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C. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 1 Le terrain d’enquête

3. Les entretiens formels et informels

3.1 Les informateurs

Des hindous pouvaient être présents lors de certains événements. Ainsi, les effets de leur présence sur les catholiques ne pouvaient être saisis sans des échanges et des conversations avec des membres catholiques. Cette étape de notre recherche a été l’une des plus importantes. Au cours de notre enquête, nous avons interviewé quatorze catholiques tamouls (9 hommes et 5 femmes), certains de manière formelle, et d’autres de façon plus informelle. Tous ces informateurs pouvaient communiquer en anglais (un seul en français), et la plupart étaient engagés ou fréquentaient régulièrement la Mission. Comme nous participions à plusieurs activités, nous finissions par croiser les mêmes individus et, en conséquence, il était plus facile de les interroger. Cet échantillon n’est cependant pas représentatif du groupe dans son ensemble. Il nous était plus difficile d’établir des relations et d’interroger les individus qui fréquentaient moins souvent la Mission. Cette catégorie de personnes aurait probablement eu des opinions différentes, ce qui aurait été intéressant à considérer. Malgré tout, les individus que nous croisions plus souvent formaient un petit réseau d’informateurs, et il était fréquent que certains nous référaient à d’autres personnes qu’ils considéraient comme de bons informateurs pour notre recherche. De plus, en discutant avec les personnes nous finissions généralement par connaître leur réseau familial et amical, et certains voulaient même que nous nous familiarisions avec leur réseau suite aux entretiens.

Le père Patrick responsable de la Mission tamoule a été l’un des informateurs les plus importants de notre recherche. Il était conscient de la réalité pastorale de son groupe et il pouvait mieux expliquer certains événements, de même qu’il nous tenait au courant des activités qui allaient avoir lieu. Ce père, tout en nous informant, nous avait donné une grande liberté pour réaliser ce que nous voulions. En aucun moment il n’est intervenu pour nous laisser sous-entendre que nous ne pouvions interroger un individu en particulier ou participer à une activité ou à une rencontre. Cette liberté qu’il nous avait accordée était en fait une attitude de confiance envers notre personne, une chercheure, mais également une marque de confiance envers les membres de la Mission. Notre enquête et nos questions étaient considérés comme une occasion de témoigner, et en tant que chercheure, nous pouvions interpréter les réponses comme nous le désirions. De cette façon, il risquait en quelque sorte que nous interprétions « mal » ces réponses, mais cela constituait un risque nécessaire. L’attitude de confiance devenait un acte de témoignage religieux et, en tant qu’individu, nous ne voulions pas briser cette confiance qui nous était accordée.

Pour faire un certain contrepoids, nous avons aussi interviewé 7 individus de religion hindoue (4 hommes et 3 femmes), mais pour ce travail nous allons citer uniquement 3 individus. Nous tentions de savoir les raisons pouvant motiver des hindous à fréquenter des sites et des événements religieux catholiques. Nous voulions également comparer, dans la mesure du possible, les informations obtenues chez les catholiques à celles obtenues chez les hindous. Par le fait même, nous essayions de nous familiariser avec la religion hindoue, notamment dans le but de connaître les possibles correspondances entre la religion hindoue et la religion catholique. Or, cet échantillon d’informateurs n’est pas proportionnel au nombre de catholiques interrogés, ce qui limite par conséquent les comparaisons possibles.

3.2 Les entretiens de type « récits de vie » et les échanges informels

L’objectif des entretiens était de mieux comprendre comment les relations entre les catholiques et les hindous étaient vécues, de connaître comment les informateurs pouvaient expliquer ces relations et les effets que cela pouvait avoir sur eux,

particulièrement sur les catholiques et leurs pairs. Il était important de situer cette relation et les explications dans un cadre de référence plus large, ce qui incluait le parcours social et religieux des individus. Une partie de notre enquête a été effectuée au moyen d’entretiens semi-dirigés dans lesquels nous nous intéressions au récit de vie de nos informateurs : d’où ils proviennent, quand et comment ils se sont installés au Québec, les pratiques religieuses de leur pays d’origine, de même que leurs pratiques après l’immigration. Nous nous intéressions surtout aux opinions des catholiques sur la présence d’hindous ou sur la circulation religieuse entre temples hindous et églises catholiques. Chaque entretien pouvait avoir une structure différente, laissant la liberté aux individus de répondre aux interrogations comme ils le désiraient. La durée de ces entretiens pouvait varier entre 1 heure et 2 heures 30, et au cours de ceux-ci, il a beaucoup été question des pratiques culturelles du groupe, comme les mariages « arrangés ».

La majorité des entretiens chez les catholiques se sont déroulés avant ou après des offices religieux dans les locaux des églises. Il a été cependant difficile de recruter des volontaires pour des entretiens plus formels et personnalisés. Il a donc été nécessaire d’adapter notre méthodologie pour certains entretiens où nous devions interviewer trois ou quatre personnes en même temps. Afin d’éviter des longueurs lors de ces entretiens, les questions ont été concentrées sur les thèmes les plus importants de l’enquête. Chez les hindous, trois individus ont été interviewés dans le temple Durkai Amman. Les autres hindous interviewés appartenaient à notre réseau de connaissances. Certains fréquentent régulièrement le temple Durkai Amman. Ceux-ci ont été interviewés lors d’événements informels, à l’extérieur d’un temple hindou, à domicile ou dans un restaurant.

Les sources d’information les plus importantes ont été recueillies à travers des échanges et des conversations informelles dans divers contextes. Les moments les plus propices à ces échanges chez les catholiques ont été avant et après les offices religieux, lors d’une collation ou d’un repas familial ou communautaire. Les trajets en voiture ont aussi constitué des moments opportuns pour de tels échanges. Les individus étaient plus

confortables lors de ces entretiens et ils pouvaient nous questionner en même temps. Dans ces contextes, nous pouvions obtenir des précisions sur des pratiques religieuses et culturelles comme des comportements de prière ou des explications sur des événements. Nous pouvions également nous familiariser avec une plus grande variété d’individus, sans devoir proposer à chaque personne rencontrée des entretiens plus formels.

C’est au cours de cette enquête que les pèlerinages et la dévotion mariale ont fini par former des thèmes importants. C’est donc à travers ces phénomènes que nous tenterons de présenter les interactions entre hindous et catholiques, de même que les questions relatives au syncrétisme. Or, les relations sociales entre catholiques et hindous sont complexes, de même que les questions de syncrétisme religieux. D’ailleurs, les informations recueillies ne sont pas nécessairement représentatives de toutes les interactions possibles entre les Tamouls sri lankais. Ce travail présente principalement la réalité et les opinions des catholiques tamouls. À long terme, il serait intéressant d’effectuer une recherche plus exhaustive chez les hindous, afin de comparer les résultats à ceux obtenues chez les catholiques.