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Question : En tant que co-fondateur de Clinamen qu’est-ce que vous pensez de l’éco-pâturage ? Est-ce que ça un impact sur la biodiversité ?

Bha oui l’éco-pâturage à un impact sur la biodiversité, tout ça s’est lié. Mais alors à chaque fois ça dépend de la biodiversité en présence et des plantes qu’il y a. Mais aussi des choix d’usage et de gestion qui sont fait. On ne peut pas parler de l’éco-pâturage exclusivement, y’a toute une méthode à mettre en place qui est une méthode paysanne de gestion des terroirs, qui se fait dans le respect des cycles naturels, il faut donc respecter des temps de pâture. Le temps de pâture est déterminé par la biodiversité en présence et du biotope qu’on a sur place. A partir d’un diagnostic on va pouvoir travailler pour avoir une prairie plus ou moins fleurie, avec des plantes plus ou moins grasse en fonction de l’usage qu’on veut avoir. Tout ça c’est à voir avec les gestionnaires pour qu’on travaille là-dessus. C’est vraiment spécifique à chaque terrain. On ne peut pas faire que du pâturage, il faut lier des activités de fauche des choses comme ça, parfois il faut planter pour apporter autre chose. Y’a plein de choses à faire ça dépend des gestionnaires qu’on a. C’est vraiment variable d’un terrain l’autre, il n’y a pas de formule magique.

Par contre il faut faire attention au terme d’éco-pâturage parce que de la pâture qui n’est pas écologique c’est un non-sens, normalement c’est comme ça que ça se passe. Aujourd’hui il y’a beaucoup de gens qui mettent dans l’éco-pâturage et qui vont mettre trois brebis, mais ce n’est pas de l’éco-pâturage c’est juste de la gestion de nature en ville et il ne faut pas confondre. C’est comme l’agriculture urbaine, il y a beaucoup d’initiative pour jardiner mais pas de véritable vocation à produire alimentaire, il faut faire attention au mot qu’on utilise. Sur l’éco-pâturage, si on en fait il faut envisager une gestion en harmonie avec le terrain et les usages qui sont dessus et c’est pas nécessairement que des moutons qui vont résoudre le problème c’est une gestion globale de la prairie et qui vont faire qu’on associe des poules, des semis, des choses comme ça

Page | 126 pour pouvoir accompagner les prairies. Le pâturage, à lui seul il ne suffira jamais. A un moment on tire dessus, donc vient là la suite le cycle. Il faut commencer à cultiver

Question : Donc selon vous l’éco-pâturage ne peut pas se pratiquer uniquement comme un service écosystémique ?

Aujourd’hui y’a des contres sens, y’a des gens qui mangent pas leurs moutons ça pose des questions quelque part. Derrière ce mot là aussi on arrive à des catastrophes parce que pâturer dans un champ dans lequel on est en train de surpâturer et où les animaux sont les pieds dans la boue ça ne devient plus du tout intéressant. Trop de densité ça ne marche pas c’est des expériences qu’on voit dans les fermes pédagogiques ou des choses comme ça. On veut faire des économies, mais mettre en place une vraie gestion c’est aussi accepter de payer le prix que ça coûte. Et puis ça impacte la ville. Oui ça réinstalle un rythme paysan. Parce que ça veut dire être là régulièrement et il y a un rythme à l’intérieur de la ville qui est autre que métro-boulot- dodo parce que régulièrement c’est le temps des semences qui se met en place, la nature se réveille. Et d’un seul coup ça rappelle à tous les gens qui vivent ici, et puis il y a très peu de Parisiens pures souches, des expatriés ou que sais-je encore, qui vont venir voir ce qui se passe et des souvenirs reviennent. Et là il y a une valeur commune de partagée autour de l’agriculture et des moments agricoles. En général, tous les savoirs vernaculaires arrivent très vite comment t’épluches tel ou tel légume traditionnellement. Et voilà donc ça nous permet d’avoir accès à une grande diversité de savoir des cent nationalités qui sont présentes ici et c’est super intéressant. L’éco-pâturage c’est une activité ancienne qui se raccroche au nomadisme et les gens arrivent à se poser là-dessus et délivrer leur savoir.

Question : Donc du coup pour vous les entreprises d’éco-pâturage ce n’est pas….

Alors non mais c’est de la logistique de moutons. C’est un autre système et dans tous les systèmes y’a des dérives. Mais bon…C’est aux gestionnaires de choisir ce qu’ils veulent et puis c’est à nous d’être vigilants au sens qu’on donne aux mots.

Question : Donc pour vous il y a d’un côté les entreprises d’éco-pâturage et de l’autre de l’élevage qui offre un service qui est l’éco-pâturage ?

Ce n’est pas les mêmes services et par contre il faut faire attention. Moi je pense qu’il faut qu’on trouve un moyen d’expliquer comment on fonctionne sur des services écosystémiques. En gros

Page | 127 il y a différents services du coup si on veut bien travailler avec l’éco-pâturage et l’image d’Epinal qu’on en a aujourd’hui, ça nous fait penser à la nature en ville, bha on la fait pas comme à la campagne. Il y a des savoir-faire particuliers, des avantages ici comme à la campagne. Il faut s’adapter vraiment au terrain, au projet qu’on a dessus, aux usages.