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ESPECES REMARQUABLES TYPIQUES DES DOLINES

Dans le document DIAGNOSE DES DOLINES DE NOUVELLE-CALÉDONIE (Page 83-86)

3. CARACTERISATION DU FONCTIONNEMENT PHYSICO-CHIMIQUE ET BIOLOGIQUE

3.5 COMPOSITION DES COMMUNAUTES DE MACRO-INVERTEBRES

3.5.2 ESPECES REMARQUABLES TYPIQUES DES DOLINES

Coléoptères : Sur la totalité des campagnes, plusieurs coléoptères intéressants sont présents dans les prélèvements. On retrouve ainsi deux Hydroporinae (Coleoptera ; Dytiscidae) endémiques typiques des dolines, décrits ou redécrits en 2010 par l’équipe Allemande du Dr. Balke (Jäch & Balke, 2010).

Il a été possible d’identifier grâce à des échanges avec le professeur Nilsson (Suède) et les docteurs Balke et Hendrich (Allemagne) l’espèce Megaporus feryi (Hendrich et al. 2010a) initialement découverte sur la doline Pilote en 1999 (Bargier & Pöllabauer, 2004 ; Hendrich et al., 2010a). Non seulement cette espèce (Figure 50, clichés du haut), que l’on considérait comme rare, est présente dans cette doline en 2016, mais aussi dans les six autres dolines étudiées, aussi bien sous la forme larvaire qu’imaginale tout au long de l’année lors des campagnes mensuelles de 2013/2014, avec une présence marquée sur les dolines Croissant et Lac.

D’autre part une seconde espèce Limbodessus cheesmanae (Balfour-Browne, 1939) connue de l’Australie à l’archipel de Vanuatu n’est présente que sur les dolines du Trou Tahitien et Bleue, géographiquement très proches l’une de l’autre. Cette espèce (Figure 50, cliché du bas) semble donc moins fréquente et avoir des préférences écologiques plus

Copépodes 47% Odonates 2% Hétéroptères 2% Diptères 26% Trichoptères 11% Coléoptères 4% Autres 8%

strictes que la précédente. Elle n’a pas été retrouvée sur la douzième campagne de prélèvements en Juillet 2016, ce qui ne veut pas dire qu’elle a disparu du secteur considéré puisqu‘elle était déjà absente des relevés de Juillet 2013.

Les imagos de ces deux espèces de coléoptères sont connus et parfaitement décrits dans la Littérature, en revanche, aucune description des différents stades larvaires n’existe à ce jour (Nilsson, Hendrich & Balke, Comm. Pers).

Figure 50. Deux espèces d’Hydroporinae endémiques, adultes (à gauche) et larves (à droite)

A ces deux espèces remarquables, il est important de signaler la présence d’un autre Dytiscidae, quant à lui exotique (originaire de l’Est et du Sud de l’Australie), le Dytiscinae Onychohydrus scutellaris (Germar, 1848). Avec des préférences pour un milieu lentique et bien planté (Miller & Bergsten, 2016), il est aussi bien présent au stade larvaire qu’au stade imaginal et découvert sur les dolines Petite et Croissant.

Enfin la découverte la plus intéressante reste la présence d’une espèce très rare d’Haliplidae, Haliplus (Phalilus) oberthuri (Guignot, 1935), dans les prélèvements de la doline Pilote en Juillet 2016 (Figure 51). Un spécimen adulte mâle a été récolté sur l’hydrophyte Eriocaulon neocaledonicum. Ce coléoptère n’avait jamais été retrouvé depuis sa description en 1935. Il avait originalement été découvert en 1883 dans la baie Vata aux « marais de l’anse Vata près de Nouméa » (Fig. 13. p. 241, Hendrich & Vondel, 2010b). Cette zone marécageuse n’existe plus aujourd’hui puisqu’elle a été remplacée par l’extension de la ville de Nouméa qui s’est poursuivie vers le sud. H. oberthuri est connu dans le Territoire du Nord

