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3-3 Les entreprises étrangères

Dans le document L'économie du logement en Algérie (Page 134-136)

CHAPITRE III : STRATEGIES D 'ACTEURS ET ENJEU

I- 3-3 Les entreprises étrangères

Durant les années soixante dix, malgré les créations importantes d‟entreprises publiques à vocation géographiques multiples, leurs équipements en procédés industriels et la multiplication de leurs effectifs, les capacités de réalisation restent en deçà des programmes planifiés.

L‟appel à l‟étranger, en plus des achats directs d‟équipements, de matériaux stratégiques (ciment, fer) et de procédés de construction, se fera aussi par l‟octroi, comme entreprise de réalisation, à des firmes étrangères d‟importantes opérations de logements (autour de 20 000 logements pour 1975-78). La part de la RFA avec deux entreprises (BUM et BREMER) est de 9 165 logements, la France avec cinq entreprises pour 5 944 et l‟Italie avec trois entreprises et 3 930. La taille des chantiers est souvent supérieure à 600 logements et sont situés sur des sites très proches dans des wilayat ayant bénéficiées de programmes spéciaux ou qui connaissent des taux de croissance urbains explosifs (Constantine, Annaba, Oran).

Soumises aux mêmes contraintes économiques et bureaucratiques que les entreprises publiques, elles réalisent des performances en matière de profit médiocres malgré un taux de productivité presque double. Ce qui ne sera pas étranger à la faillite qui touchera à la fin des années soixante dix beaucoup d‟entre-elles, même si certaines ont été en faillite dans leur pays d‟origine (BUM - RFA) par la régression de l'activité du bâtiment sur leurs marchés internes, cause initiale de leur expatriement sur les marchés du tiers Monde et de l‟Algérie en particulier, alors en expansion.

Comme les entreprises publiques, celles étrangères ne pouvaient s‟adapter aux particularités du secteur de la construction en Algérie comme le faisaient les entreprises privées algériennes.

De nombreuses faillites peuvent être directement imputées aux sociétés étrangères. Certaines avaient fait faillite sur leurs marchés d‟origine, laissant en Algérie des chantiers importants dont les surcoûts d‟achèvement seront considérables. D‟autres n‟avaient aucune

expérience dans la réalisation (anciennement BET ou société de promotion); Une autre (Merlin - France) était en voie de règlement judiciaire dans son pays au moment où elle contractait pour des marchés en Algérie.

Les modalités contractuelles se traduisaient souvent par le désistement des responsabilités des intervenants algériens au profit de ces entreprises.

Les autorités algériennes ne prendront conscience que plus tard (1980-85) de leur capacité de négociation vu l‟état exacerbé de la concurrence internationale induit par le rétrécissement des marchés intérieurs européens; mais différentes causes empêcheront de rendre effective cette capacité de négociation et encore moins aujourd‟hui après la crise de 2008.

Conclusion

Dès 1980, la bureaucratie d‟Etat (pouvoir politique) va tenter d‟affaiblir le pouvoir des entreprises publiques « protégées » par les tutelles techniques (logique sectorielle, « pouvoir technocratique ») par des « restructurations » de nature libérale. Sur fond de satisfaction des « revendications sociales » pour une « meilleure vie du citoyen » dans une démarche de recentralisation de la « décentralisation » de fait acquise par les pouvoirs opérationnels au niveau économique.

Ensuite et dès 1990 (accord Stand bye 89-90) ce processus continuera dans une ambiance de libéralisation, de réformes économiques et de déstructurations - dissolutions des entreprises publiques qui n'ont pu s‟ajuster à la nouvelle configuration du système de l‟acte de bâtir.

L‟échec de l’Etat - promoteur - unique - gestionnaire dominant, conduira les pouvoirs publics à se décharger d‟une part croissante du financement du logement avec la crise des finances publiques et de l‟endettement et puis, face aux injonctions des créanciers internationaux, l‟Etat algérien amorcera la remise en cause des grands travaux et des grandes entreprises publiques que ces créanciers ont eux-mêmes favorisés durant la période de Keynésianisme planétaire des années soixante dix; ce sera l‟objet des développements suivants qui traiteront des réformes et des enjeux.

II- " REDYNAMISATION DU LOCAL " OU DESTRUCTURATION DES ENTREPRISES

A l‟exception des hydrocarbures, le recul de la part du secteur public industriel dans l‟économie semble lié au caractère devenu structurel de la dépendance financière dont il est tenu pour responsable. Dans un premier temps, sa part dominante dans les dépenses de l‟Etat sera mise en cause suivie d‟un désengagement systématique de l‟Etat.

La première phase, à travers les « restes à réaliser » laissés par le programme complémentaire 1978-79 (80 milliards DA) et le plan 1980-84 a interrompu l‟intégration interbranches encore inachevée et la réorientation des investissements vers les infrastructures sociales et la consommation finale. Les dépenses effectuées pour l‟industrie durant ce Plan sont en moyenne de 21 milliards DA par an, alors qu‟en 1977 elles étaient de 25,6 Mrds DA avec un PIB deux fois moindre et 30 Mrds DA en 1978. Compte tenu de l‟inflation le recul est près de moitié en six ans.

Sous couvert de décentralisation, les restructurations, dès 1980, font éclater les 150 « Sociétés Nationales » en 460 « Entreprises Publiques » en isolant la structure de commercialisation de celles des unités productives rompant les liens d‟amont en aval et faisant reculer l‟intégration. L‟émiettement de ces sociétés va faire dépendre plus étroitement les directions techniques de ces entreprises du pouvoir central politique.

Ces restructurations vont faire obstacle à la diffusion des produits sur le marché intérieur, créant des pénuries locales ou régionales et ouvrant des créneaux à la spéculation et à l‟économie informelle. Elles ont accru les frais de gestion et la proportion de salariés non productifs dans les sièges multipliés au sein des unités délocalisées.

Ce processus est resté sans résultat financier réel (argument principal des restructurations) malgré la réduction du stock de la dette extérieur à la veille du choc de 1986, par des remboursements anticipés entre 1982-84 de prêts anciens des années soixante dix à faibles taux d‟intérêt, maturité plus longue (9 ans) et forte inflation. En effet, cette réduction du volume de la dette ne va pas diminuer le service de cette dette qui lui augmentera du fait des nouveaux prêts dès 1985 à taux d‟intérêt plus élevés, un dollar plus fort et une maturité réduite à 3 ans.

Dans un deuxième temps, avec la chute du prix des hydrocarbures s‟opère l‟achèvement du désengagement de l‟Etat en tant qu‟entrepreneur par la loi sur l‟« autonomie des entreprises » (janvier 1988) transformées en sociétés par actions confiées à des « fonds de participation ».

La réduction des importations de matières premières, de semi-produits et de pièces de rechange bloque la production et dévalorise l‟outil ce qui empêche tout redressement de ces entreprises quelque soit leur assainissement financier.

Dans le document L'économie du logement en Algérie (Page 134-136)