• Aucun résultat trouvé

Entretien Cécilia - Consommatrice et vendeuse chez Foot Locker

TEMPS 5 : COLLABS ET COMMUNAUTÉ

B. Entretien Cécilia - Consommatrice et vendeuse chez Foot Locker

TEMPS 1 : PRÉSENTATION

FL : Quel est ton rapport au streetwear ? Comment t’en consommes ? Pour introduire un petit peu le sujet.

C : Alors j’ai commencé à vraiment m’intéresser au streetwear quand… Alors je travaille chez Footlocker actuellement et j’ai commencé à vraiment m’intéresser au streetwear quand je suis rentrée dans le boîte enfin c‘était pas forcément un milieu… À l’époque je sortais de mon bac, tu sais un peu comme tous les “jeunes” la culture de la basket mais pas plus que ça. Et en fait en travaillant chez Footlocker t’as deux sortes de clientèles, t’as vraiment la personne lambda comme n’importe qui qui va s’acheter une paire de baskets une fois par an, et puis t’as voilà ces clients un peu plus réguliers qui vont venir avec qui tu vas prendre un peu plus le temps pour parler et qui sont un peu plus effectivement dans le streetwear dans la basket et donc là voilà c’est vraiment un univers que j’ai un peu connu comme ça. Et donc effectivement de fil en aiguille bah c’est quelque chose qui m’a beaucoup plus intéressé t’as une histoire un peu derrière certaines baskets derrière certains vêtements derrière certaines marques et voilà c’est comme ça que m’est venu un peu cette “passion” du streetwear​.

FL : Ok ! Et tu saurais expliquer qu’est-ce qui te plaît là-dedans, c’est graphique c’est design..?

C : Bah en fait je pense que vraiment là où j’ai une attache à ce style-là c’est vraiment le fait que derrière chaque, enfin derrière chaque modèle c’est peut-être un peu trop précis mais derrière chaque période en tout cas de sorties de baskets, je sais pas si je suis très clair dans ce que je dis, mais t’as un peu une histoire​. Par exemple si je prends tout ce qui est Jordan, alors je vais essayer d’être un peu plus précise: les Jordan 1 par exemple c’est un modèle qui est très connu dans la basket et même au-delà de ça parce que avec Michael Jordan voilà t’as une histoire sur certains coloris etc. ​Puis après t’as des collaborations qui se font, alors ça se fait beaucoup plus maintenant mais avant c’était pas aussi fréquent mais tu sais entre une marque de luxe et le sportswear, donc c’est pareil avant c’était vraiment à l’opposé l’un de l’autre tu vois, c’était vraiment, une personne dans le luxe c’était vraiment des gens qui avaient de l’argent qui étaient pas forcément dans la rue etc et aujourd’hui ça se mélange absolument, enfin c’est vraiment quasiment la même clientèle tu vois donc c’est vraiment ça c’est vraiment le fait… Je pense qu’on y est tous plus ou moins rattachés​, c’est-à-dire que nos parents ont porté des Stan Smith, c’est des modèles qui sont indémodables et puis après voilà ça évolue les modèles les modèles évoluent et ce qui rallie vraiment, voilà c’est vraiment ça je trouve c’est vraiment le fait qu’on soit tous liés les uns aux autres. Je suis vague dans ce que je dis mais je sais pas comment t’expliquer la chose, et qui était une histoire un petit peu du style derrière tout ça.

FL : Dans tous les cas tu verras avec les questions on va pouvoir y revenir et c’est marrant que tu fasses directement le rapprochement notamment streetwear et luxe. Pour finir un petit peu sur ta présentation, je vois toi sur ton compte Instagram que tu postes beaucoup justement en rapport avec ta passion. Du coup, pourquoi en faire le

sujet principal de ton feed Instagram ? Comment tu tournes un peu tes posts enfin l’histoire de ton feed.

