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7. Méthodologie

7.2. Entretiens

L’entretien, procédé très utilisé dans les recherches en sciences sociales, s’appuie sur un ensemble de conversations durant lesquelles les propos de l’enquêté·e mais également ses comportements sont observés et utilisés lors de l’analyse.

7.2.1. L’entretien clinique

L’entretien clinique est souvent dissocié de l’entretien de recherche. En effet, l’entretien de recherche « a pour but principal de produire des connaissances sur l’objet d’étude en jeu » (Salazar-Orvig et Grossen, 2008) alors que dans son acception première, l’entretien clinique vise à poser un diagnostic et à envisager un traitement en réponse. Le terme « clinique » venant

29 du milieu médical, on comprend alors que lui est toujours associée la notion de pathologie, et donc de traitement.

Pourtant, comme le rappelle Yelnik (2005) dans L’entretien clinique de recherche en sciences de l’éducation, le terme « clinique » renvoie également à la démarche clinique qui n’est autre qu’un mode de connaissances. Cette démarche se base en effet sur le vécu du sujet pour entrer en profondeur dans son psychisme et ainsi comprendre les mécanismes inconscients qui dictent ses comportements et pratiques. Il s’agit bien là de l’établissement de connaissances. Cela se retrouve d’ailleurs dans l’une des dimensions mises en place par Legrand et évoquées plus tôt : le singulier et l’universel. La démarche clinique requiert en effet de s’intéresser à la singularité du sujet, mais les interprétations qui en seront tirées peuvent conduire sur le chemin d’une connaissance plus globale, celle de l’universel.

7.2.2. L’entretien clinique de recherche

L’entretien clinique de recherche est un dialogue plus ou moins dirigé par le·la chercheur·euse. Dans son article, Yelnik se propose de présenter les principales dimensions de l’entretien clinique de recherche. Trois grandes dimensions sont ainsi mises en avant :

• L’implication : l’entretien clinique de recherche nécessite de mettre le sujet dans une situation de communication dans laquelle il se sentira libre de s’exprimer. Dans la plupart des cas, le·la chercheur·euse formule une consigne et laisse ensuite le sujet s’exprimer librement, intervenant quand cela lui semble nécessaire. Cet échange qui s’installe entre ces deux individus découle alors de ce que Yelnik appelle « une rencontre interhumaine ». Dans toutes les interactions entre deux personnes ou plus, l’auteure nous rappelle que des mécanismes inconscients sont à l’œuvre, elle cite par exemple les processus de projection et de demande de reconnaissance. L’entretien clinique de recherche n’échappe pas à cela. C’est là que les concepts de « transfert » et de « contre-transfert » énoncés par Freud interviennent. Ce dernier plaçait le « contre-transfert » du côté du sujet et le « contre-transfert » du côté du·de la chercheur·euse. Mais il apparaît que dans une situation d’entretien cette relation aille dans les deux sens. Ainsi, « les mouvements psychiques chez l’un ne sont pas seulement des réactions à ceux de l’autre », (Yelnik, 2005). L’entretien clinique de recherche semble donc être une situation particulière dans laquelle l’implication du·de la chercheur·euse est spécifique. Au-delà des caractéristiques et des intentions qui seront attribuées à l’autre sans pour

30 autant être une réponse à ses comportements, le choix d’une question de recherche est dicté par des enjeux parfois inconscients. Ainsi, le·la chercheur·euse s’engage affectivement dans son objet de recherche et cela peut impacter sur le transfert. La difficulté de l’entretien clinique de recherche réside donc dans l’implication du·de la chercheur·euse. Une part de subjectivité sera présente, l’important est d’être en mesure de s’en rendre compte afin de mettre ses propres représentations à distance.

• La distance : le but de l’entretien clinique de recherche étant de recueillir la parole du sujet aussi brute que possible, de recueillir une parole vraie, le·la chercheur·euse doit être vigilant·e face à son degré d’implication afin de ne pas fausser les paroles de son sujet. Pour se faire, Yelnik présente les « règles élémentaires » :

▪ éviter les relations entre chercheur·euse et sujet en dehors des moments d’entretien ;

▪ le·la chercheur·euse ne doit pas faire partie de l’entourage de l’enquêté·e ; ▪ permettre au sujet de parler librement en lui garantissant la confidentialité des

informations qu’il donnera (anonymat des personnes, des lieux, demande d’accord pour l’enregistrement audio, etc.) ;

▪ le·la chercheur·euse se doit de s’en tenir aux informations fournies par l’enquêté·e et ne doit donc pas tenter de les vérifier.

• Conduite et posture : « La relation interviewer/interviewé est dissymétrique : elle n’implique ni échange ni réciprocité », (Yelnik, 2005). Dans le cadre d’un entretien clinique de recherche, le·la chercheur·euse se doit de s’effacer afin d’être concentré·e sur l’écoute. Cela permet également au sujet de livrer ses pensées telles qu’elles viennent, sans les trier. Pour se faire, le·la chercheur·euse ne doit pas diriger l’entretien avec des questions pré-établies mais plutôt laisser les paroles de l’enquêté·e évoluer au gré de ses pensées. De plus, l’interviewer·euse ne doit en aucun cas faire part de ses propres représentations. Le·la chercheur·euse doit donc se dégager de ses idées préconçues afin d’offrir à son sujet une écoute ouverte et neutre. « En résumé, il [le chercheur] fait preuve de réserve, discrétion et respect », (Jacobi in Yelnik, 2005). Afin de parvenir à maintenir cette posture, le type d’entretien recommandé est donc l’entretien non-directif. En effet, ce dernier fonctionne sur un principe de libre expression de l’enquêté·e.

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