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Espaces périphériques et commerce : un rapide état de l’art de la Géographie du

L’avènement de la grande distribution a été synonyme d’une nouvelle dynamique de la géographie du commerce, et les chercheurs se sont rapidement saisis de ce nouvel objet d’étude. Le secteur de la géographie des activités commerciales se développe à partir des années 1960- 1970, en parallèle au développement de la grande distribution, notamment sous l’impulsion de J. Beaujeu-Garnier, qui crée en 1980 une commission dédiée à la géographie du commerce au sein du Comité National Français de Géographie. Une partie des travaux scientifiques se concentre alors sur l’analyse des conséquences de l’émergence de la grande distribution sur deux types d’espaces : le centre-ville et les périphéries urbaines. A. Metton (1984) parle ainsi d’un « nouvel ordre commercial périphérique » qui a « entrainé une progressive révision des rapports entre centre-ville et périphérie »125. Pour construire notre état de l’art sur l’analyse géographique du commerce de grande distribution dans son rapport à l’armature urbaine, et plus précisément aux notions de périphérie et de centralité, nous nous sommes appuyé sur les travaux récents de la Commission Commerce du Comité National Français de Géographie qui ont donné lieu en 2016 à un numéro spécial du Bulletin de la Société Géographique de Liège. Dans ce numéro « Géographie du Commerce », dix-neuf auteurs membres de la Commission Commerce se sont livrés à un exercice à la fois rétrospectif, introspectif et prospectif d’analyse de la géographie du commerce en France, selon une grille de cinq grands domaines. Parmi ces domaines, deux nous intéressent plus particulièrement : « les lieux et espaces du commerce, ainsi que leurs dynamiques » pour la partie qui nous occupe à présent, et « les acteurs et formes

du commerce et de la distribution » pour la constitution de l’état de l’art sur les questions de gouvernance de l’urbanisme commercial en chapitre 8.

Au sein de ce premier domaine, l’article de Colette Renard-Grandmontagne « Commerce et espaces urbains» souligne d’ores et déjà un déséquilibre dans le traitement des différents « espaces urbains », puisque seulement un tiers des travaux est consacré au commerce de périphérie, la majorité traitant du « commerce de centre-ville et de l’hypercentre »126. L’auteur souligne néanmoins que « finalement, peu d’articles relatifs au commerce de centre-ville ne font pas référence au commerce périphérique »127, et propose un panorama de la recherche sur le commerce dans ces deux types d’espaces.

Dans le traitement du commerce et du commerce de périphérie, remarquons que la littérature scientifique récente (après 2010) se divise en deux approches :

- Une approche « globale » du lien entre développement urbain et commerce (Gasnier, 2010 ; Gasnier et Lemarchand, 2014)

- Une approche « thématique » du lien entre le commerce et une problématique précise du développement urbain : mobilité, développement durable… (Boquet et Desse, 2010 ; Dugot et Pouzenc, 2010 ; Soumagne, 2014)

A partir d’une revue de la littérature scientifique, orientée sur la question du lien entre commerce et périphérie, nous reviendrons dans ce chapitre d’abord sur le rôle du commerce dans le développement et la structuration de l’espace périphérique, puis sur l’évolution récente des espaces commerciaux périphériques vers plus de mixité fonctionnelle et une meilleure intégration urbaine. Enfin, nous reviendrons sur les relations entre commerce périphérique et centre-ville.

1. Grande distribution, développement et structuration des espaces périphériques Ainsi, aussi bien J. Beaujeu-Garnier et A. Delobez, A. Metton, R-P. Desse, B. Mérenne- Schoumaker et J. Soumagne définissent la grande distribution à partir de sa localisation périphérique, en opposition au commerce traditionnel de centre-ville et de quartier.

126 C. RENARD-GRANDMONTAGNE, « Commerce et espaces urbains », in Géographie du Commerce, Bulletin de la Société Géographique de Liège, n°66, 2016/1, p.19

Cet attrait de la grande distribution pour la périphérie est expliqué par plusieurs raisons dans ces différents ouvrages. La première est en lien direct avec le format-type de la grande distribution, l’hypermarché, qui compte au minimum 2 500m² de surface de vente, le parking, pour accueillir une nombreuse clientèle motorisée. Compte-tenu de la rareté et des prix des terrains en centre-ville, un foncier disponible de cette importance ne pouvait se trouver qu’en périphérie. Une autre raison de la localisation périphérique de la grande distribution est à chercher du côté du développement des infrastructures routières, le modèle de la grande distribution s’appuyant fortement sur l’accessibilité automobile, qui permet d’élargir la zone de chalandise des commerces, et de transporter donc d’effectuer plus d’achats en une seule visite. La grande distribution a alors suivi le développement du réseau routier et autoroutier, en s’installant à proximité des échangeurs et des voies d’accès les plus passantes.

