• Aucun résultat trouvé

Entre normes et renormalisations. Approche théorique

Afin de pouvoir proposer une typologie des difficultés d'insertion à partir des deux dimensions que sont la capacité d'identifier les normes d'une situation et la capacité de tenter des renormalisations, il est nécessaire d'interroger dans quelle mesure les deux cadres théoriques que nous mobilisons sont compatibles. Dans un premier temps, notre développement, essentiellement théorique, concerne les modalités d'une rencontre autour de la question des normes et des valeurs. Dans un second temps, nous mobiliserons ces deux modèles pour analyser l'expérience de travail d'une jeune femme dans un salon de coiffure. Nous nous attacherons alors à mettre en évidence la complémentarité des deux approches.

I Modalités pour une rencontre entre sociologie et ergologie.

La rencontre entre sociologie et ergologie soulève un ensemble de questions autour de l'articulation entre la philosophie et les sciences humaines. La recherche d'une articulation entre la sociologie proposée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot et la démarche ergologique nécessite ainsi la détermination d'un rapport entre sociologie et philosophie acceptable pour les deux parties. Cette exigence d'un « lieu commun » ne va pas de soi et oblige à poser les exigences de chacune de ces deux approches. La possibilité d'une rencontre et d'une compatibilité entre l'ensemble de ces exigences est une condition absolument nécessaire pour la poursuite de notre raisonnement.

1 « Théories de l’action » et « rencontres de l’activité » (Schwartz, 2001)

Au-delà des problèmes théoriques liés à une telle rencontre, l'intention même pose question dans la mesure où elle ne semble à priori désirée par aucune des deux parties. Du point de vue sociologique, le concept d'activité est quasiment absent de son corpus théorique, du moins dans le sens précis que lui donne l'ergologie. Dans ses tentatives de penser le travail en actes, elle mobilise les concepts d'action, d'acte, d'activité sans véritablement les distinguer. Yves Schwartz, de son côté, reconnaît n'apprécier que modérément le renouveau des théories de l'action. « Nous le dirons donc clairement, et sans doute avec quelque excès : nous n'apprécions pas vraiment positivement ce qu'on peut appeler le "renouveau" des théories de l'action » (Schwartz, 2001, p 68).

Un ouvrage, consacré la sociologie du travail, place cependant ce concept au centre de sa réflexion. En 2006, les éditions Octarès font paraître un ouvrage collectif, dirigé par Alexandra Bidet et intitulé Sociologie du travail et activité. Cet ouvrage trouve son origine dans la session tenue par le réseau thématique du même nom à l'occasion du colloque de l'Association Française de Sociologie de 2004. Alexandra Bidet ouvre son introduction en posant le constat que la sociologie du travail n'a, jusqu'à très récemment, porté qu'un regard marginal sur le travail en actes. L'explication est à chercher dans le projet même de la discipline : la sociologie du travail française initiée par Friedmann trouve dès son origine sa justification bien au-delà de la seule sphère du travail. Analyser les situations de travail, c'est dire quelque chose sur la société toute entière. Anni Borzeix, citée longuement dès les premières lignes de l'introduction, témoigne de ce positionnement des sociologues du travail. « On oublie aujourd'hui combien atténuer les souffrances et améliorer l'ordinaire, objectifs plus immédiats et modestes que se fixait l'ergonomie, paraissaient entachés, à nos yeux, de réformisme. Nous nous occupions des alternatives, des "sorties possibles" du modèle taylorien et des moyens d'y parvenir » (Bidet, 2006, p 6). La sociologie du travail d'inspiration friedmanienne, écrit A. Bidet, s'est ainsi saisie de l'objet travail d'une manière singulière. Habitée par un « idéal du métier artisanal », elle cherche avant tout à évaluer le degré d'autonomie ou d'hétéronomie du salarié (Ibid., p 8). Ce parti pris, identifié à un « prisme salarial », ne permet de considérer ni l'épaisseur concrète de l'activité, ni sa dimension temporelle. Paradoxalement, l'acte de travail se voit ainsi rabattu sur une « rationalité instrumentale », qui le sépare de « sa technicité concrète et des formes de création normative qu'elle implique » (Ibid. p 11).

