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Epidémiologie

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1. Répartition, prévalence

HHV-6 est en général considéré comme un virus ubiquitaire présent dans la grande majorité de population adulte. La séroprévalence d’HHV-6 est en effet supérieure à 90% dans la majeure partie du monde (Braun et al., 1997). La détection de l’ADN par PCR dans les PBMC a permis dans certaines études de déterminer quelle espèce (A ou B) d’HHV-6 est présente. HHV-6B est ainsi fréquemment détecté dans les PBMC, contrairement à HHV-6A (Aberle et al., 1996; Di Luca et al., 1994). Les tests sérologiques disponibles pour les études épidémiologiques n’étant pas discriminants entre les espèces A et B, il est difficile de déterminer avec certitude la prévalence de chacune des espèces d’HHV-6. Récemment, des tests sérologiques permettant de différencier HHV-6A et HHV-6B ont été développés (Burbelo et al., 2012; Thäder-Voigt et al., 2011). Les résultats obtenus grâce à ces tests montrent une prédominance d’HHV-6B, avec une séroprévalence d’environ 85%, par rapport à HHV-6A, dont la séroprévalence est inférieure à 10%. Il apparaît cependant que l’infection par HHV-6A pourrait être plus fréquente dans certaines régions. La séroprévalence pour HHV-6A est par exemple nettement plus élevée au Mali qu’aux Etats-Unis (48% contre <10%) (Burbelo et al., 2012). L’infection par HHV-6B serait donc largement répandue dans le monde, tandis que l’infection par HHV-6A serait plus restreinte (tableau 1).

2. Infection primaire

La roséole, ou exanthem subitum, est une maladie infantile commune, décrite pour la première fois en 1910. Elle consiste principalement en une rapide montée de fièvre durant quelques jours, suivie d’une éruption cutanée. D’autres symptômes, tels que diarrhées, toux ou gonflement des ganglions lymphatiques peuvent s’y ajouter, mais la maladie reste bénigne dans la majorité des cas.

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Tableau 1. Prévalence chez l’adulte des différents herpèsvirus humains et maladies associées (adapté d’après Agut, 2011a).

Chez les sujets immunocompétents

Chez les sujets

immunodéprimés Chez les nouveau-nés

HSV-1 (HHV-1) ~70%

Herpès labial, herpès cutané, conjonctivite, gingivostomatite Herpès cutanéo- muqueux, atteintes viscérales Herpès néonatal

HSV-2 (HHV-2) ~20% Herpès génital, herpès

cutané, méningite

Herpès cutanéo- muqueux, atteintes

viscérales

Herpès néonatal

VZV (HHV-3) >90% Varicelle, zona Varicelle maligne, zona

généralisé Varicelle néo-natale

HCMV (HHV-5) ~50% Fièvre, syndrome mononucléosique, hépatite Pneumopathie, rétinite, encéphalite, colite infection congénitale symptomatique HHV-6A ? syndrome

mononucléosique? Encéphalite, hépatite ?

HHV-6B >90% syndrome

mononucléosique? Encéphalite, hépatite

Roséole infantile (exanthem subitum ) HHV-7 >90% ? ? ? EBV (HHV-4) >90% Mononucléose infectieuse, hépatite syndrome lymphoprolifératif ? KSV (HHV-8) <5% syndrome mononucléosique maladie de Kaposi, lymphome des séreuses,

maladie de Castelman ? α -h e rp e svi ri n ae β -h e rp e svi ri n ae γ- h e rp e svi ri n ae Maladies associées

Nom Prévalence dans la

39 En 1988, HHV-6 a été identifié par Yamanishi et al. comme l’agent infectieux responsable de cette maladie (Yamanishi et al., 1988). Des PBMC de patients souffrant de roséole ont été prélevées pendant la phase fébrile et cultivées pendant plusieurs jours jusqu’à l’apparition d’effets cytopathiques. Des observations en microscopie électronique ont confirmé la présence de particules virales typiques d’herpèsvirus, et les analyses sérologiques ont indiqué une réactivité antigénique contre HHV-6B (souche Z29). En 1993, une étude menée sur de jeunes enfants aux Etats-Unis a montré que le virus HHV-6B, et non HHV-6A, était responsable de la majorité des infections primaires symptomatiques (Dewhurst et al., 1993). L’infection primaire par HHV-6B se déroule généralement chez les enfants avant l’âge de deux ans (Ward, 2005). Cependant, il peut arriver qu’elle soit plus tardive, et peut dans ce cas causer des maladies de type mononucléose (Akashi et al., 1993) (tableau 1).

L’âge de primo-infection par HHV-6A n’a pas été déterminé avec précision. Pour cause, l’infection primaire par ce virus est le plus souvent asymptomatique. Quelques cas d’infection par HHV-6A ont cependant été rapportés et décrivent des signes cliniques similaires à ceux causés par HHV-6B (Hidaka et al., 1997).

3. Persistance virale chez l’adulte

Après l’infection primaire, le virus est disséminé dans l’organisme et semble pouvoir persister dans différents organes (figure 7). Bien qu’HHV-6A et HHV-6B n’aient pu être isolé qu’à partir de cellules sanguines, en particulier à partir des lymphocytes CD4+ (Takahashi et al., 1989), les tissus dans lesquels il est possible de détecter la présence d’ADN in vivo sont plus variés. En effet, l’ADN viral peut être détecté dans le sang, principalement dans les monocytes, les macrophages (Kondo et al., 1991) et les lymphocytes, mais aussi dans les ganglions lymphatiques, les reins (Kurata et al., 1990), le foie (Härmä et al., 2003), les poumons (Cone et al., 1996), la thyroïde (Caselli et al., 2012) ou encore le cerveau (détaillé dans la partie 2.C.1.). Comme les autres herpèsvirus, HHV-6A et HHV-6B établissent une persistance à long terme dans leurs hôtes. Dans le cas d’HHV-6B, il est probable que deux types de persistance virale aient lieu au sein d’un même individu. Tout d’abord, les monocytes/macrophages sont un site potentiel de latence moléculaire vraie, avec une persistance de l’ADN viral sans réplication et sans expression des gènes viraux, excepté certains gènes de latence (Kondo et al., 1991). D’autre part, HHV-6B semble établir une infection réplicative chronique dans les glandes salivaires. Il est fréquemment retrouvé dans la salive (Aberle et al., 1996), et cette sécrétion constituerait une voie de transmission horizontale du virus (Clark, 2000). Dans le cas d’HHV-6A, les mécanismes de persistance

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Figure 7. Infection par HHV-6A et HHV-6B, principaux sites d’infection et maladies associées. Le virus HHV-6B est transmis par contacts rapprochés (salive). Suite à la primo

infection, HHV-6A (rouge) et HHV-6B (bleu) sont disséminés dans différents organes. Lors de complications de l’infection primaire, ou de réactivation virale, différents symptômes et maladies peuvent être développés, selon le site d’infection (flèches violettes).

41 virale sont moins clairs. HHV-6A est très rarement retrouvé dans la salive (Aberle et al., 1996), et son mode de transmission n’a pas encore été élucidé.

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