Contrairement à l’idée reçue souvent véhiculée par les pouvoirs publics, la grande distribution n’est pas à l’origine du développement périphérique des villes, mais elle a participé à la dynamique de développement urbain à l’œuvre à l’époque, illustrée notamment par la réalisation d’ensembles pavillonnaires périphériques dans les années 1970. De nombreux chercheurs pointent notamment le sous-équipement commercial des banlieues les plus récentes, essentiellement composées d’habitat, et qui étaient alors considérées comme des cités-dortoirs. Selon l’expression d’A. Metton (1984), ces territoires en périphérie urbaine constituent alors une « terre à prendre »128 sur laquelle la grande distribution viendra s’installer en masse, contribuant à structurer le territoire périphérique selon des schémas que nous verrons dans les paragraphes suivants.

Si la grande distribution n’a pas initié le développement des espaces périphériques, il faut néanmoins souligner que son implantation sur ces territoires a contribué à les façonner et à leur donner une identité particulière, à travers son organisation spatiale d’une part, et son architecture d’autre part.

C’est ce que montre, notamment, J. Soumagne dans l’article « Grande distribution » du Dictionnaire du commerce et de l’aménagement (2008). A l’échelle de l’agglomération d’abord, l’accent est mis sur la localisation « par nature périphérique »129 de la grande distribution. Celle-ci est alors considérée comme ayant contribué à « accentuer la dualité centre-

128 A. METTON, Le commerce urbain français, Presses Universitaires de France, 1984, p. 44

129 J. SOUMAGNE, « Grande distribution », in R-P. DESSE, A. FOURNIE, A. GASNIER, N. LEMARCHAND, A. METTON et J. SOUMAGNE (dir.), Dictionnaire du commerce et de l’Aménagement, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.162

périphérie » en apportant la fonction commerciale dans les banlieues industrielles jusqu’ici cantonnées au rôle de « cités-dortoirs », et en profitant d’un zone de chalandise importante et d’une desserte automobile par les voies rapides contournant les villes. Cette implantation en périphérie s’est ensuite confirmée par le développement de multiples polarités commerciales autour des grandes métropoles comme de villes plus petites, créant autant de centres d’attraction, voire des « centres de vie concurrents du centre-ville »130. La capacité de la périphérie arrivant peu à peu à saturation, les auteurs soulignent cependant que la grande distribution à tendance à venir s’implanter en centre-ville grâce à des formats plus petits. A l’échelle de la seule périphérie ensuite, les auteurs mettent en avant le « maillage commercial »131 mis en place par la grande distribution. Contrairement au commerce traditionnel, ce maillage repose non pas sur l’accessibilité piétonne du commerce, mais sur la « proximité motorisée »132, et est basé sur différents formats de magasins, de la supérette au supermarché et à l’hypermarché. Ce maillage se traduit par une organisation autour de trois pôles hiérarchisés, « du petit centre commercial à supérette ou maxidiscompte, aux centres commerciaux intercommunaux dirigés par les hypermarchés, et enfin aux grands centres régionaux »133 suivant le modèle d’organisation de l’espace des « lieux centraux » mis à jour par Christaller. Mais J. Soumagne souligne que cette organisation de l’espace est par endroit bouleversée, notamment aux abords des grandes agglomérations, les grandes enseignes s’implantant alors les unes à côtés des autres afin de faire jouer les règles de la concurrence. De même R-P Desse (2001), dans Le nouveau commerce urbain134, distingue trois grandes formes d’implantations périphériques pour la grande distribution, chacune ayant des conséquences sur le développement de ces espaces périphériques et leur hiérarchisation à l’échelle de l’agglomération :

- L’implantation des hypermarchés en périphérie, dans les années 1960 et 1970, l’auteur soulignant bien que ces implantations sont aussi bien le fruit de « grands groupes intégrés de la distribution française » que de commerçants locaux indépendants. Le développement des hypermarchés a une influence sur la hiérarchisation des périphéries