En plaçant au cœur de l'ouvrage la temporalité et la technicité du travail, jusqu'alors souvent négligées, les auteurs parient sur l'intérêt d'appréhender le travail comme un accomplissement pratique. Si le travail implique l'engagement d'un individu dans des situations productives toujours pour partie singulières, il ne s'agit pas pour autant de proposer une approche en terme d'expérience subjective : « pas plus que l'activité ne se réduit à la situation, elle ne se confond avec l'action- les actes de travail réalisés hic et nunc » mais de « s'intéresser à ce qui les déborde » (Ibid., p 15).

Comment prendre en compte à la fois l'indexation des actes de travail, dans l'ici et maintenant, et la relative stabilité des mises en forme qui trament toute l'organisation productive ?

L'ouvrage, à travers ses différentes contributions, apporte avant tout un ensemble d'éclairages sur les normes d'action. Ainsi, Alexandra Bidet, dans sa présentation des différents articles les regroupe en quatre parties selon les degrés de mise en forme du travail. C'est donc moins l'acte lui-même qui est au cœur de la réflexion que les niveaux d'équipement des cadres de l'action. Ainsi, bien que le terme soit présent dans le titre, l'activité, au sens ergologique, n'est pas au cœur de la problématique traitée dans l'ouvrage. « Actes, actions, activités, opérations » sont utilisés comme synonymes décrivant un même type d'événement. L'ouvrage coordonné par Alexandra Bidet traduit en fait, à travers ses différentes contributions, des tentatives de lire la réalité du monde du travail à partir de différents cadres théoriques regroupés au sein des théories de l'action.

Si la sociologie s'intéresse avant tout aux cadres et au déroulement de l'action, du point de vue ergologique, le jugement de ce type d'approche est sévère en raison de la vocation même de l'ergologie qui est de comprendre le monde du travail dans le but d'y intervenir directement.

« C'est précisément la question de l'intervention qui motive de notre part un traitement peut-être un peu polémique : quand on accepte de s'installer dans le champ des théories de l'action, à notre sens "théorie" et "action" se prêtent mutuellement main forte pour neutraliser ce qui est en question dans l'action, ce qui fait problème à vivre hic et nunc ; et ceci au bénéfice d'un démontage des procédures, quels que soient les termes dans lesquels se débat l'action »

(Ibid.).

Les théories de l'action ne permettent donc pas d'intervenir de manière pratique dans la compréhension du travail et la mise en œuvre de solutions pour le transformer. La construction d'une théorie de l'action confond en effet les deux registres de l'engagement d'une personne en situation de travail. Or, il existe une différence, tout

autant qu'une dialectique, entre la théorie qui définit le contexte, les conditions d'exercice d'une activité professionnelle et la pratique qui tente de retravailler cette anticipation par le théorique dans l'ici et le maintenant de la situation.

Tout au long de son développement, Yves Schwartz propose une histoire critique du concept d' « action », en établissant des éléments de comparaison avec le concept d' « activité » pour aboutir à une conclusion moins tranchée que les propos posés au début de son raisonnement :

« Il n'y a donc pas à notre avis, à opposer action et activité, mais à inclure la dimension "praxique" de l'espèce humaine à l'intérieur d'une sorte d'effort vital, dépourvu de conditions aux limites, plus ou moins heureux, plus ou moins contrarié ou douloureux, visant à faire des milieux vivants et sociaux enchâssés les "siens", c'est-à-dire à ne pas s'y vivre seulement au croisement des contraintes, prescriptions, normes générées par l'altérité matérielle et sociale » (Schwartz, 2001, p 89).

Du point de vue de l'ergologie, l'action ne s'oppose donc pas à l'activité mais il est nécessaire de penser d'abord l'activité et la manière dont l'effort vital travaille l'action et ses cadres. Si Yves Schwartz évoque la possibilité d'un rapport dialectique entre action et activité, c'est en réalité un rapport de subordination qu'il propose.

