6 Repr´ esentations et repr´ esentations de niveau 0 6.1Repr´esentations de niveau 0
8.5 L’espace D cusp (G) et le transfert
Proposition. Soient d ∈ Dcusp(G) et, pour tout G′ ∈ E(G), soit dG′
∈ Dcusp,λ1(G′ 1)st. Supposons que DG[d] co¨ıncide avec P
G′∈E(G)transf ert(DG′
1[dG′]) sur Gell(F ). Alors DG[d] =P
G′∈E(G)transf ert(DG′ 1[dG′
]).
Preuve. Soit G′ ∈ E(G). Des injections naturelles Z( ˆG) → Z( ˆG′) → Z( ˆG′1) se d´eduisent des homomorphismes
(1) NG′
1 → NG′
Pour ν ∈ N , on d´efinit la composante dν de d comme dans le paragraphe pr´ec´edent. On d´efinit dG′,ν comme le produit des composantes dG′,ν′
sur les ν′ ∈ NG′
1 qui s’envoient sur ν par la suite ci-dessus. La famille ((dG′
)G′∈E(G), d) v´erifie l’hypoth`ese ou la conclusion de la proposition si et seulement si chaque famille ((dG′,ν)G′∈E(G), dν) les v´erifie. On peut donc fixer ν ∈ N et supposer d ∈ Dcusp(G)ν. Notons X l’ensemble des restrictions `a AG(F )c de caract`eres mod´er´ement ramifi´es de AG(F ). Pour G′ ∈ E(G), cet ensemble s’identifie `a celui des restrictions `a AG′
1(F )cde caract`eres mod´er´ement ramifi´es de AG′ 1(F ) qui co¨ıncident avec λ1sur AG′
1(F )∩C1(F ) : `a ξ ∈ X , on associe d’abord l’image r´eciproque de ξ par la surjection AG′
1(F )c → AG(F )c, puis le produit ξG′
de ce caract`ere par la restriction de ζ1 `a AG′
1(F )c. Ainsi, comme dans le paragraphe pr´ec´edent, on associe `a d, resp. dG′
, des composantes dξ, resp. dG′
ξG′, pour ξ ∈ X . La famille ((dG′
)G′∈E(G), d) v´erifie l’hypoth`ese ou la conclusion de la proposition si et seulement si chaque famille ((dG′
ξG′)G′∈E(G), dξ) les v´erifie. On peut fixer ξ ∈ X et supposer que d = dξ et dG′
= dG′
ξG′
pour tout G′. Prolongeons ξ en un caract`ere unitaire de AG(F ), qui s’identifie comme ci-dessus pour tout G′ `a un caract`ere ξG′
de AG′
1(F ) dont la restriction `a AG′
1(F )∩C1(F ) co¨ıncide avec la restriction de λ1. On construit un ´el´ement d ∈ Dcusp,ξ(G) comme dans le paragraphe pr´ec´edent et de fa¸con similaire des ´el´ements dG′
∈ Dcusp,λ1,ξG′(G′1). La famille ((dG′)G′∈E(G), d) v´erifie l’hypoth`ese ou la conclusion de la proposition si et seulement si la famille ((dG′
)G′∈E(G), d) les v´erifient. En r´esum´e, on peut fixer un caract`ere unitaire ξ de AG(F ), qui d´etermine pour tout G′ un tel caract`ere ξG′
de AG′
1(F ), et supposer d ∈ Dcusp,ξ(G) et dG′
∈ Dcusp,λ1,ξG′(G′
1) pour tout G′.
A ce point, on peut simplifier le probl`eme en se ramenant au cas o`u une unique donn´ee G′ intervient. Pour cela, on introduit la repr´esentation π ∈ C[Ell(G)0
ξ] telle que ∆cusp(π) = d. On utilise la d´ecomposition (1) de 7.6 et on ´ecrit conform´ement π = P
G′∈E(G)πG′. On sait que πG′ v´erifie les mˆemes propri´et´es que π d’apr`es la proposition 7.6. On note dG′ = ∆cusp(πG′). On a d =P
G′dG′. On voit que si ((dG′
)G′∈E(G), d) v´erifie l’hypoth`ese de l’´enonc´e, alors, pour tout G′ ∈ E(G), DG[dG′] co¨ıncide sur Gell(F ) avec transf ert(DG′
1[dG′
]). Inversement, si DG[dG′] = transf ert(DG′ 1[dG′
]) pour tout G′, la conclusion de l’´enonc´e est v´erifi´ee. Cela nous ram`ene au cas o`u la famille (dG′
)G′∈E(G) a au plus une composante non nulle. On note d´esormais G′ l’indice de cette composante et on note (d′, d) ∈ Dcusp,λ1;ξ′(G′1)st× Dcusp,ξ(G) le couple auquel se r´eduisent les donn´ees de d´epart.