130 . SOUMAGNE, « Grande distribution », in R-P. DESSE, A. FOURNIE, A. GASNIER, N. LEMARCHAND, A. METTON et J. SOUMAGNE (dir.), Dictionnaire du commerce et de l’Aménagement, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.162

131 Ibidem 132 Ibidem 133 Ibidem

urbaines à grande échelle. R-P Desse identifie ainsi une organisation en trois anneaux du développement des hypermarchés à l’échelle d’une grande agglomération, comme l’illustre ce schéma:

Figure 40, Le développement des hypermarchés selon trois anneaux à l'échelle d'une grande agglomération Source : R-P Desse Le nouveau commerce urbain (2001), C.Charpentier, 2014

- Les centres commerciaux périphériques, à l’intérieur desquels R-P Desse distingue deux entités : les centres commerciaux planifiés, qui sur ses terrains d’études s’apparentent à des « centres commerciaux intégrés de centre-ville », et les centres commerciaux périphériques résultant de la transformation par à-coup d’implantations commerciales isolées autour d’un hypermarché, sans intervention d’un aménageur public. Ces centres commerciaux périphériques se caractérisent le plus souvent par une absence de plan d’ensemble, ce qui aboutit à la création d’espaces chaotiques, mal organisés et peu lisibles.

- Enfin, les zones d’activités commerciales périphériques font l’objet d’une attention particulière de l’auteur. Celles-ci correspondent à des regroupements disparates de grandes et moyennes surfaces (GMS) spécialisées, le long des axes routiers, dont la localisation s’explique par une logique d’opportunisme foncier. Ces zones commerciales périphériques résultent également des jeux des acteurs publics, les

municipalités cherchant à attirer des emplois sur leur commune pour des raisons fiscales.

Cette approche de l’impact de la grande distribution sur le développement du territoire à grande échelle est complétée par la distinction, à partir de l’étude de certaines agglomérations, de quatre grands types d’organisation spatiale du commerce périphérique :

- « Type 1 : structure radio-concentrique organisée en anneaux de pôles commerciaux périphériques comme à Nantes mais aussi Bordeaux, Toulouse, Rennes…

- Type 2 : structure semi radio-concentrique organisée en demi-cercles d’anneaux commerciaux périphériques comme à Brest, Saint-Nazaire, Le Havre ou Dunkerque - Type 3 : structure sectorisée par des grands pôles enclavés dans des sites limités par la

montagne comme à Grenoble

- Type 4 : structure axiale du système des pôles commerciaux comme Nîmes, Strasbourg… »135

Enfin, les auteurs sont d’accord pour mettre en avant un phénomène de multipolarisation commerciale de la périphérie. J-P Bondue évoque ce processus dès 1997. Pour qualifier cette tendance à la mulitpolarisation des enseignes de la grande distribution sur les sites les plus attractifs du territoire, c’est-à-dire les plus facilement accessibles à la population, J-P. Bondue parle d’un processus de « métropolisation de l’offre commerciale »136. Il démontre en effet, en prenant l’exemple de la région Nord-Pas-de-Calais, que l’offre commerciale de la grande distribution a tendance à se regrouper sur les espaces les mieux desservis de l’agglomération principale, créant des polarités nouvelles à l’échelle de l’agglomération, ceci aussi bien dans les espaces centraux que périphériques.

Le processus de polarisation des activités commerciales sur certains points de l’espace périphérique, et la multipolarisation que cela entraine à l’échelle de l’agglomération sont des sujets qui ont ensuite été plusieurs fois abordés. B. Mérenne-Schoumaker reprend ce terme de polarité pour expliquer les logiques de développement territorial de la grande distribution lors de ses trois grandes phases de croissances. La première période (1960-1975) est logiquement marquée par la création de nouvelles polarités en banlieue et à proximité des principaux flux