C : Ouais je vois ce que tu veux dire, alors je m’y suis pas du tout mise en commençant à travailler chez Footlocker si tu veux, j’ai commencé à m’intéresser à la basket de loin quand j’ai travaillé chez Footlocker c’était en 2012. Et vraiment tu sais après le bac je savais pas trop quoi faire, j’avais pas trop forcément envie de continuer maintenant sans savoir où j’allais aller donc je me suis dit je vais prendre une année, pour que tu comprennes bien comment j’y suis arrivée. Du coup pendant un an j’ai travaillé là-bas sans forcément… C'était un travail d’été on va dire c’était pas forcément quelque chose où je comptais rester. Et finalement je m’y suis beaucoup plu et tout donc j’ai continué avec l’alternance chez eux etc. Et après cette alternance… Donc jusque-là j’étais toujours dans un rapport avec le streetwear, je kiffe la basket mais pas plus que ça je suis pas forcément dans les séries limitées ou les collaborations etc. Et après j’ai travaillé pendant un an chez Nike et c’est plus là où vraiment j’ai eu ce rapport avec vraiment le streetwear et les vêtements que t’as les collections de baskets etc. Et donc là c’est là vraiment où c’est venu la basket où c’est arrivé vraiment les baskets un peu plus limitées ou les baskets un peu plus recherchées ou quelque chose d’un peu plus différent que les autres. Les gens avec qui j’ai travaillé qui étaient plus âgés que moi, donc qui avaient cette culture un peu plus approfondie que la mienne tu vois, donc c’est… Comment ça m’est venu ba je saurais pas comment t’expliquer c’est vraiment de fil en aiguille t’as une paire que tu trouves cool puis t’en as une autre tu suis un peu le… Comment c’est venu et après du coup j’ai commencé à vraiment poster ça sur mon Insta, ça a été vraiment au moment où j’ai pu avoir accès à des paires un peu plus spéciales, enfin spéciales, plus limitées, un peu moins lambda. Donc là je me suis dit ouais c’est cool une deux trois paires, puis après j’ai fait connaissance et travaillé avec des photographes dans la basket et tout donc on a commencé à faire des shootings extérieurs et tout c’est là où j’ai un peu plus posté on va dire voilà​. Je sais pas si je réponds bien à tes questions hein tu me dis si je dois être plus précise ou moins précise.

FL : Pas du tout au contraire c’est parfait et c’est hyper intéressant et justement moi les shootings ça me fascine un peu et je me demande derrière ça vous faites des shootings pour poster sur vos comptes Instagram mais toute cette mise en scène qu’il y a derrière enfin c’est vraiment un culte du produit. Comment vous réfléchissez pendant vos shootings comment vous mettez en place ?

C : Alors à la base quand on a commencé à faire ça c’était vraiment un délire entre potes, ils sont un peu dans la photo mais c’est pas leur métier, y’a 2-3 potes qui font de la photo après on est vraiment tous dans la basket, on s’est vraiment réunis à la base juste pour parler des prochaines sorties, et de ce qu’on a eu, de ce qu’on a réussi à avoir ou a ne pas avoir, et ça a commencé comme ça. Puis après de fil en aiguille bah j’ai reçu cette nouvelle paire, ou moi j’ai réussi à avoir celle-ci, bon on se fait un shooting ok tu sais c’est l’occasion de se réunir un peu tous ensemble. Et après on choisi selon ce qu’on a, on essaie de choisir un endroit un peu dans le thème tu vois, si on sait que j’ai une paire, c’est général hein mais une paire avec un peu de rouge on voit ce spot, où t’a un fond rouge et tout donc on va aller là puis après on bouge en métro on va aller là et tout, donc on essaye de faire un truc vraiment général tu vois.

FL : Ok mais c’est hyper intéressant ça veut dire que quand même vous essayez de trouver des endroits aussi qui correspondent suivant la paire !

C: Oui c’est ça exactement.

TEMPS 2 : INTRODUCTION À L’UNIVERS STREETWEAR

FL : Ok, hyper intéressant ! Alors donc là on va rentrer dans des questions un peu plus générales sur le « milieu », déjà quelle serait toi ta définition du streetwear ?

C: Alors c’est marrant on me l’a déjà posé cette question mais j’arrive pas trop à y répondre.

FL : Oui, c’est compliqué !

C: La définition du streetwear, alors est-ce qu’on part du principe que c’est un style de vie, un style vestimentaire, un style…. Enfin c’est vachement général tu vois, streetwear c’est vraiment, je me reconnais pas forcément dans streetwear le mode de vie, c’est-à-dire que j’ai jamais forcément vécu tu sais comme on peut se l’imaginer les américains et tout dans la rue c’est pas trop ça, après vestimentaire le streetwear c’est tout ce qui sort un peu, de toute façon je pars du principe que déjà la basket ça vient de la rue, à la base vraiment la basket, si on parle de l’origine de la basket c’est des gars qui n’avaient pas forcément les moyens de s’acheter autre chose que de la basket aux Etats-Unis, on est sur une culture du basketball avant tout, avant que ca s’évase un petit peu mais c’était surtout ça donc​, ma définition du streetwear je ne saurais pas comment te le décrire, j’essaie de réfléchir, c’est une question j’arrive pas a y répondre.

