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Espace dual d'une algèbre modale complète et atomique

2.2 Les algèbres modales complètes et atomiques

2.2.2 Espace dual d'une algèbre modale complète et atomique

de Kripke, nous établissons la relation binaire duale de la relation unaire ♦.

Dénition 2.2.5. Soit B une algèbre modale complète et atomique munie d'une relation unaire ♦. On dénit la relation binaire R surAt(B)comme suit,

aRb si et seulement si b≤♦a, pour tout a, b∈At(B).

Dénissons maintenant le foncteur qui nous permet de passer de la catégorie CM A à la catégorie KF.

Dénition 2.2.6. L'application At est dénie comme l'application qui à une algèbre modale complète et atomique B associe le frame de KripkeAt(B)muni de la relationR. L'application Atassocie à un morphismef : B0 →B deCM Al'application At(f) = f dénie comme suit,

f : At(B)−→At(B0)

2.2 Les algèbres modales complètes et atomiques Proposition 2.2.1. L'applicationAt est un foncteur contravariant de la catégorie CM A dans la catégorie KF.

Démonstration. Soit B une algèbre modale complète et atomique. Il est clair que At(B)

muni de la relation R est bien un frame de Kripke. En eet, At(B) est un ensemble et R est une relation binaire par dénition. Soit B0, une autre algèbre modale complète et atomique et f : B0 → B un homomorphisme d'algèbres de Boole complètes tel que f(♦b0) =♦f(b0) pour tout b0 ∈B0. L'applicationf est bien dénie puisque vu la propo-sition (2.1.6), il est clair que f(a)∈At(B0)pour tout a∈At(B).

Montrons maintenant quef est un morphisme de KF. Nous devons montrer que f(R(−, a)) =R(−, f(a)) ∀a ∈At(B).

Soit a un élément de At(B). Procédons par double inclusion, commençons par montrer que f(R(−, a)) ⊆ R(−, f(a)). Soit b0 ∈ f(R(−, a)). Il existe b ∈ At(B) tel que b0 =f(b) et bRa. Montrons que f(b)Rf(a). Remarquons que b0 =f(b)∈At(B0) et vu la proposition (2.1.7), b ≤ f(b0). De la même manière, il existe a0 ∈ At(B0) tel que a0 = f(a) et a ≤ f(a0). De plus, puisque bRa, on sait que a ≤♦b. Par dénition de f, on trouve

a≤♦b ≤♦f(b0) =f(♦b0). Or, ♦b0 ∈B0 et vu le théorème (2.1.1), on sait que

♦b0 =∨{a0 ∈At(B0)|a0 ≤♦b0}. Ainsi,

a≤f(∨{c0 ∈At(B0)|c0 ≤♦b0}) =∨{f(c0)|c0 ∈At(B0)et c0 ≤♦b0}.

Puisque a ∈ At(B), vu la remarque (2.1.1), il existe c0 ∈ At(B0) tel que c0 ≤ ♦b0 et a≤f(c0). Vu la proposition (2.1.6), c0 =a0. Au nal, on a

a0 ≤♦b0 ⇒ b0Ra0 ⇒ f(b)Rf(a), d'où l'inclusion.

Prouvons maintenant quef(R(−, a))⊇R(−, f(a)). Soit b0 ∈R(−, f(a)). Autre-ment dit, b0Rf(a) et nous devons trouver b ∈ At(B) tel que bRa et b0 =f(b), ce qui est équivalent à trouver b ∈ At(B) tel que bRa et b ≤ f(b0). Puisque, b0Rf(a), on a f(a)≤♦b0 et vu la proposition (2.1.8), a≤f(♦b0) =♦f(b0). Comme f(b0)∈B, on peut utiliser la proposition (2.1.1). On trouve alors

a≤♦(∨{b ∈At(B)|b≤f(b0)}) =∨(♦{b∈At(B)|b≤f(b0)}) =∨{♦b|b ∈At(B) et b≤f(b0)}.

2.2 Les algèbres modales complètes et atomiques De plus, puisque a est un atome, en utilisant la remarque (2.1.1), on trouve b ∈ At(B)

tel que a≤♦b et b≤f(b0). Autrement dit, b convient puisqueb ∈At(B) tel que bRa et b ≤f(b0). Nous obtenons donc l'égalité.

La conclusion de cette preuve est identique à celle eectuée dans le théorème (2.1.9) puisque les applications f sont dénies de la même manière. On en tire que l'application At est un foncteur contravariant de la catégorieCM A dans la catégorie KF.

Dénissons maintenant l'opération unaire duale de la relation binaireR.

Dénition 2.2.7. Soit (W, R)un frame de Kripke. On dénit la relation♦R sur l'algèbre modale complète et atomique P(W) comme suit,

RE =R(E,−), pour tout E ∈ P(W).

La proposition suivante stipule que l'opération♦R est bien dénie.

Proposition 2.2.2. Soit (W, R) un frame de Kripke. L'ensemble P(W) muni de la rela-tion ♦R est une algèbre modale complète et atomique.

Démonstration. Soit (W, R) un frame de Kripke. Montrons d'abord que P(W) est une algèbre de Boole. Puisque W est un ensemble, il est clair que P(W) muni des deux opérations binaires∪ et∩ et de l'opération unaire de passage au complémentaire est une algèbre de Boole.

Il est clair que l'opération♦Rest bien dénie puisque♦R(E) =R(E,−)∈ P(W)pour tout E ∈ P(W) . Il faut maintenant montrer que l'opération ♦R vérie

1. ♦R(O∪U) =♦RO∪♦RU;

2. ♦R∅=∅.

Nous avons déjà montré ceci dans la démonstration de la proposition (1.1.4). On en conclut que P(W)est une algèbre modale. Il est clair que celle-ci est complète.