135 R-P DESSE, Le nouveau commerce urbain, Presses Universitaires de Rennes, 2001, p.109-110

136 J-P BONDUE, « Le commerce dans l’aménagement rural et urbain : diversité des acteurs et des stratégies spatiales », dans A. METTON, Les nouveaux acteurs du commerce et leurs stratégies spatiales, université de Bretagne Occidentale, 1997, p.87-106

routiers. La deuxième période (1975-1990) contribue au renforcement des polarités créées lors de la période précédentes, et crée de nouvelles polarités en suivant la logique de localisation de la période précédente, et que l’on retrouvera également dans la suivante : le long des principaux axes de déplacement et dans les polarités urbaines. Enfin la troisième période (1990-années 2000) se traduit par la diffusion des formes de la grande distribution dans des espaces interstitiels, ainsi que par le renforcement du commerce périphérique par la diversification des polarités. Enfin, dans le Dictionnaire du commerce et de l’aménagement (2008) Jean Soumagne insiste sur ce processus de métropolisation en soulignant que « la grande distribution a fait naître dans les périphéries urbaines de multiples centres d’achat »137. Il indique également que ces polarités formées à partir de la fonction commerciale ont dépassé leur fonction première puisqu’elles sont devenues « autant de centres d’attraction et parfois des centres de vie », jouant ainsi non plus un rôle de polarités, mais de centralités dans l’organisation du territoire. Ce constat est repris par R-P Desse, pour qui la diversification des activités des centres commerciaux et des zones commerciales périphériques vers des activités telles que la restauration ou les cinémas multiplexes, contribue à faire de ces espaces des « centralités » à l’échelle de l’agglomération.

Face à cette situation, plusieurs chercheurs s’interrogent sur la pertinence du modèle centre- périphérie pour analyser l’organisation commerciale française. C’est le cas de A. Gasnier et S. Lestrade (2014), qui se demandent : « en France, le modèle centre-périphérie fonctionne-t-il toujours ? »138, et répondent par l’inefficience de ce modèle pour analyser les phénomènes spatiaux, mais reconnaissent son efficacité « sur le plan politique » qui explique que ce modèle soit encore une clé de lecture des territoires aujourd’hui. N. Lemarchand (2008) constate elle aussi que « la notion de centre et périphérie devient discutable pour hiérarchiser les deux pôles du schéma commercial d’une métropole »139, discutant ainsi la pertinence du modèle, sans pour autant nier les différences entre le commerce installé en périphérie et celui installé au centre.

Dans leurs travaux, les chercheurs accordent également une attention particulière à l’architecture spécifique de ces zones commerciales d’entrées de ville, standardisées, devenues

137 J. SOUMAGNE, « Grande distribution », in R-P. DESSE, A. FOURNIE, A. GASNIER, N. LEMARCHAND, A. METTON et J. SOUMAGNE (dir.), Dictionnaire du commerce et de l’Aménagement, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.162

138 A. GASNIER, S. LESTRADE, « Commerce et étalement urbain. En France, le modèle centre/périphérie fonctionne-t-il toujours ? », in A. Gasnier et N. LEMARCHAND, Le commerce dans tous ses états. Espaces marchands et enjeux de société, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p.139

139 N. LEMARCHAND, Géographie du commerce et de la consommation : les territoires du commerce distractif, Habilitation à Diriger des Recherches, Université Paris-Sorbonne-Paris IV, 2008, p.52

en France « synonyme de paysages hétéroclites, d’architecture de second ordre, de publicité surabondante »140. Dans sa description du « pavillonnaire commercial » composé de « bâtiments frustres, parallélépipédiques, totalement clos et aveugles », R-P Desse se positionne dans la même ligne que R. Péron dans ses deux ouvrages La fin des vitrines et Les boîtes, les grandes surfaces dans la ville, dans lesquels il souligne l’architecture particulière propre à la grande distribution. Soulignant les similitudes avec le monde de l’entreprise, les magasins appartenant à la grande distribution sont qualifiés d’ « usines à vendre ». Leur architecture se caractérise donc par des « hangars », des « boîtes », dans la plupart des cas sans vitrines, surmontés par de grandes enseignes, et entouré de vastes aires de parkings, mais dépourvus de cheminements piétonniers. Parlant d’ « esthétique minimaliste de la distribution de masse », l’auteur souligne l’expression des principes de la grande distribution dans son architecture, image du prix bas et accessibilité routière en tête.

2. Evolution des espaces commerciaux périphériques vers plus de mixité et d’urbanité ?

En complément de ces études structuralistes, les chercheurs se sont intéressés à l’évolution des espaces commerciaux périphériques en eux-mêmes, et s’interrogent sur leur place dans le développement du territoire.