On introduit la repr´esentation π ∈ C[Ell(G)0
ξ] telle que ∆π,cusp= d et la repr´esentation π′ ∈ C[Ell(G′
1)0
λ1,ξ′]st telle que ∆G′1
π′,cusp = d′. Alors, d’apr`es 6.3 (1), Θπ co¨ıncide avec Θtransf ert(π′) sur les elliptiques. D’apr`es [3] th´eor`eme 6.2, π = transf ert(π′). Soit P ∈ P(M). D’apr`es 6.3 (1), le lemme 8.4 entraˆıne que DM[∆M
πP,cusp] co¨ıncide sur Mell(F ) avec
(3) X M′∈LG′ min,G−rel;M′7→M |WG′(M′)|−1 X w∈WG(M ) w−1◦ transf ert(DM1′[∆M1′ π′ P ′ w(P ) ,cusp]).
Remarquons que, pour M′ et w intervenant ci-dessus, on peut transformer la donn´ee endoscopique M′ de M en une donn´ee w−1(M′). Le terme que l’on somme peut se r´ecrire transf ert(Dw−1(M′
1)[dw−1(M′
1)]) pour un ´el´ement convenable dw−1(M′
1) ∈ Dcusp,w−1(λ1)(w−1(M1′)). C’est-`a-dire que la somme (3) est de la mˆeme forme que celle qui intervient dans l’´enonc´e de la proposition. Supposons M 6= G. En raisonnant par r´ecurrence, on suppose notre proposition prouv´ee pour M. Alors DM[∆M
πP,cusp] est ´egal `a (3). Pour un couple (x′1, x) ∈ G′
seulement si x′1 est compact mod Z(G′1) : cela parce que Z(G)(F ) est un sous-groupe de Z(G′)(F ) d’indice fini. Restreindre DM[∆M
πP,cusp] `a M(F ) ∩ Gcomp(F ) ´equivaut `a res-treindre chaque terme de (3) index´e par M′ `a M′(F ) ∩ G′
1,comp(F ). Apr`es restriction `a M(F ) ∩ Gcomp(F ), on sait que le terme ∆M
πP,cusp ne d´epend plus de P . Il en est de mˆeme des termes intervenant dans (3). On obtient que DM[∆M
πM,cusp,G−comp] est ´egal `a X M′∈LG′ min,G−rel;M′7→M |WG′(M′)|−1 X w∈WG(M ) w−1◦ transf ert(DM1′[∆M1′ π′ M ′,cusp,G′ 1−comp]).
Induisons `a G. Evidemment, l’induction est insensible `a la torsion par un ´el´ement de WG. Les w disparaissent de la formule et la somme en w est remplac´ee par la multiplication par |WG(M)|. D’autre part, l’induction commute au transfert. On obtient
(4) DG[∆MπM,cusp,G−comp] = X M′∈LG′ min,G−rel;M′7→M |WG′ (M′)|−1|WG(M)| transf ert(DG′1[∆M1′ π′ M ′,cusp,G′ 1−comp]). On utilise l’´egalit´e 6.3 (2) qui peut se r´ecrire
DG[d] = Θπ|Gcomp(F )− X
M ∈Lmin,M 6=G
|WG(M)|−1DG[∆MπM,cusp,G−comp],
o`u Θπ|Gcomp(F ) est la restriction de Θπ `a Gcomp(F ). En utilisant (4), on obtient DG[d] = Θπ|Gcomp(F )− X M ∈Lmin,M 6=G X M′∈LG′ min,G−rel;M′7→M |WG′ (M′)|−1transf ert(DG′1[∆M1′ π′ M ′,cusp,G′ 1−comp]) = Θπ|Gcomp(F )− X M′∈LG′ min,G−rel;M′6=G′ |WG′ (M′)|−1transf ert(DG′1[∆M1′ π′ M ′,cusp,G′ 1−comp]). On peut remplacer l’ensemble de sommation LGmin,G−rel′ par LGmin′ : pour un Levi non relevant, le terme que l’on somme est nul. En utilisant de nouveau 6.3 (2) cette fois dans G′1, on obtient
DG[d] = Θπ|Gcomp(F )+ transf ert(DG′1[d′] − Θπ′|G′
1,comp(F )).
On a d´ej`a dit que, grˆace `a Arthur, on avait π = transf ert(π′) donc les termes Θπ|Gcomp(F )
et transf ert(Θπ′|G′
1,comp(F )) disparaissent. D’o`u
DG[d] = transf ert(DG′1[d′]), ce qu’il fallait d´emontrer.
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