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Entrelacement entre des opérateurs de Toeplitz 27

2.3 Densité de C[X] dans L 2 (K)

3.1.1 Entrelacement entre des opérateurs de Toeplitz 27

Toe-plitz

Définition 3.2. Soient A, B∈ B(H2) et X ∈ B(H2)\{0}. On dit que

A s’entrelace avec B, et on le note A ∝ B s’il existe un opérateur

28 3.1. OPÉRATEURS DE TOEPLITZ

X ∈ B(H2)\{0} tel que XA = BX.

Remarque 3.3. Soit λ∈ C. En remplaçant A par λB dans la défini-tion précédente, on retrouve la définidéfini-tion du spectre étendu de l’opéra-teur B. D’où l’intérêt de cette notion pour notre étude.

Dans [18] et [19], J. A. Deddens a étudié l’entrelacement entre deux opérateurs de Toeplitz bornés de symboles analytiques, et il a donné des résultats qui seront très utiles par la suite pour déterminer le spectre étendu de tels opérateurs.

Commençons par le lemme fondamental suivant.

Lemme 3.4. Soit Λ un sous-ensemble non-dénombrable de D. Alors

l’ensemble {kλ : λ ∈ Λ} engendre l’espace H2.

Démonstration. Soit f ∈ H2, et supposons que f soit orthogonale à l’ensemble {kλ : λ ∈ Λ}. Alors, pour tout λ ∈ Λ

f(λ) =< f, kλ >= 0.

Or Λ est non-dénombrable, et f est analytique, donc f ≡ 0 d’après le principe des zéros isolés, ce qui achève la preuve.

Théorème 3.5. Soient ϕ, ψ ∈ H, et supposons que Im(ϕ)  σ(Tψ).

Alors X = 0 est l’unique solution de l’équation XTψ = TϕX.

Démonstration. Posons N = Im(ϕ) ∩ (C\σ(Tψ)). On va alors distin-guer les deux cas suivants :

- N est un singleton, lorsque ϕ est constante.

- N est un ouvert non-vide, quand ϕ n’est pas constante.

Dans les deux cas, ϕ−1(N) est un ensemble ouvert non-vide de D, et donc non-dénombrable. D’après le lemme précédent, {kλ : λ ∈

ϕ−1(N)} engendre H2. Supposons dès à présent que X ∈ B(H2) vérifie

XTψ = TϕX. Alors, TψX = XT

ϕ. On en déduit que pour tout λ∈ D TψXkλ = XT

ϕkλ = ϕ(λ)Xk λ.

Par conséquent, pour tout λ ∈ D, ou bien ϕ(λ) est une valeur propre

3.1. OPÉRATEURS DE TOEPLITZ 29

encore ϕ(λ) /∈ σ(T

ψ). On en conclut que si λ ∈ ϕ−1(N), ϕ(λ) ne peut pas être une valeur propre de Tψ. Ce qui implique que Xkλ = 0 pour tout λ ∈ ϕ−1(N). D’après le lemme 3.4, X = 0 de fait X = 0, ce qui achève la preuve du théorème.

Remarque 3.6. Rappelons que dans le cas général, si T ∈ B(H) σext(T ) ⊂ {λ ∈ C, σ(T ) ∩ σ(λT ) = ∅}.

En posant ψ= λϕ dans le dernier théorème, et vu que σ(Tϕ) = Im(ϕ)

la fermeture de l’image de ϕ, on obtient l’inclusion suivante σext(Tϕ) ⊂ {λ ∈ C, Im(ϕ) ⊂ λIm(ϕ)}.

Ainsi, dans le cas des opérateurs de Toeplitz analytiques bornés, on obtient un résultat sur les valeurs propres étendues, beaucoup plus fort que dans le cas général.

Corollaire 3.7. Soient ϕ ∈ H\{0} et |α| > 1. Alors X = 0 est l’unique solution de l’équation XTϕ = TαϕX. En particulier, σext(S) ⊂ C\D.

Démonstration. Remarquons que Im(αϕ)  σ(Tϕ), le résultat découle alors immédiatement du théorème précédent.

La proposition suivante va nous fournir une condition suffisante pour que Tψ s’entrelace avec Tϕ. On aura d’abord besoin du lemme suivant, dû à J. Ryff. Pour la preuve on renvoie à [41].

Lemme 3.8. Soient f ∈ Hp et Φ : D → D une fonction analytique.

Alors f ◦ Φ ∈ Hp, et si λ:= Φ(0) = 0, on a f ◦ Φp 1 + |λ| 1 − |λ| 1/p fp.

Proposition 3.9. Soient ϕ, ψ ∈ H. Supposons que ψ soit injective,

30 3.1. OPÉRATEURS DE TOEPLITZ

Démonstration. Par hypothèses, la fonction F(z) = ψ−1(ϕ(z)) est une fonction analytique deD dans D. Définissons alors l’opérateur Xf(z) =

f(F (z)). Alors clairement X = 0, et d’après le lemme précédent X ∈

B(H2). De plus, pour tout f ∈ H2, on a

XTψf(z) = X(ψf) = (ψ ◦ F )Xf = TϕXf.