Un des aspects les plus étudiés est l’émergence de zones « ludo-commerciales » sur les zones commerciales périphériques. Cette tendance à l’ajout d’activités de loisirs en complément de l’offre commerciale participe du processus de diversification et de mixité des fonctions à l’œuvre dans certaines zones commerciales, qui y voient un moyen de se démarquer de leurs concurrentes dans un contexte de plus en plus tendu. La diversification par les loisirs se traduit par la présence sur la zone commerciale d’équipements de divertissements (discothèque, bowling, karting…), culturels (cinéma, aquarium…) ou encore sportifs (salle de sport, patinoire, piscine…). N. Lemarchand (2008) explique que « ces lieux doivent comporter une part ludique, l’on s’y rend sans avoir nécessairement une intention d’achat, mais l’on peut déambuler dans les galeries ou dans les rues commerçantes, y flâner ou encore musarder dans les magasins ou dans les rayons »141. Pour désigner ce phénomène, l’auteure parle de

140 R-P DESSE, Le nouveau commerce urbain, Presses Universitaires de Rennes, 2001, p. ?

141 N. LEMARCHAND, Géographie du commerce et de la consommation : les territoires du commerce distractif, Habilitation à Diriger des Recherches, Université Paris-Sorbonne-Paris IV, 2008, p.118

« renouveau du commerce distractif »142, initié avec la création des Grands Magasins, et réinventé aujourd’hui, parallèlement à la mise en place d’une société de plus en plus tournée vers les loisirs. Evoqué dès 2002 par R-P Desse, le développement de zones ludo-commerciales peut-être analysé comme une première porte d’entrée vers des thèmes plus larges, qui ont été fréquemment abordés depuis les années 2010 : le développement durable et la résilience des espaces commerciaux.

La relation entre commerce et développement durable apparait comme un nouveau champ de recherche à explorer, tant le rapprochement de ces deux concepts peut paraitre, au premier abord, contre-nature. Cependant, plusieurs axes d’études sont mis en avant, notamment dans l’ouvrage Territoires du commerce et développement durable (dir. P. Dugot et M. Pouzenc, 2010). La première approche se fait par l’environnement. Ainsi, les centres commerciaux et zones commerciales prennent conscience des enjeux environnementaux, et mettent en place différentes actions en matière de maitrise des consommations énergétiques, de recyclage, ou encore de verdissement des espaces pour mieux prendre en compte les contraintes du développement durable. Ces actions sont valorisées par plusieurs labels (HQE, BREAM, Valorpark…), et constituent pour les promoteurs autant un acte éco-responsable, qu’une action marketing à valoriser.

Nombre d’autres axes d’études et d’actions sont cependant mis en avant pour envisager le développement durable des zones commerciales périphériques. Parmi eux nous pouvons citer :

- L’accessibilité : comment passer de zones penser uniquement pour et par la voiture à une desserte multimodale de ces zones ? Comment envisager les notions de mobilité et de proximité sur ces espaces commerciaux ? Répondre à ces questions permettrait une meilleure durabilité écologique de ces espaces (réduction de la pollution et des nuisances sonores et visuelles), mais aussi temporelle (meilleure intégration des zones à l’espace urbain donc réduction des risques de déprise commerciale).

- L’apport de mixité fonctionnelle aux zones commerciales, notamment par les loisirs et le sport.

- L’architecture et le paysage, pour une meilleure insertion du commerce dans son environnement.

- La création par les acteurs privés de nouveaux formats commerciaux présentés comme plus durables (centres commerciaux « nouvelle génération », retail park, « family

142 N. LEMARCHAND, op.cit., p.120

village »…). Ce point est notamment abordé dans une partie de l’ouvrage Commerce et ville ou commerce sans la ville (Gasnier (dir.), 2010), les auteurs s’interrogeant sur la compatibilité entre objectifs de développement durable et primauté des intérêts économiques des acteurs du commerce.

- La gestion et la régulation de l’urbanisme commercial par les acteurs publics et privés, étape nécessaire à un développement plus durable et plus responsable du commerce et de son lien à l’urbain. Nous reviendrons plus précisément sur cette problématique dans la troisième partie de ce travail.

Ces différents points peuvent également être rapprochés de la question du renouvellement ou de la requalification des zones commerciales de périphérie : si le rôle du commerce dans les

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