FL : Non non c’est pas évident mais déjà tu vois c’est intéressant parce que tu fais le parallèle avec la rue directement donc c’est peut être simplement…

C: Bah pour moi c’est vraiment de là d’où ça vient, tu vois à la base c’est vraiment là où est née la culture du truc, après est-ce que je pense que maintenant ça n’a plus vraiment de rapport parce que comme je te disais, tout à l’heure tu m’as dit qu’on y reviendra mais du coup, t’as les gens qui n’ont jamais eu, qui n’ont jamais été dans le besoin comme les gens qui à l’origine achetaient des baskets pour ça, et maintenant ça s’est rejoint au luxe​, à tout donc c’est plus du tout ça. Donc c’est vachement général, désolé je sais pas j’arrive pas à répondre à ta question !

FL: Non non non mais au contraire c’est intéressant parce que peu de personnes arrivent à mettre des mots là-dessus finalement c’est devenu tellement général, t’en as partout et tu sais plus trop à quoi ça correspond non plus donc.

C: Oui exactement c’est un peu ça en fait.

FL: Ok non mais je prends je prends ! Alors du coup pour toi quelles seraient les marques les plus influentes dans ce domaine, tu peux me citer des marques maintenant mais même par le passé, pas forcément aujourd’hui tu vois mais qui ont marqué en tout cas le milieu du streetwear ?

C: Alors je vais commencer par la base, je dirais Nike, je pense qu’ils ont été… Quand ça a commencé et maintenant encore​, ils ont toujours été quand même, ils ont toujours eu le monopole en tout cas du streetwear que ça soit sur la basket ou que ça soit sur les vêtements, après ils ont toujours été et aujourd’hui encore sponsor de très grosses têtes

sportives donc ça leur a permis effectivement d’avoir… De toucher un maximum de public. Aujourd’hui leur marque de fabrique c’est vraiment le sponsor et je pense qu’ils ont réussi à toucher vraiment tout le monde avec ça​. Après je vais citer Adidas parce que c’est les deux plus grosses marques on va dire de sportswear​. Mais Adidas je pense qu’ils n’ont pas du tout la même.. Quand je pense sportwear j’ai pas forcément Adidas qui me vient en tête, aujourd’hui ils ont… Même s’ils ont des catégories, comment dire, des styles de vêtements, des marques quand même qui sont sportswear, aujourd’hui c’est pas forcément quelque chose que tu vas retrouver, Adidas ça reste très, enfin pour moi hein c’est vraiment mon avis a moi, ça reste encore très ville, enfin très ville.. Un trentenaire qui n’est pas dans la basket, un mec, je te prends un style lambda mais qui travailles dans les bureaux par exemple il va s’acheter une paire de Stan Smith parce que c’est entre la basket de ville et la basket de confort tu vois, donc pour moi sportswear vraiment j’irais vers Nike Jordan après t’as pleins d’autres marques aujourd’hui qui touchent à ça, si je prends par exemple ​Carhartt. À la base ​Carhartt c’est une marque, j’ai un doute je sais plus c’est Canadienne ou Américaine, truc de bûcheron, qui a été complètement revisitée justement pour le style sportswear, et ils en ont fait ce qu’il appellent Carhartt WIP, et du coup c’est une catégorie de vêtements qu’ils ont chez eux qui est vraiment dédiée au sportswear et plus du tout à ce qu’ils faisaient à la base. Je trouve que c’est vachement cool de faire ça. Après dans les tendances qu’on a aujourd’hui, forcément t’as Supreme, après Supreme à la base c’est vraiment du skate, je pense que vraiment les gars qui achetaient Supreme il y a 10, 15 même 20 ans c'était pas du tout des mecs comme t’as maintenant dans la hype vraiment dans la marque et tout, c’était vraiment des mecs qui skataient et qui achetaient pour ça, maintenant c’est devenu enfin ça s’est complètement démocratisé dans le sens où tu portes du Supreme t’es dans le streetwear alors que tu n’as jamais touché un skate de ta vie tu vois, c’est des marques qui évoluent avec les styles, avec la demande, c’est l’offre et la demande après ils ont jamais fait autant de collections que maintenant parce qu’il y a beaucoup plus de demande​. Enfin voilà, les marques en tout cas qui me reviennent comme ça c’est ça mais après t’as beaucoup de marques de luxe qui étaient pas du tout dans le streetwear avant et qui maintenant s’y sont carrément mises en faisant des hoodies très larges oversized, sweats à capuche alors que avant c’était pas forcément ce qu’elles faisaient, mais ça touche de plus en plus de gens donc bon, sur les défilés d’ailleurs on le voit, je ne suis pas tout mais ce que je suis tu vois même qu’il y a des baskets, la plupart tu as beaucoup de collections baskets qui ressortent après, et qui c’était pas forcément des marques qui touchaient ce public-là avant quoi.