D’où le résultat.

Cette dernière proposition, avec le corollaire 3.7 nous permettent d’obtenir le corollaire suivant.

Corollaire 3.10. On a Tλz ∝ Tz si et seulement si |λ| ≥ 1. En parti-culier, σext(S) = C\D.

Remarque 3.11. Dans [19], J. A. Deddens a montré que la réciproque

de la proposition 3.9 reste valable. En particulier, il a montré que si ψ est injective, alors Tψ ∝ Tϕ si et seulement si Im(ϕ) ⊂ Im(ψ). Ainsi,

on obtient le spectre étendu d’un opérateur de Toeplitz de symbole ϕ analytique borné et injectif. En effet, on a

σext(Tϕ) = {λ ∈ C, Im(ϕ) ⊂ λIm(ϕ)}.

Une formule qui donne directement le dernier corollaire.

Dans [5] A. Biswas et S. Petrovic ont traité le problème des sous espace propres étendus de l’opérateur shift S. En particulier, ils ont décrit de manière complète, l’ensemble Eext(λ) pour chaque |λ| ≥ 1.

3.1.2 Spectre étendu du Shift

Dans ce paragraphe, on donne la description complète des sous-espaces propres étendus de l’opérateur shift unilatéral S, défini sur l’espace de Hardy H2. On aura d’abord besoin de la proposition sui-vante (cf. [5]).

Proposition 3.12. Soient λ ∈ C\D, φ ∈ H2, et définissons sur

H2 l’opérateur de composition à poids Xφ,λg(z) := φ(z)g(z/λ), i.e.,

3.1. OPÉRATEURS DE TOEPLITZ 31

1. Si λ∈ T alors Xφ,λ est borné si et seulement si φ∈ H.

2. Si λ /∈ T alors Xφ,λ est borné pour tout φ.

Démonstration. 1. Puisque |λ| = 1, l’opérateur C1/λ est donc unitaire sur H2. En multipliant alors par Mφ, on obtient un opérateur borné si et seulement si φ∈ H.

2. Considérons le polynôme g(z) = N

n=0anzn. Par calcul simple on montre que SXφ,λg = λXφ,λSg, d’où :

Xφ,λg = Xφ,λ N  n=0 anSn1= N  n=0 an λnSnXφ,λ1= N  n=0 an λnSnφ. Ainsi Xφ,λg ≤ N  n=0 |an| |λ|nSnφ ≤ φ  N  n=0 1 |λ|2n 1/2 N  n=0 |an|2 1/2 ,

Par conséquent, si |λ| > 1 et φ ∈ H2 alors Xφ,λ est borné avec

Xφ,λ ≤ φ |λ|2 |λ|2− 1 1/2 .

Cette proposition nous permet de décrire exactement les vecteurs propres étendus de S, par le théorème suivant.

Théorème 3.13. Soit |λ| ≥ 1. Alors l’opérateur X ∈ B(H2) vérifie

SX = λXS si et seulement s’il existe une fonction φ de H2 (de H

lorsque |λ| = 1) telle que X = Xφ,λ.

Démonstration. Soit |λ| ≥ 1, on vérifie alors facilement que Xφ,λ est, pour tout φ de H2 (de H lorsque |λ| = 1) une solution de l’équation SX = λXS, appartenant à B(H2). Montrons alors la réciproque. Sup-posons que X ∈ B(H2) vérifie l’équation SX = λXS. Cela implique que

32 3.1. OPÉRATEURS DE TOEPLITZ

Cette dernière relation signifie que

SnXf = λnXSnf, ∀f ∈ H2 et ∀n ∈ N. En particulier, si f = 1, on obtient Xzn= (z λ)nX1, ∀n ∈ N, ce qui implique Xp(z) = p(z λ)X1, ∀p ∈ C[X].

Comme l’ensemble des polynômes définis sur D est dense dans H2, en posant X1= φ on obtient

Xf(z) = φ(z)f(z

λ), ∀f ∈ H2.

On en déduit que X = Xφ,λ avec φ ∈ H si |λ| = 1, d’après la

proposition précédente. Ainsi, le théorème est prouvé.

Remarque 3.14. En revenant à l’entrelacement entre les opérateurs

de Toeplitz, P. S. Bourdon et J. H. Shapiro ont déterminé dans [6] l’opérateur d’entrelacement entre Tψ et Tϕ dans le cas où ψ est une fonction injective de H. Plus précisément, ils ont montré la proposi-tion suivante.

Proposition 3.15. Soit ψ ∈ H une fonction injective, et supposons

que l’opérateur X entrelace Tψ avec Tϕ. Alors X est un opérateur de composition à poids.

Pour la preuve on renvoie à [6, Corollaire 4.3].

Remarque 3.16. Notons que la proposition 3.12 est un cas particulier

de la dernière proposition. En revanche, le cas général où la fonction ψ n’est pas injective, est loin d’être réglé. Dans [6], les auteurs consi-dèrent la fonction ϕ(z) = z2+ z, et ils déterminent le spectre étendu

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