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4. CHAPITRE MÉTHODOLOGIQUE

4.1. Entretiens individuels semi-dirigés

Mon objectif était de dialoguer individuellement avec des fans de K-pop à propos de leur passion. L’entrevue semi-dirigée me semblait la stratégie méthodologique qui me permettrait le mieux de collecter des données à travers les propos de ces fans. Je me suis inspirée de Freyssinet-Dominjon (1997), cité par Bonneville, Grosjean et Lagacé (2007), qui a défini l’entrevue de recherche comme « un dispositif de face à face où un enquêteur

a pour objectif de favoriser chez un enquêté la production d’un discours sur un thème défini dans le cadre d’une recherche » (p.173).

Bonneville, Grosjean et Lagacé distinguent trois types d’entrevues31 de recherche, parmi lesquels se situe l’entrevue semi-dirigée. Le choix de l’entrevue individuelle semi-dirigée (ou semi-guidée) correspondait au besoin de ma recherche, car :

« L’entrevue semi-dirigée consiste en une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le flux de l’entrevue dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui d’une conversation, les thèmes

31 Les trois types d’entrevues sont selon les termes de Bonneville, Grosjean et Lagacé (p.174-175) : l’entrevue non

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généraux sur lesquels il souhaite entendre le répondant, permettant ainsi de dégager une compréhension riche du phénomène à l’étude. » (Savoie-Zajc 1996, p. 266). Lors des entretiens, j’ai su créer une forme de relation ou d’interaction qui m’a fourni une meilleure compréhension du phénomène vécu par l’interviewée. L’entrevue a pu stimuler une prise de conscience chez les interviewées, ce qui m’a offert une exploration plus approfondie de la passion manifestée par les intervenantes.

La position de la chercheuse est également importante durant ces entretiens. Je me suis donc inspirée de Le Bart (2004) qui durant sa recherche sur la stratégie identitaire des fans des Beatles, a adopté la technique de l’entretien compréhensif de Kaufmann (1996). Durant mes entretiens, je me suis présentée avant tout comme une amatrice de la musique coréenne auprès de mes interlocutrices, pour créer une forme de complicité entre elles et moi ; ce qui a permis, comme l’explique Le Bart, de « les déculpabiliser ». En conséquence, je crois avoir établi des relations de confiance avec les personnes interrogées.

Je devais également faire très attention à mon niveau de langage, et mes questions devaient être claires et précises, afin de laisser la personne s’exprimer librement, tout en guidant l’entretien. Mais puisque je m’adressais à elles en tant que fan, je pouvais utiliser un langage familier, tout en conservant une distance pour préserver mon objectivité : ainsi que Bonneville, Grosjean et Lagacé (2007) l’affirment, l’objectif du chercheur est de « favoriser l’expression de l’interlocuteur et de l’accompagner dans sa réflexion. » (p.176).

4.1.1. Guide d’entretien.

Pour qu’un entretien corresponde aux besoins de ma recherche, j’ai soigneusement préparé un guide qui m’a servi pendant mes échanges avec mes interlocutrices. Selon Bonneville, Grosjean et Lagacé, « la grille d’entrevue est un préparatif à la conduite de l’entretien.

[Elle] permet au chercheur d’éviter des erreurs en prévoyant à l’avance les grandes orientations qu’il veut donner à l’entrevue. » (p.175).

La grille d’entretien se compose de trois sections : les questions génériques, les questions principales et enfin les relances. Puisque je devais amener les répondantes à se livrer en leur posant des questions faisant appel à leur vécu, leurs opinions et leurs interprétations de manière progressive, les premières questions étaient génériques (exemple : l’âge, le statut social, le milieu économique, etc.). Ces questions ont permis d’établir le contact ou,

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autrement dit, de briser la glace. Par la suite, les questions principales suivaient : elles étaient plus concrètes, dans le but d’entrer dans le vif du sujet, tout en laissant aux interlocutrices le soin de s’exprimer et d’approfondir leur réflexion. Durant le déroulement des entretiens, j’ai posé des questions de relance lorsque j’avais besoin que les répondantes développent un peu plus une affirmation.

« La relance pour approfondissement : lorsque le répondant a fini de s’exprimer sur une question, l’interviewer sélectionne dans ce qui a été dit précédemment par le répondant un élément qui a été mentionné spontanément par le répondant sans être approfondi, qui porte sur un thème de son guide de l’interviewer (ou sur un thème qui est intéressant par rapport à son objectif de recherche, mais n’est pas dans son guide), et il ou elle invite le répondant à s’exprimer sur cet élément. La question est dans ce cas formulée en reprenant les termes mêmes avec lesquels le répondant s’est exprimé. » (Romelaer Pierre 2005, p.103).

Pour les questions principales, j’ai appliqué la suggestion de Gauthier (2003) qui est de préparer des thèmes pour optimiser l’organisation des entrevues. Puisque je me questionnais sur l’appropriation culturelle à travers l’adoration d’un objet culturel étranger, je me suis attardée, dans un premier temps, sur le thème de la passion ressentie envers la K-pop : comment (YouTube, réseaux sociaux numérique) et depuis combien de temps aimaient-elles la K-pop et pourquoi ? Comme second thème, le rapport de la K-pop dans ledéroulement de l’exploration de la culture coréenne a été un moyen d’obtenir une forme de transition entre l’appréciation de la K-pop et l’appropriation de la culture coréenne et d’en préciser le lien. Le troisième et dernier thème a pu me permettre d’appuyer sur les répercussions que l’appréciation de la culture coréenne pouvait avoir sur l’admiratrice de K-pop : comment les fans font-elles pour se renseigner sur la culture coréenne ? Quels regards portent-elles sur leur quotidien de fans ? Comment perçoivent-elles leur devenir en tant qu’amatrices de la culture coréenne ? Ces questions servaient à comprendre si la découverte de la culture coréenne a changé leur perception d’elles-mêmes, de leurs environnements, mais surtout de leurs visions d’avenir. Enfin, j’ai pris en compte le fait que Bonneville, Grosjean et Lagacé (2007) considèrent qu’il est approprié de demander à la fin de l’entretien si la répondante a des choses à ajouter, notamment ses impressions sur la rencontre.

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