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Les espèces Candida en cause dans les candidémies (4, 8, 9)

I. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES SUR LES CANDIDEMIES

B. Caractéristiques générales des Candida (4,5)

2. Les espèces Candida en cause dans les candidémies (4, 8, 9)

Les Candida peuvent produire une grande variété d'infections, allant des infections légères mucocutanées aux infections invasives affectant un organe. Sur les quelques 200 espèces que compte le genre Candida, Candia albicans est l’espèce la plus pathogène et la plus fréquente. En effet entre 50 % et 75 % des candidoses sont dues à Candida albicans, mais dans les dix dernières années, il est apparu une émergence de souches de Candida non albicans, augmentée de façon importante pour atteindre jusqu’à 70 % des souches isolées.

Il existe plusieurs espèces de Candida impliquées en pathologie humaine (Tableau 1). Mais dans ce travail, nous nous limiterons uniquement à l’étude des principales espèces souvent isolées en cas de candidémies: Candida

albicans, Candida glabrata, Candida tropicalis, Candida parapsilosis, Candida krusei et Candida lusitaniae.

a. Candida albicans (10, 11, 12)

Candida albicans est la principale levure impliquée en pathologie humaine.

Elle est commensale, habituellement présente sur les muqueuses orales, gastro-intestinales, vaginales et parfois sur la peau de l’homme. Elle représente plus de 60% de toutes les levures isolées chez l’homme. Au microscope, elle prend une forme ovalaire ou ronde. Sa culture donne des colonies qui sont grandes, rondes, de couleur blanche crémeuse et lisses. Son mode de multiplication est principalement de type asexué assuré par bourgeonnement de la blastospore à un pôle particulier de la cellule. Il mesure 3 à 6 µm de diamètre. C'est une levure diploïde, possède 8 paires de chromosomes.

Figure 2 : Multiplication par bourgeonnement de Candida albicans (13).

b. Candida tropicalis (10, 11, 14)

Fréquemment isolée dans la nature (sol, végétaux, eau….), cette levure est retrouvée également dans le tube digestif et les voies urinaires de l'homme. Elle est restée longtemps la deuxième en importance après Candida albicans. Sauf qu'elle est actuellement suppléée par d'autres espèces.

Son rôle pathogène est important, elle est plus invasive et responsable d’infections disséminées. Elle représente 10% des isolats. Elle a une forme variable, ronde à allongée

Sur l'agar de dextrose de Sabouraud, les colonies de Candida tropicalis sont blanches, crémeuses, lisses, ou plissées. Une fois développées en bouillon de Sabouraud, elles peuvent produire des bulles ainsi qu'un film extérieur mince.

Elles produisent des blastospores ovales le long des pseudo-hyphes. Ces blastospores peuvent apparaître séparément ou dans des faisceaux. Les pseudo-hyphes s'embranchent abondamment.

Candida tropicalis est une levure de forme variable ronde à allongée, de 6

à 10 µm de long sur 5 à 7 µm de large, souvent associée à du pseudomycélium, avec parfois la présence de vrai mycélium.

Figure 3 : Aspect microscopique de Candida tropicalis.

Présence de multibranches de pseudo-hyphes avec des blastoconidies formées séparément ou dans des chaines le long des pseudo-hyphes.

c. Candida glabrata (10, 11, 15)

Egalement appelée Torulopsis glabrata. Cette levure représente actuellement la deuxième ou la troisième en importance après Candida albicans, selon les études. Elle occupe une place très importante en pathologie humaine.

Rarement isolée dans la nature, elle est retrouvée fréquemment au niveau des muqueuses génitales. Il s'agit d'une levure saprophyte, commensale des voies génito-urinaires. Retrouvée particulièrement chez les femmes, elle est responsable de véritables vaginites.

L'un des facteurs qui contribue à l'augmentation de son incidence est sa résistance de plus en plus fréquente aux antifongiques (fluconazole), nécessitant un traitement à dose élevée. Elle représente actuellement 10 à 20 % des isolats.

Candida glabrata possède pratiquement les mêmes caractères macroscopiques que Candida albicans. Les colonies sont petites, pâteuses, blanches, crémeuses, plates et brillantes.

Au microscopie, les levures sont séparées, ovoïde, de très petite taille mesurant (2-3) × (3-4) µm, qui ne filamentent pas. Elles produisent de minuscules faisceaux de blastospores, ovales, bourgeonnants. L’absence des pseudo-hyphes est très typique.

Figure 4: Morphologie microscopique de Candida glabrata.

Présence de blastoconidies rondes à ovales. Absence des hyphes et des pseudo-hyphes.

(http://www.medmicro.wisc.edu/resources/imagelib/mycology/images/c_glabrata.htm l)

d. Candida parapsilosis (10)

C'est un saprophyte de la peau. Il est responsable de mycoses cutanées et d'onyxis. Il représente 5% des isolats. Il est moins invasif et souvent associé aux infections de cathéter. En effet, il contamine très facilement les cathéters et peut se fixer dans les matières plastiques et de là, ensemencer le sang.

Candida parapsilosis est une levure polymorphe ronde et ovale, parfois

cylindrique, mesurant (3-4) x (3-7) µm.