« Ainsi, du point de vue de la connaissance, aux théories de l'action, qui tendront toujours à réduire celle-ci à l'instanciation de situations génériques, pourvues de conditions aux limites et neutralisant l'histoire, nous croyons devoir opposer des rencontres de l'activité, qui, dans le cadre de ce que nous appelons des "dispositifs dynamiques à trois pôles", supposent toujours des processus d'apprentissage réciproque entre l'usage anticipateur des concepts sur les configurations de vie, et la vitalité toujours partiellement renormalisante et resingularisante de l'activité humaine, redéployant en permanence les tâches à venir de l'ambition de savoir » (Ibid. 90).

Notre réflexion sur les apports possibles du cadre conceptuel des « économies de la grandeur », rattaché au courant du renouveau des théories de l'action, en lien avec la démarche ergologique, passe donc par son intégration dans le dispositif dynamique à trois pôles. La spécificité de ce modèle théorique rend cependant cette intégration problématique. L'enjeu sous-jacent à ce débat porte sur la manière dont chacun des deux modèles mobilise la philosophie.

2 Le dispositif dynamique à trois pôles

La place centrale accordée par l'ergologie à l'activité dans l'ici et le maintenant d'une situation d'une personne tout aussi singulière ne signifie pas qu'elle renonce aux savoirs constitués. L'ambition ergologique d'intervenir dans le monde, et plus spécifiquement dans le monde du travail, pour le transformer à partir du point de vue de l'activité s'accompagne également de la volonté de produire un savoir ergologique. Celui-ci peut émerger à partir de la mise en œuvre de ce qu'Yves Schwartz appelle le « dispositif dynamique à trois pôles ». Ce dernier vise à prendre en compte l'activité mais sans nier l'existence de régularités dans l'espace social, de savoirs cristallisés. Les deux premiers pôles de ce dispositif se définissent ainsi :

Le premier pôle est « un pôle des "savoirs disponibles", ou encore des "disciplines"

[...] : ergonomie, économie, sciences du langage, sociologie, droit. Je préfèrerais les appeler des "compétences" qu'on pourrait dire "disciplinaires", parce que la philosophie même de ce dispositif consiste à reconnaître, à requérir et à exiger, ou plutôt à convoquer ces divers savoirs parce qu'il y a des compétences, parce qu'il y a des manières d'approcher des concepts qui nous sont indispensables. Mais il ne s'agit pas des "disciplines" closes les unes sur les autres, parce que ce dispositif-là conduit au contraire à les décloisonner, à les faire travailler les unes par rapport aux autres, je dirais, sous la contrainte du concept d'activité. Par conséquent, il y aurait toute une série de "compétences" disciplinaires convoquées – et la liste n'est absolument pas limitative » (Schwartz in Schwartz, Durrive, 2003, p 261).

Le second pôle est constitué des « "forces d'appel et de rappel" et je dirais "de

travers des débats de normes. Or, ces débats ne peuvent jamais être dans l'instant connus, appréciés, maîtrisés par les savoirs constitués : ni les débats de normes, c'est-à-dire ni le retraitement des valeurs dont on a parlé, ni les savoirs générés à travers l'activité dans le cadre de la double anticipation » (Ibid.).

Le rapport dialectique entre ces deux pôles est fondamental dans le cadre de la démarche ergologique puisqu'il tient justement compte de l'activité comme création de débats de normes, comme retraitement d'exigences déjà présentes, ce que l'ergologie appelle les « normes antécédentes », et comme tentative pour chaque personne au travail de renormaliser dans l'ici et le maintenant de la situation.

Pour que ce rapport dialectique puisse être effectif, l'existence d'un troisième pôle est nécessaire. En effet, « cette mise en confrontation peut avoir lieu uniquement si

existe la claire conscience, je dirais, d'un certain modèle d'humanité, qui fait qu'en face nous regardons notre semblable comme quelqu'un qui est en activité. […] A la fois c'est une exigence éthique, sans doute de respect, mais en même temps, c'est une exigence épistémologique parce qu'il nous manque, si on ne respecte pas cela, un espace de compréhension de ce qui rend possible l'histoire, les institutions, le travail » (Ibid. p 263).

