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CHAPITRE I : les aspects historiques de la ville de Constantine : le

A. Muraille ou rempart:

I. 4 5 Environs et banlieue de Constantine

Les environs de la ville étaient occupés par deux grands faubourgs, l’un sur les pentes du Koudiat, l’autre sur le plateau d’El-Kantara. De plus, un gros bourg existait à Sidi-Mabrouk. Dans tout le pourtour de la banlieue s’étaient créés un grand nombre de villages devenus peu à peu des bourgs (pagi) dépendant de la confédération cirtéenne, qui les administrait par des délégués. Ces bourgs reçurent une véritable émancipation municipale et formèrent de petites colonies après la dissolution de la confédération cirtéenne, à la fin du IIIe siècle.

A environ vingt kilomètres au nord, c’est-à-dire à l’endroit où la vallée barrée par un massif rocheux force la rivière à s’enfoncer dans les gorges du Kheneg, se trouvait une importante agglomération étagée, principalement sur les pentes de la rive droite.

C’était Tiddi, ou Calda (Respublica Tidditanorum), où la famille des Lolius (dont le monument funéraire s’élève à quelques kilomètres à l’est), exerçait une action prépondérante. La voie qui y conduisait passait par les localités appelées maintenant Châbet el Medbouh et Oum-Hadidane.

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Tiddis, Castellum Tidditanorum :

Légende :

1 - Groupe de bazinas 13 - Petits thermes 25 - Rempart préromain

2 - Grande bazina circulaire 14 - Château d'eau 26 - Grande huilerie transformée

3 - Porte Nord Romaine 15 - Grotte 27 - Groupe de fours de potiers

4 - Chapelle chrétienne 16 - Sanctuaire rupestre 28 - Porte du rempart préromain

5 - Sanctuaire de Mitra 17 - Sanctuaire 29 - Temple

6 - Baptistère 18 - Sanctuaire de Cereres 30 - Groupe de cuves de potiers

7 - Les deux arcs au pied du forum 19 - Tour de défense de base époque 31 - Grands thermes

8 - Forum 20 - Grande maison collégiale 32 - Grotte chaude

9 - Fours de potiers 21 - Salle renfermant une faille profonde 33 - Sanctuaire du sommet

10 - Grotte près du forum 22 - Rocher de Vesta 34 - Sanctuaire

11 - Maisons taillées dans le roc 23 - Escalier, tronçon de la voie décumane 35 - Sanctuaire à abside 12 - Accès au sanctuaire rupestre 24 - Grande villa à mosaïques

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Tiddis ou Le Castellum Tidditanorum est une ville satellite chargée d'assurer la protection de Constantine à l'époque romaine, elle se trouve au nord-ouest de Constantine, à moins de 20 kilomètres à vol d'oiseau, c’est une acropole situé sur un rocher, un plateau bordé de falaises sur trois côtés, accessible seulement à l'Est par une pente, il y a en effet une grande similitude entre ce site et celui de Constantine d’où l’appellation des indigènes : " Ksentina-El-Kdima " (Constantine l'ancienne).

Figure 54: situation de Tiddis source : carte routière Michelin

Ce sont maintenant des ruines auxquelles on accède par une route récemment construite.

En tenant compte de la diversité du relief, on peut distinguer trois secteurs : le premier étagé sur le versant oriental, le second occupant le plateau et le troisième situé au pied de la falaise Sud.

Le site en plan incliné –où les fouilles les plus importantes ont eu lieu- est divisé en deux parties par un mur qui, partant du point le plus élevé (Ras El Dar) suit une direction Nord- Sud. C’est une partie de l’enceinte qui entoure le plateau.

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85 La porte :

L’accès à l'intérieur de la ville se fait par Une porte imposante en arc dont les deux piliers, encore bien conservés, de forme rectangulaire, avec base moulurée, laissent voir les gonds et les attaches des deux battants qui fermaient la porte. L'entablement portait une inscription des deux côtés (ville/faubourg): "C. Memmius, fils de Publius, de la tribu Quirina Rogatus a fait à ses frais l'arc avec ses vantaux "

Figure 56: La porte de Tiddis source: El Watan - 17 mai 2014 Cardo/Décumane :

Au seuil de la porte, la voie s'embellit d'un magnifique dallage d’une longueur de cent mètres. Cette rue de 3.60m de largeur, se prolonge en lacet, Ce tronçon, est orienté Nord-Sud, ce qui indique que c’est le cardo (voie principale) de Tiddis.

Cette voie mène à une place surplombant la ville qui desservait le marché, se prolonge ensuite vers un carrefour constitué de deux arcs (orienté Nord et Est) elle donne naissance à une rue secondaire-sur le même axe- desservant des quartiers d’habitations et le rocher de Vesta, puis prend la direction Sud-Nord, se frayant un passage à travers le rocher.