Sur le milieu de Sabouraud, les colonies sont blanches, crémeuses, brillantes et lisses. Cette levure produit des blastospores situés le long des pseudo-hyphes.

Figure 5 : Morphologie microscopique de Candida parapsilosis

Présence de pseudo-hyphes courts parfois légèrement incurvés avec des blastoconidies rondes à ovales.

(http://www.medmicro.wisc.edu/resources/imagelib/mycology/images/c_parapsilosis. html)

e. Candida krusei: (Forme sexuée: Issatchenkia orientalis) (16,17)

C'est une levure d'origine alimentaire, elle peut être isolée dans divers aliments (produits laitiers, bière, jus de raisin). Elle se retrouve chez les mammifères, les oiseaux mais également chez l'homme, sur la peau et dans le tube digestif.

Candida krusei est un pathogène du tube digestif de l'homme, responsable

de septicémies et de beaucoup de cas d'infections mortelles, spécialement chez les immunodéprimés.

L'incidence croissante de cette levure est due à sa résistance aux antifongiques triazolés (fluconazole). Cette levure a été récemment impliquée dans des maladies disséminées chez des patients recevant la capsofungine.

Les colonies de Candida krusei sont blanches, planes, très sèches, parfois plissées. Au microscope, les levures sont allongées, ovoïdes ou même cylindriques, mesurant (3-6) x (5-12) µm. Ces levures sont souvent associées à du pseudomycélium épais avec de rares blastospores allongées.

Figure 6: Présence de pseudohyphes longs en branches avec des blastoconidies. (http://www.medmicro.wisc.edu/resources/imagelib/mycology/images/c_krusei.html)

f. Candida lusitaniae (18)

Candida lusitaniae est une levure de la flore normale de la peau, de

l’appareil génito-urinaire et de l’appareil respiratoire de l’homme. Initialement, cette levure a été isolée du tractus digestif des animaux à sang chaud. Ce

Candida est essentiellement responsable d’infections viscérales profondes. De

forme ronde à allongée et d’aspect blanc, lisse et crémeux, cette levure est brillante sur la gélose. Elles sont parfois associées à un fin pseudomycélium. Cette levure est connue pour sa résistance à l’amphotéricine B.

Figure 7 : Morphologie microscopique de Candida lusitaniae.

Présence de pseudo-filaments.

g. Nouvelles espèces Candida non albicans (19, 20).

-Une nouvelle espèce de Candida ayant des caractéristiques phénotypiques similaires à celles de Candida albicans a été identifiée en 1995 et a été nommée

Candida dubliniensis. La majorité des isolats de Candida dubliniensis a été

découverte au niveau de la cavité buccale des sujets infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Cependant, cette espèce a été isolée récemment au niveau d’autres sites incluant le poumon, le vagin, le sang… aussi bien chez des sujets infectés par le virus VIH que des sujets non infectés par ce virus.

-Récemment, Candida bracarensis et Candida nivariensis, deux espèces proches de Candida glabrata, ont été individualisées. Candida bracarensis semble avoir été au préalable confondu avec Candida glabrata, elle est par ailleurs résistante in vitro aux azolés. Quant au Candida nivariensis a été isolée en 2005 chez 3 patients espagnols. Pour Candida parapsilosis, celle-ci était en réalité un complexe d’espèces récemment mis en évidence. Le groupe 1 correspond à Candida parapsilosis sensu stricto, le groupe 2 à Candida

Tableau 1: Principales espèces de Candida impliquées en pathologie

humaine(4).

Espèce Fréquence Etat saprophyte Manifestations cliniques Remarques Candida albicans Candida glabrata Candida parapsilosis Candida tropicalis Candida krusei Candida guilliermondii +++ ++ ++ ++ ++ + Tube digestif Tube digestif Voies génito-urinaires Peau

Sol, végétaux, eau

Produits laitiers, Bière Produits alimentaires Candidoses cutanéomuqueuses Candidoses digestives et urinaires Candidémies, candidoses Systémiques Vaginites Candidoses urinaires Candidémies, candidoses Systémiques Candidémies, infections liées

aux cathéters, solutions contaminées Endocardite du toxicomane Vaginites Candidémies, candidoses Systémiques Vaginites ,Candidémies Endocardites Candidoses systémiques Plus fréquent en cancérologie Souches résistantes au Fluconazole Fréquemment en cause dans les candidémies du nouveau-né Plus fréquent en Oncohématologie Résistance au fluconazole

Candida kefyr Candida lusitaniae Candida dubliniensis Candida rugosa Candida norvegensis Candida zeylanoides Candida lipolytica Candida famata + + + + + + + + Produits laitiers Tube digestif d’animaux Eau Produits laitiers Aliments Peau Milieu extérieur (air) Candidoses systémiques Candidémies Candidoses systémiques

Candidoses orales chez des

patients infectés par le VIH*

Candidémies

Candidémies liées aux Cathéters

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Candidémies

Candidémies liées aux Cathéters Candidémies Sensibilité moindre et résistance à l’amphotéricine B Souches résistantes au Fluconazole

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