Si ce troisième pôle se caractérise par une définition moins précise, il apparaît en fait comme le lieu d'affirmation d'exigences philosophiques qui rendent possibles la rencontre entre les différents savoirs des deux autres pôles.

« Jusque-là la professionnalité philosophique n'a pas été mise à contribution comme telle, si référence explicite a parfois été faite à ce patrimoine intellectuel. Mais des thématiques, des thèses sont apparues, soutiens nécessaires à ces pratiques et ces synergies de savoir : "modèle d'humanité", communauté ou commensurabilité, valeurs et bien commun, "humanisme énigmatique", refus de l' "exterritorialité", labilité des rapports entre les hommes et les déterminismes sociaux ou techniques... Or ces registres intellectuels, ces thèses n'appartiennent en propre à aucune des disciplines opérantes [...] ; ils anticipent, sous réserve de confirmation, les façons de

traiter son semblable et les situations de la vie sociale. C'est en ce sens que nous croyons qu'il ne peut y avoir de travail fécond dans l'espace activités-savoirs-valeurs sans la présence efficace d'un pôle significatif de l'exigence philosophique » (Schwartz, 2001, p 93).

A partir du dispositif dynamique à trois pôles, et au regard de ce que nous présentions précédemment sur le rapport entre action et activité tel que l'envisage Yves Schwartz, la rencontre entre la sociologie proposée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot n'est possible que selon les conditions de la démarche ergologique. Dans le cadre de ce dispositif, le modèle « des économies de la grandeur » est ainsi considéré comme une compétence disciplinaire permettant d'éclairer sous un jour nouveau les situations de travail dans lesquelles s'engagent les personnes, en insertion ou non. La condition est d'accepter que ce savoir disciplinaire soit mis en confrontation avec « les savoirs investis » émergeant de l'engagement d'une personne dans l'ici et le maintenant d'une situation singulière. En d'autres termes, il s'agit d'interroger la manière dont le modèle des « économies de la grandeur » est travaillé par le concept d'activité dans le cadre du dispositif dynamique à trois pôles.

Cette démarche s'accompagne cependant d'un certain nombre de relations conflictuelles liées justement à la place accordée aux disciplines, et notamment aux disciplines des sciences sociales :

« Certes, bien des collègues d'autres disciplines ont aussi manifesté leur hostilité à une telle réinterrogation des rapports entre paideia et politeia, qui conduisait, par la reconnaissance de la double anticipation, puis par la construction de dispositifs dynamiques à trois pôles, à redisposer l'usage des disciplines, destinées à être présentes sur le champ du savoir plus par "convocation" que par autodéclaration et autojustification de leurs compétences disciplinaires ; la démarche ergologique […] conduit à une perspective épistémologique qui ne peut prendre comme un inconditionné les principes de constitution d'objets autonomes dans le champ des sciences (sociales), mais qui utilise, dans l' "inconfort" permanent, les constructions conceptuelles qui en sont déduites, en les faisant travailler par une double

confrontation : confrontation avec les disciplines voisines, sous la contrainte de confrontation entre anticipations par le concept et anticipations par l'activité » (Schwartz, 2001, p 57).

On comprend aisément le caractère provocateur d'une telle démarche. La convocation de la sociologie, parmi d'autres disciplines, par la philosophie peut en effet résonner comme une provocation pour une discipline dont le geste inaugural a justement été de chercher sa scientificité par rupture avec la philosophie. Dans sa conclusion aux Règles de la Méthode Sociologique, Emile Durkheim adopte une position de principe qui marque durablement la sociologie :

« D'abord, elle est indépendante de toute philosophie. Parce que la sociologie est née des grandes doctrines philosophiques, elle a gardé l'habitude de s'appuyer sur quelque système dont elle se trouve solidaire. C'est ainsi qu'elle a été successivement positiviste, évolutionniste, spiritualiste, alors qu'elle doit se contenter d'être sociologie tout court » (Durkheim, 1967, p 139).

