• Aucun résultat trouvé

Entretien semi-directif

Mené avec le Commandant Choi, le 24 novembre 2011 1) Guide d’entretien

Approche factuelle

Le nombre de cadets qui étudient le français ; l‟espagnol ; les autres langues La tendance au fils des années (vue diachronique)

Approche interculturelle

Représentation de la langue française / point de vue du Commandant lui-même Représentation de la langue française / point de vue des cadets

Représentation de la langue française / point de vue de la société coréenne Comparer ces deux derniers rapports, y a-t-il un décalage ?

Formuler des hypothèses

Expliquer le choix des cadets, émettre des hypothèses Pourquoi les cadets choisissent l‟espagnol à votre avis ?

Pourquoi les cadets auraient d‟éventuelles difficultés avec le français ? Pensez-vous que le français soit utile pour des cadets ?

2) Entretien

E : Les cadets dans notre département vous semblent-ils motivés ?

C : Oui, ça va. Enfin, bien sûr, comme tous les jeunes, s‟ils peuvent travailler moins, ils le font. Il faut les pousser.

E : Il semblerait que le nombre d’étudiants dans le départmenet de français et dans les autres langues étrangères enseignées à la KMA soit différent. (1) Pouvez-vous nous en parler ?

C : Nous avons une quinzaine d‟élèves toute les années confondues. Certaines langues en ont plus.

E : Connaissez-vous les chiffres exacts ?

C : Non, j‟aurais besoin de le vérifier, mais je sais que la différence en nombre n‟est pas très grande, et ce n‟est pas tellement ça qui est significatif, c‟est le fait qu‟on ne manque jamais de candidats dans le département d‟espagnol, alors qu‟il faut parfois forcer (2) certains candidats à se tourner vers le français, même si personnellement ça ne me regarde pas, je ne m‟occupe pas des affaires des cadets, il y a d‟autres officiers pour cela, la décision se fait en amont, entre eux. (3)

E : Parce que l’orientation se fait en première année, c’est bien cela ?

C : Oui, tout à fait. Les cours débutent au premier semestre de la deuxième année, mon rôle commence à ce moment là.

E : Et cela fait longtemps que le nombre de cadets en espagnol est plus grand qu’en français ?

C : Quand j‟étais cadet moi-même à la KMA, il y a 15 ans de cela, le français était plus populaire. Maintenant c‟est le japonais, le chinois... (4)

E : Et l’espagnol...

80

E : Ce constat vous affecte-t-il ?

C : En fait pas vraiment. J‟effectue ma mission avec la même rigueur, peu importe le nombre. Mais j‟essaye toujours d‟expliquer à mes élèves pourquoi ils ont fait le bon choix en étudiant le français. Je pense que c‟est réellement un atout et c‟est dommage de passer à côté. Dans notre école, les cadets peuvent apprendre gratuitement une langue pendant 6h par semaine pendant 3 ans. C‟est une chance. Il faut faire le bon choix.

E : Pensez-vous que le français soit le bon choix ?

C : Tous les choix sont bons. Mais il faut garder à l‟esprit nos motivations.(6) L‟armée coréenne doit être variée dans ses spécialités. Le français permet d‟avoir accès à de bonnes opportunités, l‟ONU par exemple, l‟Afrique, les postes d‟attachés de défence, parmis tant d‟autres.(7)

E : Quelle est votre image de la langue française ?

C : Oui, comme je disais, elle est très utile, surtout en Afrique, moi qui suis vraiment intéressé par l‟Afrique. Et puis tous les traités de paix étaient signés en français... En fait quand on est militaire, le français est encore plus utile que quand on est civil... (8)

E : Et l’image de la langue française chez les cadets ? Est-elle partagée ?

C : Je pense que oui... Mais les cadets sont parfois encore trop immatures. Ils ne voient que les difficultés...

E : Comme ?

C : Comme la prononciation, la grammaire, la langue, la langue paraît (9) difficile...

E : Comment expliquez-vous que le choix des cadets se porte plutôt vers d’autres langues ?

C : Je ne sais pas. C‟est peut-être dû au fonctionnement des départements, c‟est vrai que les élèves, après avoir fini l‟école, reviennent et me confient à quel point c‟était difficile. Mais ils sont fiers d‟eux-même, des progrès accomplis, et je crois satisfait de leur choix. Il y a un proverbe comme ça « vaincre... » quelque chose...

E : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ?

C : Oui c‟est cela. Il y a une certaine gloire.

E : Pourquoi est-ce difficile ? (10)

C : La charge de travail d‟une part. Je demande beaucoup de travail personnel en dehors des cours.

E : Ce n’est pas ainsi dans les autres départements ?

C : Je ne sais pas. Je dirais que tous les enseignements ici demandent beaucoup de travail. (11)

E : Donc y a-t-il une autre raison ? Pourquoi est-ce si difficile ?

C : Cela tient beaucoup à la particularité du français. Les élèves pensent (12) toujours que c‟est une langue difficile. Ils râlent souvent à propos de cela. En fait ils ont trop de stéréotypes (13) sur la langue, c‟est lassant. C‟est pourquoi je dois toujours leur dire que c‟est faux, que ce sont des stéréotypes. Dès que j‟enseigne aux cadets de 2ème

année, le tout premier cours, je m‟attache à démonter point par point leurs fausses idées. Par exemple, ils disent toujours que la prononciation du français est difficile. Je leur montre qu‟elle est en fait très stable, si on compare à l‟anglais. [...] (14)

E : Oui, c’est une très bonne idée. Et cela marche-t-il ?

C : Je crois. Mais je n‟ai pas le temps de m‟attarder trop longuement. De temps en temps j‟essaye de leur rappeler. Ils envient toujours les autres départements au lieu d‟apprécier leur chance.

E : Oui, on dit « l’herbe est plus verte ailleurs »

C : Oui c‟est comme en anglais « grass is greener...». C‟est exactement ça. Mais retrospectivement, les cadets sont très heureux d‟avoir choisi le français !

81

C : Et bien, linguistiquement d‟abord. Ils s‟imaginent toujours que c‟est très difficile. Et puis en Corée, on pense toujours que le français est une langue de filles, une langue pour la littérature, pour les arts, pour la mode. La prononciation est perçue comme très belle, très douce, encore une fois une langue de filles. Je crois que ça ennuie profondément les cadets qui se demandent bien quoi faire avec le français... Alors qu‟en fait, comme je vous ai dit, c‟est très utile pour nous, pour entrer à l‟ONU ou autres.

E : Si vous aviez plus de temps, vous aimeriez dissiper davantage les malentendus ?

C : Oui mais on ne peut pas faire que ça non plus. Je crois que de temps en temps on peut leur rappeler. (15)

82

Annexe 2

Documents relatifs