La zone ou fut implanté ce castellum romain est fort montagneuse, l’urbanisation du site dût en tenir compte, ce qui a interdit un tracé rectiligne du cardo qui comporte de nombreuses méandre. Le décumane n’a jamais pu être achevé, il se termine par un escalier menant à la

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partie haute du bourg et finit par un cul de sac, il ne débouche donc pas directement sur le forum situé plus haut.

Figure 57: Plan schématique de Tiddis source: A.Bouchareb

A cause du relief que présentait le site, le tracé régulier ou se croise le cardo et le décumanus n’était pas réalisable, les romains étaient contraints de s’adapter aux établissements humains préexistant leur installation,

Les deux arcs légèrement en contrebas du forum, indiquaient le cardo (suivant l’arc Nord/Sud et le Décumanus (l’arc Est/oust). Le Décumanus à Tiddis est présent quant à lui d’une manière symbolique. Il se matérialise dans l’escalier contigu au forum (du Côté Nord) et dont nous retrouvons un second tronçon plus bas. Cette « rue escalier » est l’unique voie praticable qui coupe la pente dans le sens transversale tout en maintenant son orientation Est/ouest. « Ce modèle recourait au symbolisme en cas de contrariété du site »69.

87 L’eau :

Le problème de l’eau a dû se poser dès lors qu’une population y a vécu. Les ingénieurs romains ont su faire preuve de génie en matière de captage et d’adduction des eaux de ruissellement : un système de récupération des eaux pluviales permet de les collecter ensuite à la fois dans un énorme château d’eau d’une capacité de 350 m³ (datant du IIIème siècle) composé de trois citernes contiguës et communicantes, et dans d’autres citernes (on en a dénombré plus d’une cinquantaine); en pratiquant de grandes entailles à même la montagne dont les escarpements rocheux ont également servi d’habitat troglodyte. Ces réserves alimentaient aussi bien les habitants que des deux thermes.

Figure 58: château d’eau source: Photos de Michel Fournel en 1970 Le marché :

Il se trouve à l’extérieur du village et se matérialise en ce moment par une base rectangulaire brisée en haut qui porte l'inscription: " ...un marché se tiendra au castellum des Tidditains, la veille des calendes et la veille des ides de chaque mois avec l'autorisation de Publias Julius Julianus Martialianus, légat propréteur de l'Empereur..." cette inscription nous renseigne sur son existence, on y voit aussi la dédicace d'un temple à la fortune, dispensatrice des richesses,

ce qui en indique l’importance.

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un coup les paysans des alentours pouvaient y écouler leur petite production, la fois suivante étant réservée aux ventes provenant de plus grands domaines fermiers.

Le forum:

C’est une esplanade de 30 m de long et 10 m de large, très petit Comparé aux autres places des villes africaines, à l’ouest s'ouvrent trois salles contiguës creusées dans le rocher, leur porte unique tournée vers l'Est, La salle du centre est la mieux conservée elle était réservée au conseil municipal de l’époque, alors que celle de l’extrémité sud, semble être un temple dédié à la Fortune. Un socle de statue était dédié à Julius Civilis qui, entre autres fonctions, avait été " Préfet de la Jeunesse de Cirta"

Au Sud de l'esplanade du forum, un escalier permet de monter à une terrasse, où l'on rencontre d'abord un monument sans porte. Dans la partie opposée au départ de cette plate- forme, un édifice semble avoir été un sanctuaire construit au-dessus du forum et près d'une grotte taillée.

Sanctuaires :

Si Tiddis a été surtout une place forte il fallait reconnaître l'intérêt exceptionnel de l'acropole religieuse.

En effet, La petite cité semble avoir abrité de nombreuses communautés religieuses; ayant différents sanctuaires tel que le sanctuaire de Mithrae, un temple de Vesta, un sanctuaire des Cereres, tandis que le haut lieu semble avoir été consacré à de vieilles divinités africaines remplacées par Saturne à l'époque romaine.

Poterie :

Un important quartier de potiers a été découvert tel qu'il existait au moyen âge, avec de nombreuses installations des cuves et de fours. Des découvertes de vases et d’autres ustensiles ont été datées du IIIème Siècle av. J-Ch. Ce qui indique que cette industrie était bien antérieure à l’arrivée des romains.

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Figure 59: bac de potier source: Photos de Michel Fournel en 1970

André Berthier a consacré à Tiddis « la belle à la montagne dormant » plus d’un demi-siècle, en reconnut l’implantation, en dégagea les principaux monuments et réussit à en reconstituer l’histoire, des premières bazinas-dolmens au Moyen Âge islamique. Il y a découvert une richesse monumentale : dolmens, bazinas du versant occidental du plateau, et témoins fatimides d’une renaissance économique au Xe siècle. Une archéologie, d’abord mégalithique, puis phénicienne et punique, puis romaine et grecque, puis chrétienne, enfin musulmane, retrace plus de mille ans d’histoire d’une cité qui était un haut-lieu consacré à Baal, et qui devint, sous l’empire romain, un castellum dont l’importance n’est pas apparue qu’au fur et à mesure des recherches et des découverts.

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