
1.6.2.2 Essai de traction
Les essais de traction `a chaud sont largement utilis´es pour caract´eriser le comportement
des mat´eriaux m´etalliques. Notamment, Mostafa et El-Sayed [Mostafa et al., 2009] ont
r´ealis´e des essais de traction sur un alliage Al-1pds.%Cu dans un intervalle de temp´erature
se situant entre 280 et 400 ˚C (soit 0.31 ≤ T
T
s≤ 0.62). L’alliage utilis´e a ´et´e trait´e
ther-miquement de mani`ere `a obtenir des pr´ecipit´es θ. Un refroidissement tr`es lent `a partir
de 420 ˚C permet de parvenir `a cette microstructure. Pour les temp´eratures test´ees, le
coefficient de sensibilit´e de la vitesse de d´eformation `a la contrainte varie de 0.2 `a 0.42
lorsque la temp´erature augmente, caract´erisant un m´ecanisme de d´eformation par
glisse-ment des dislocations contrˆol´ee par leur mont´ee. L’´energie d’activation trouv´ee ´etait celle
1.6 Caract´erisation de la phase solide `a chaud
d’un m´ecanisme de diffusion aux joints de grains. Des essais sur des alliages d’aluminium
`
a 2.2 et 4.2 pds.%Cu ont aussi montr´e un n= 4.6 pour des valeurs de contraintes entre
4 et 10 MPa sur des ´echantillons sollicit´es en traction [Soliman, 1995]. Dans ce cas les
´echantillons ´etaient dans le domaine monophas´e α grˆace `a une mise en solution in situ
r´ealis´ee au pr´ealable.
1.6.2.3 Essais de cisaillement
Les essais de cisaillement plan peuvent ˆetre en cisaillement simple ou double. Le nombre
de plans de cisaillement d´etermine le type de l’essai. Un exemple de montage est montr´e
figure 1.48. Ce type d’essai peut servir `a ´etudier le fluage d’un mat´eriau, comme l’a fait
Soliman [Soliman, 1995] sur des alliages Al-2pds.%Cu et Al-3pds.%Cu `a 540˚C. Dans cet
essai l’´echantillon est soumis `a une contrainte de cisaillement induite par le d´eplacement
de deux mors lat´eraux. Les auteurs ont calcul´e un coefficient de sensibilit´e de la vitesse
de d´eformation `a la contrainte de n= 4.6 pour des contraintes allant de 6 `a 10 MPa. Ces
essais peuvent servir par ailleurs `a d´eterminer l’anisotropie d’un mat´eriau [Chaudury &
Mohamed, 1988].
(a) (b)
Figure 1.48 – (a) cisaillement simple, (b) cisaillement double
Chaudury et al. [Chaudury & Mohamed, 1988] ont port´e leurs efforts sur un alliage
Al-2pds.%Cu dans une plage de temp´erature comprise entre 510 et 570 ˚C (soit 0.82 ≤
T
T
s≤0.92). Les ´echantillons ont ´et´e mis en solutionα in situ `a 610 ˚C pendant 15 h afin
d’avoir une taille de grains uniforme et stable. Ces ´echantillons ont ´et´e soumis `a des essais
de cisaillement double `a 620, 590 et 510 ˚C. Ces temp´eratures restent dans le domaine
monophas´eα. Les auteurs obtiennent une valeur den= 4.5 pour des contrainte allant de
4 `a 6 MPa.
1.6.2.4 Essais de compression sur ´echantillons drain´es
Lors d’un essai de compression draˆın´ee, l’´echantillon subit ce que l’on pourrait
qua-lifier de solidification m´ecanique isotherme. La faible fraction de liquide restant apr`es la
compression est solidifi´ee. Giraud [Giraud, 2010] a utilis´e les ´echantillons issus d’essais de
compression draˆın´ee afin de caract´eriser le comportement de la phase solide du mat´eriau
`
a l’´etat pˆateux. Pour cela le mat´eriau est mis en solution pour homog´en´eiser la
compo-sition et ainsi ´eliminer l’eutectique. Des ´echantillons sont ensuite usin´es et soumis `a des
essais de compression simple avec sauts de vitesses. La figure 1.49 montre la variation de la
contrainte en fonction de la d´eformation obtenue lors de ces essais. La contrainte augmente
lorsque la vitesse de d´eplacement augmente et/ou lorsque la temp´erature diminue.
Figure 1.49 –Variation de la contrainte avec la d´eformation obtenue pour l’alliage 6061 d´eform´e par compression `a hautes temp´eratures [Giraud, 2010]
Une premi`ere ´etude a ´et´e men´ee en utilisant une loi de comportement classique (voir
´equation 1.32).
˙
ε=Aσ
nexp− Q
RT (1.32)
Avec A une constante intrins`eque du mat´eriau, n le coefficient de sensibilit´e de la
vitesse de d´eformation `a la contrainte,Q l’´energie d’activation, R la constante des gaz
parfaits, etT la temp´erature d’essai. Les param`etres donn´es par cette loi sont r´ecapitul´es
dans le tableau de la figure 1.50.
n Q (kJ.mol−1) A (M P a−n.s−1) 11 287 6.4.102
Figure 1.50 – R´ecapitulatif des valeurs des param`etres de la loi viscoplastique classique utilis´ee pour d´ecrire le comportement de l’alliage 6061 `a l’´etat solide [Giraud, 2010]
Les r´esultats pr´esent´es sur la figure 1.50 ´etant bien diff´erents de ceux trouv´es dans la
litt´erature, une autre approche a ´et´e utilis´ee. Cette seconde approche consiste `a utiliser
1.6 Caract´erisation de la phase solide `a chaud
une loi de comportement d´ecrite dans l’´equation 1.33.
˙
ε= AGb
kT exp(−RTQ )(sinh(ασ))
n(1.33)
O`uA etα sont des constantes intrins`eques du mat´eriau,best le vecteur de Burgers,k
est la constante de Boltzmann,Qest l’´energie d’activation,Rest la constante des gaz
par-faits,T est la temp´erature etnest le coefficient de sensibilit´e de la vitesse de d´eformation
`
a la contrainte. Les valeurs trouv´ees pour les param`etres de la loi sont consign´ees dans le
tableau de la figure 1.51. Dans ce cas les valeurs d´etermin´ees sont en ad´equation avec la
litt´erature.
n Q (kJ.mol−1) α (M P a−1) b (m) A (m2.s−1) 5 142 0.055 2.86.10−10 6.10−15
Figure 1.51 – R´ecapitulatif des valeurs des param`etres de la loi pour alliage `a phases dispers´ees utilis´ee pour d´ecrire le comportement de l’alliage 6061 `a l’´etat solide [Giraud, 2010]