Il nous reste à montrer queP(W) est atomique. La proposition (2.1.3) stipule que les seuls atomes de P(W)sont les singletons {x}tel quex∈W. Ainsi, siE ∈ P(W)est non vide, il existe x ∈ E. Dans ce cas, {x} ⊆ E et P(W) est donc une une algèbre modale complète et atomique.

Dénissons le foncteur qui nous permettra de passer de la catégorieKF à la catégorie CM A.

Dénition 2.2.8. L'application P est dénie comme l'application qui à un frame de

Kripke (W, R) associe l'algèbre modale complète et atomique P(W)munie de la relation

R. L'applicationP associe à un morphismeϕ : X0 →X deKF l'applicationϕ1. Proposition 2.2.3. L'application P est un foncteur contravariant de la catégorie KF dans la catégorie CM A.

2.2 Les algèbres modales complètes et atomiques Démonstration. Soit (W, R) un frame de Kripke. Vu la proposition (2.2.2), P(W) munie de la relation ♦R est une algèbre modale complète et atomique.

Soient (W0, R) un autre frame de Kripke et ϕ : W0 → W un morphisme de KF. Montrons que ϕ :P(W)→ P(W0)est un morphisme de CM A. Il est clair que ϕ est un homomorphisme d'algèbres de Boole complètes (nous l'avons montré dans la démonstra-tion du théorème (2.1.10)). Puisque ϕest un morphisme de KF, nous savons que

ϕ(R(−, x0)) =R(−, ϕ(x0)) ∀x0 ∈W0, et il nous reste à montrer que si E ∈ P(W), alors

ϕ(♦RE0) =♦R(E)), ce qui est équivalent à

ϕ1(R(E,−)) =R(ϕ1(E),−).

Considérons E ∈ P(W) et procédons par double inclusion. Commençons par montrer que ϕ1(R(E,−))⊆R(ϕ1(E),−). Soit x0 ∈ϕ1(R(E,−)), alors il existey ∈E tel que yRϕ(x0). Étant donné notre hypothèse, il existe y0 ∈ W0 tel que y0Rx0 et ϕ(y0) = y∈ E. Au nal, il existe y0 ∈ϕ1(E)tel que y0Rx0, donc x0 ∈R(ϕ(E),−).

Montrons maintenant que R(ϕ1(E),−) ⊆ ϕ1(R(E,−)). Soit x0 ∈ R(ϕ1(E),−), alors il existe y0 ∈ W0 tel que ϕ(y0) ∈ E et y0Rx0. En utilisant l'hypothèse, on ob-tient que ϕ(y0)Rϕ(x0). Nous avons donc trouver y =ϕ(y0) ∈ E tel que yRϕ(x0) et donc x0 ∈ϕ1(R(E,−)).

Pour conclure, il sut de procéder de la même manière que dans la démonstration du théorème (1.1.6).

Passons maintenant aux isomorphismes avec les biduaux.

Proposition 2.2.4. Si B est une algèbre modale complète et atomique, l'application rB : B −→ P(At(B))

b 7−→ {a ∈At(B)|a≤b}

est un isomorphisme d'algèbres modales complètes et atomiques.

Démonstration. La proposition (2.1.11) stipule querB est un isomorphisme d'algèbres de Boole complètes et atomiques. Il nous reste donc à montrer que

rB(♦b) =♦RrB(b) ∀b∈B. Soit b ∈B, on a rB(♦b) ={a∈At(B)|a≤♦b}. De plus, ♦RrB(b) =R(rB(b),−) ={a∈At(B)|∃c∈rB(b) tel que a≤♦c} ={a∈At(B)|∃c∈At(B)tel que c≤b et a≤♦c} ={a∈At(B)|a≤♦b}.

Cette dernière égalité découle du théorème (2.1.1) et de la remarque (2.1.1). On obtient alors l'égalité et donc le résultat.

2.2 Les algèbres modales complètes et atomiques Proposition 2.2.5. Soit (W, R) un frame de Kripke, l'application

εW : W −→At(P(W))

x 7−→ {x}

est un morphisme de KF.

Démonstration. La proposition (1.2.19) stipule que εW est un isomorphisme entre en-sembles. Il reste donc à montrer que

εW(R(−, x)) =RR(−, εW(x)) ∀x∈W. On a

εW(R(−, x)) =εW({y∈W|yRx}) ={{y}|yRx}.

Ensuite, puisque les seuls atomes de P(W)sont les singletons {y}avecy ∈W, on trouve RR(−, εW(x)) =RR(−,{x}) ={z ∈At(P(W))|zRR{x}} ={{y} ∈ P(W)|{x} ⊆♦R{y}} ={{y} ∈ P(W)|{x} ⊆R({y},−)} ={{y} ∈ P(W)|{x} ⊆ {z ∈W|yRz}} ={{y}|yRx}, d'où l'égalité et donc le résultat.

Les démonstrations des deux propositions suivantes sont identiques à celles eectuées dans le cas des algèbres de Boole complètes et atomiques.

Proposition 2.2.6. Soient B et B0 deux algèbres modales complètes et atomiques et f :B →B0 un morphisme de CM A. Le diagramme suivant est commutatif.

B P(At(B)) B0 P(At(B0)) f rB rB0 P(At(f))

Proposition 2.2.7. Soient (W, R) et (W0, R) deux frame de Kripke et ϕ:W →W0 un morphisme de KF. Le diagramme suivant est commutatif.

W At(P(W)) W0 At(P(W0)) ϕ εW εW0 At(P(ϕ))

Toutes ces propositions nous permettent d'obtenir l'équivalence duale.

Théorème 2.2.8. Les foncteurs contravariants Atet P établissent une équivalence duale entre la catégorie CM A et la catégorie KF.