FL : Et tu citerais qui comme marque par exemple de luxe que tu trouves qui s’est vachement réinventée ?

C : Beaucoup je trouve qui ont fait pas mal de collaborations justement avec ​Nike Off-White, du coup avec Virgil Abloh, ça c’est le cliché hein parce que c’est ce qui ressort tout le temps et c’est vraiment ce qui a très très bien fonctionné​. Après t’as ​Balenciaga qui maintenant ont élargi vraiment leur gamme de produits en faisant des sweats des tee-shirts très oversized, des joggings​… Alors ils en ont toujours fait mais je trouve que maintenant ça s’est vachement élargi. Même ​chez Gucci t’as une collection de joggings​, alors après je sais pas y a 30 ou 40 ans s’ils faisaient ça, mais je sais que en tout cas par rapport à ne serait-ce que y a 6-7 ans moi je suivais un peu leurs collections et tout, y en avait mais t’en avais pas autant que maintenant tu vois. Donc, après même Louis Vuitton ils font… Ne serait-ce que

dans la maroquinerie, ils font tu sais tout ce qui est pochettes et tout maintenant, alors ça s’est toujours fait hein mais ça s’adapte, les coloris qui s’adaptent un petit peu bah au streetwear​. Ou même Supreme LV ils ont fait une collaboration ensemble, c’est la première collaboration entre une marque de streetwear et une marque de luxe​, ça s’était jamais vu, enfin quand c’est sorti ça a été un truc de fou donc non non c’est…

FL : C’est intéressant ! J’allais t’en parler justement j’y reviendrai après ! Du coup est-ce que tu affirmerais que c’est un style populaire aujourd’hui ?

C : Non bah du coup non aujourd’hui plus pour moi. Au contraire je dirais presque, les gars qui ont toujours porté ça bah le porteront toujours mais t’as aujourd’hui justement… J’ai l’impression que c’est un peu la mode du moment tu vois d’être dans ce style-là d’où l’intérêt aux marques de luxe de se mettre complètement dedans. Avant tu achetais un sweat parce que ça coûtait je sais pas 20€, aujourd’hui un sweat Balenciaga c’est 800€ mais t’as un sweat Balenciaga​, voilà c’est cool pour celui qui porte du Balenciaga d’avoir un sweat tu vois ce que je veux dire ? Après ça a toujours été comme ça, ça suit les modes et tout mais non non non pour moi c’est plus du tout populaire.

FL : Ok ! Parce que ça a monté en gamme c’est ça que tu veux dire ?

C : Ouais c’est ça c’est-à-dire que ça a élargi le… Le client du streetwear c’est plus du tout ce client qui s’habille cool pour pas trop cher tu vois. Aujourd’hui j’ai presque envie de te dire, j’ai des collègues au travail qui économisent pour s’acheter un sweat à 600€, parce que c’est la mode d’avoir du streetwear de luxe. ​Alors on est plus du tout dans le streetwear de base comme ça a été fait avant, où t’achetais un truc cool et t’avais pas forcément les moyens de mettre 100€ dans un sweat, bah aujourd’hui c’est presque plus cool d’avoir un sweat à 600€ qu’un sweat à 20€ alors que ça n’a aucun intérêt tu vois, alors que des fois t’as le même et t’as juste la marque écrit… C’est la mode disons.

FL : Et comment tu trouves que ça a évolué ces dernières années ?

C : Comment ça a évolué ouais je trouve que la clientèle, je sais pas si on peut dire la clientèle mais, les gens qui sont attirés par ce style-là ont évolué ça c’est sûr et certain sinon les marques n’évolueraient pas elles-mêmes pour aller dans ce style-là​. Toutes les marques aujourd’hui ont de près ou de loin une pièce que tu peux associer à une basket, ou à un gros sweat ou à un jogging, tout le monde suit. Bah après c’est normal, mais oui oui je pense que comment ça a évolué bah ça s’est vachement élargi et même aujourd’hui tu peux voir… Du coup je travaille sur Paris et du coup tu vois cette clientèle qui vient dépenser beaucoup d’argent dans les baskets et que je voyais moins avant​. Enfin après j’ai pas commencé y a 110 ans non plus, mais y a une petite évolution que j’arrive à voir donc j’imagine que avant