Le projet durkheimien s'étend au-delà d'une simple séparation pour envisager un retournement de l'influence entre philosophie et sociologie. En effet, explique Durkheim, la philosophie a tout intérêt à reconnaître cette indépendance de la sociologie qui par son travail peut redéfinir et enrichir la réflexion philosophique :

« Au reste, la philosophie elle-même a tout intérêt à cette émancipation de la sociologie. Car, tant que le sociologique n'a pas suffisamment dépouillé le philosophe, il ne considère les choses sociales que par leur côté le plus général, celui par où elles ressemblent le plus aux autres choses de l'univers. Or, si la sociologie ainsi conçue peut servir à illustrer de faits curieux une philosophie, elle ne saurait l'enrichir de vues nouvelles, puisqu'elle ne signale rien de nouveau dans l'objet qu'elle étudie. Mais en réalité, si les fondamentaux des autres règnes se retrouvent dans le règne social, c'est sous des formes spéciales qui en font mieux comprendre la nature parce qu'elles en sont l'expression la plus haute. Seulement, pour les apercevoir sous cet aspect, il faut sortir des généralités et entrer dans le détail des faits. C'est ainsi que la

sociologie, à mesure qu'elle se spécialisera, fournira des matériaux plus originaux à la réflexion philosophique » (Ibid., p 140).

Dans ce contexte, la rencontre entre sociologie et démarche ergologique ne peut prendre qu'une tournure de rapport de force. Qui des deux est le plus fort pour convoquer l'autre ?

Cependant, au-delà des positions de principe, les relations entre sociologie et philosophie sont multiples et complexes. Sans entrer ici dans les détails d'une analyse qui nous éloignerait trop de notre objectif, la philosophie est présente de multiples façons dans la sociologie (et l'inverse est également vrai)32. En raison de cette multiplicité des modes d'articulation entre philosophie et sciences humaines, la mobilisation des savoirs disciplinaires par la démarche ergologique nécessite obligatoirement des ajustements. En effet, tout ne fonctionne pas comme si une démarcation nette séparait la philosophie d'un côté et les sciences humaines de l'autre. Du point de vue de l'ergologie, convoquer des savoirs disciplinaires oblige à mobiliser dans le même temps les éléments philosophiques qui le constituent. En raison de l'utilisation spécifique que font Luc Boltanski et Laurent Thévenot de la philosophie, la place du cadre théorique des « économies de la grandeur » au sein du dispositif dynamique pose ainsi un ensemble de problèmes et nécessite des ajustements. Il s'agit notamment de vérifier que les exigences philosophiques du modèle des économies de la grandeur sont compatibles avec les exigences du pôle philosophique du dispositif dynamique à trois pôles.

3 Sociologie, ergologie et exigences philosophiques

Le dispositif dynamique à trois pôles fonctionne dans l'aller-retour entre deux pôles du savoir (ce qu'Yves Schwartz appelle le « socratisme à double sens ») : d'un côté des savoirs disciplinaires, de l'autre des savoirs investis dans l'activité. Le

32 Pour un aperçu de ces différents modes de relation, voir Trépos, 2001. « Chacun sait que c'est par la

netteté de la coupure avec la philosophie que s'accomplit l'un des actes fondamentaux d'établissement de la positivité des sciences sociales. C'est à juste titre qu'on apprend aux débutants en sociologie, par exemple, à réitérer certains gestes purgatifs contre l'essentialisme. Mais, outre que la coupure avec la philosophie ne s'est pas effectuée partout de la même façon et avec la même netteté, il m'apparaît vain d'attendre qu'il n'y ait qu'une mobilisation univoque de la philosophie par les sciences sociales et donc qu'un seul statut épistémologique de cette implication » (Trépos, 2001, p 2).

mouvement permanent de l'un à l'autre comme la garantie d'un traitement convenable de ses semblables et des situations sociales nécessite la présence d'un troisième pôle : le pôle philosophique. Celui-ci offre la garantie d'une construction centrée sur

Documents relatifs