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groupe de garage parisien

Qu’est-ce que le garage, pour vous ?

Romain (basse) : Pour nous le garage c’est une affaire d’énergie. C’est un son brut, une

urgence, des cris, des tympans qui sifflent.

Cédric (guitare/chant) : C’est aussi un état d’esprit, une manière de voir les choses, je

pense pas que ce soit un son particulier. Il y a une volonté de tout faire soi-même ou avec des potes, sans trop se prendre la tête. Du coup ça se ressent dans l’écriture et le son. Le résultat est souvent des morceaux simples pleins d’énergie, enregistrés dans le rouge de façon intuitive avec ce qu’on a sous la main.

De quoi parlent la majorité de vos chansons ?

Romain : Cédric pourra mieux répondre à ça car c’est lui qui écrit les paroles et qui les

chantent. Mais souvent ce sont des banalités, des conneries, des privates jokes. Parfois on trouve le titre du morceaux avant d’avoir les paroles, donc on écrit les paroles en fonction de ça.

Cédric : Oui il y a beaucoup de private jokes dans nos paroles. C’est aussi parce que je vois

la voix comme un instrument, donc je m’intéresse surtout aux rendu des mots plutôt qu’à leur signification. Donc quand j’ai des mots qui sonnent bien entre eux, j’essaye d’écrire des paroles qui tiennent debout. Je vois aussi chaque morceau comme une sorte de court métrage, avec un personnage au centre, très souvent inventé de toute pièce, pour avoir plus de flexibilité sur les thèmes abordés.

Comment se passe le travail de composition ?

Romain : Parfois Cédric a déjà tout en tête, il nous montre donc la ligne de basse et la bat-

terie pour qu’on apprenne le morceau. Sinon, très souvent, on fait des jam et on les enregistre. Parfois en réécoutant on trouve des choses intéressantes et on en fait des morceaux.

Cédric : Au tout début du groupe jusqu’à encore récemment j’arrivais avec les morceaux

déjà tout prêt et je montrais ça a Maxime (batteur) et Romain. Mais depuis peu on a de plus en plus de morceaux écrits ensembles, en faisant des jam de plusieurs heures.

Qu’est-ce qui est important pour un musicien sur scène, dans la transmission au public ? Qu’est-ce qui vous tient le plus à coeur ?

Romain : J’aime pas voir un gros vide au premier rang et des gens qui se cachent derrière.

Je veux juste que le premier rang soit rempli. Si des gens tombent sur la scène, font tomber des pieds de micro, marchent sur les pédales, et bien c’est qu’on a réussi à transmettre quelque chose. Je pense qu’on veut qu’il y ai autant d’énergie dans le public que dans notre musique.

Cédric : Dans notre musique, basée sur l’énergie, si sur scène le son ou les conditions ne vont

pas dans notre sens, on a du mal à se mettre dans notre propre musique. C’est à dire qu’on va avoir besoin de ressentir cet espèce de mur du son pour qu’on arrive à nous même nous laisser emporter dans notre musique. Ce qui aide aussi c’est cette proximité qu’on peut avoir autant entre nous sur scène qu’avec le public, dans les toutes petites salles où on joue quasiment sur le sol. C’est souvent dans ces salles où il y a une sorte de connexion qui se crée entre le groupe et le public, une sorte de transe où au final, que le groupe joue bien ou mal, ça n’a pas d’importance, ce qui compte c’est l’énergie transmise.

d’expression, de diffusion, etc. Sur le terrain psychologique, est-ce qu’il serait juste de dire qu’un concert de garage permet d’accéder à une certaine liberté spi- rituelle, un oubli de soi ?

Romain : Oui totalement. C’est ça qui est bien sur scène. On peut jouer ce que l’on veut,

agir comme on veut. Tu peux baisser ton froc et montrer ton cul, personne ne te dira rien, ça fait partie du game. Aussi, quand le public est au rendez-vous, qu’il n’y a pas de problèmes tech- niques, que tout roule, on peut totalement laisser vagabonder son esprit et s’arrêter de penser totalement. Juste jouer et se laisser porter.

Cédric : Oui, à mon sens le garage est avant tout un surplus d’énergie que les groupes

cherchent à faire exploser d’une manière ou d’une autre. Et comme la plupart des concerts garages sont organisés dans des salons, des petites salles, des lieux DIY, sans vraiment de règles ni prétentions, ça permet à tout le monde de s’oublier et se laisser porter par la musique.

D’après vous, qu’est-ce qui permet cette libération de corps et des âmes ?

Romain : La musique tout simplement. La musique a ce pouvoir mystique de te faire voya-

ger si tu fermes les yeux et qui tu l’écoutes vraiment.

Cédric : À mon sens il y a aussi le rendu sonore qui permet cette libération. Si vous êtes à

un concert dans une grande salle en béton avec plein d’espace et un son assez froid, sans basse, c’est difficile de se mettre dedans. Par contre une salle à taille humaine, assez compacte, avec une ambiance chaleureuse et un son bien assis dans les basses, ça va aider à porter le concert dans le bon sens.

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