et dans le Queensland, deux Etats du Nord et du Nord-Est de l’Australie où il a été récemment découvert (Hendrich & Vondel, 2010b). Cette espèce n’avait paradoxalement plus été signalée depuis près d’un siècle en Nouvelle Calédonie ce qui pourrait s’expliquer de deux façons. La première est qu’elle n’aurait pas été observée en raison de ses faibles effectifs et la seconde est qu’elle aurait pu être confondue avec une autre espèce, Haliplus bistriatus, qui est citée dans un rapport de l’IRD en 2006 comme une espèce exotique envahissante de l’archipel néo-calédonien (Jourdan & Mille, 2006). Ces deux espèces sont en effet très difficile à distinguer (Hendrich & Vondel, 2010). Adepte des milieux lentiques, parfois marécageux, acides et riches en végétation, il peut néanmoins se satisfaire de pelouses inondées en bordure de ruisseau temporaire. Il s’agit, pour la doline Pilote, du tout premier enregistrement de cette espèce dans ce secteur du Grand Sud Calédonien sachant qu’elle n’avait pas été détectée dans cette doline au début des années 2000 (Bargier & Pöllabauer, 2004) et qu’elle ne figure pas non plus dans le guide d’identification des Macroinvertébrés Benthiques de Nouvelle Calédonie (Mary, 2000).

Il s’agit donc d’une redécouverte majeure de cette espèce endémique jusque-là considérée comme présent dans la Littérature mais présumée disparue de l’archipel Néo- Calédonien.

Figure 51. Haliplus oberthuri, un Haliplidae remarquable de Nouvelle Calédonie

Trichoptères :

Parmi les quelques familles de Trichoptères présentes dans les dolines, l’une d’elles se caractérise par une diversité plus importante en terme d’espèces. En effet, si la famille des Ecnomidae ne semble représentée que par une seule espèce (non identifiée), que la famille des Hydroptilidae ne semble représentée que par une seule espèce du genre Oxyethira sp., la famille des Leptoceridae est quant à elle plus diversifiée. En plus des genres largement rencontrés, quelques nouveaux genres semblent faire leur apparition. Ces nouveaux genres n’ont pu être identifiés ni avec la clé de Nathalie Mary (Mary, 2000) ni avec aucune publication récente ou ancienne abordable de la littérature (que ce soit de Nouvelle Calédonie ou plus largement de la région Australienne).

Le premier « N. gen. fourreau tube arqué en sable », pour nouveau genre à fourreau arqué, a la particularité d’avoir dans la partie postérieure inférieure de la « gena » (les deux demies parties, gauche et droite, qui composent l’essentiel de la tête chez une larve de

Trichoptères), une tache bien marquée (Figure 52, flèche sur le cliché de gauche) et des caractéristiques qui ne correspondent à aucun genre y compris N. gen. D (Mary, 2000). Il est présent dans les dolines Lac, Marécage et Petite. Son fourreau est constitué de matériel minéral fin qui ressemble de par sa forme à celui d’un Helicophidae.

Le second « N. gen. PIII 4 articles » comporte au niveau de ses pattes III un tibia en deux parties mais ne correspond ni au genre Triplectides sp. ni à Symphitoneuria sp. L’apotome ventrale de cette espèce est en forme typique d’écus héraldique espagnole (en « U », Figure 52, cliché de droite, en haut à droite). Il tisse un fourreau tubulaire cylindrique de soies très solide et recouvert par une gangue orangée et épaisse de poudre de latérite mêlée d’algues et de soie. Lui aussi ne semble être présent que sur trois dolines, Croissant, Lac et Petite.

Enfin un troisième ressemblant beaucoup au précédent présente un apotome ventral triangulaire presque équilatérale mais ne présente pas de tibia divisé en deux. Le labre est échancré à la façon d’un Oecetis dont il présente aussi le caractère typique suivant : les maxilles sont longues et dépassent le labre en longueur. Aucun fourreau n’a été retrouvé. Cette espèce est essentiellement présente sur les dolines Croissant et Petite. Elle est placée en « Oecetis ».

Figure 52. Photographies de deux genres de Leptoceridae inconnus

Odonates :

Enfin en terme d’espèces remarquables rencontrées au cours des diverses campagnes de prélèvements, on retiendra la présence de l’espèce de Libellulidae dont l’aire de répartition est très étendue (de l’Australie jusqu’à Wallis-et-Futuna). Si elle reste très ubiquiste en Nouvelle Calédonie Orthetrum caledonicum (Brauer, 1865), une seule larve a été capturée sur Eriocaulon neocaledonicum uniquement sur la doline Bleue en Novembre 2013.

Dans le document DIAGNOSE DES DOLINES DE NOUVELLE-CALÉDONIE (Page 83-86)

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