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L'entrée dans le dispositif : des caractéristiques sociales similaires entre

Nous allons tenter ici de mettre en avant les caractéristiques sociale des pratiquants du sport-santé qui peuvent constituer des éléments de compréhension sur l'entrée dans les dispositifs de sport-santé. Nous allons voir que les pratiquants ont des caractéristiques plutôt similaires notamment en terme de genre, de pathologies ou encore d'origine socio-professionnnelle.

Association Nom* du

pratiquant Durée Âge CSP** Pathologies

EPGV

Sylvie 00:21:40 58 Professions

intermédiaires Cancer du sein Carole 00:24:59 63 Employée Cancer du sein

Annie 00:23:00 42 Professions

intermédiaires Fibromyalgie Catherine 00:21:15 62 Employée Cancer des ovaires

Sports Mer Santé Nicole 00:16:07 70 Professions intermédiaires Opération genou/hanche Odile 00:27:35 79 Artisans, commerçants et chefs d'entreprise Cancer du sein Claire 00:48:29 63 Professions intermédiaires Cancer Yvette 00:36:54 72 Inactif Cancer du poumon Moyenne 00:27:30 63,6

L'entrée dans le dispositif : des caractéristiques sociales similaires entre pratiquants * Les prénoms ont été modifiés dans un soucis de confidentialité

** A noter, certaines personnes interrogées sont à la retraite, la CSP fait référence à laquelle ils appartenaient lorsqu'ils étaient actifs.

1. Une pratique largement féminine

Nous avons fait le constat au cours de nos observations que le groupe présent aux séances de longe côte de SMS était composé en moyenne de trois quarts de femmes (75 %). Nous avons fait un constat encore plus marquant au sein de l'EPGV où le groupe était exclusivement féminin. Ces constats font écho aux résultats que Gasparini et al (2015) sur le SSSO à Strasbourg mettaient en avant, où les pratiquants étaient pour 62,7 % d'entre-eux des pratiquantes. Des résultats renforcés par ceux de Bauduer et al (2018) sur le dispositif Biarritz Côte Basque Sport Santé. Nous aurions donc à faire à une pratique largement féminine au regard de ces observations. Nous pourrions interpréter ces constats en nous appuyant sur les travaux de Boltanski (1971) sur Les usages sociaux du corps, il montre effectivement que les femmes prennent plus soin de leur corps que les hommes et qu'elles sont plus attentives à leurs sensations morbides que les hommes. A partir de cela, nous pouvons donc interpréter que la pratique du sport-santé représente un usage du corps spécifique aux femmes, ce qui les conduit à s'investir plus que les hommes dans cette pratique physique à des fins sanitaires.

En conséquence, nous n'avons pu interroger que des femmes dans le cadre de notre enquête. En effet, les femmes sont plus nombreuses à avoir une pratique dans le cadre du sport-santé et elles viennent davantage pratiquer pour leur santé que les hommes. Nous n'avons pas rencontré d'hommes à l'EPGV et les hommes qui venaient pratiquer à SMS sont des hommes souvent seuls qui recherchent un lien social, c'est par exemple le cas de Roger qui apprécie se montrer et se mettre en avant, plus particulièrement auprès des femmes.

Néanmoins, il y a une masculinisation des groupes depuis 10 ans que SMS propose une pratique du longe côte. Les premiers hommes sont venus intégrer les séances de longe côte avec leur femme afin de pratiquer une activité à deux et passer des moments ensemble. Dans ce sens, un des encadrants nous confiait :

L'entrée dans le dispositif : des caractéristiques sociales similaires entre pratiquants

« C'est simple, quand j'ai commencé il n'y avait que des femmes. Les hommes sont venus ensuite avec leur femme pour faire une activité ensemble, surtout quand ils sont à la retraite. Puis maintenant on a aussi des hommes seuls qui cherchent un peu de compagnie » (Corentin, encadrant à SMS)

Si les hommes investissent de plus en plus le sport-santé est-ce seulement pour des raisons sociales ou cela reflète t-il l'émergence d'un nouveau rapport au corps ? Comme nous avions pu le mettre en avant à travers les écrits de Jacques Defrance (2006), les hommes ont plus de conduites risquées et semble prendre moins soin de leur corps que les femmes. Mais il semblerait que ce rapport au corps genré soit en train d'évoluer, c'est ce que nous explique l'un des encadrants :

« Puis on a plus d'hommes parce qu'ils prennent plus soin d'eux je pense, ils font plus attention à leur corps et aussi à leur apparence » (Corentin, encadrant à

SMS)

2. Un pratiquant de « sport-santé » socialement déterminé

Nous avons remarqué que les pratiquants de sport-santé semblaient caractérisée par une homogénéité de l'origine sociale. Les pratiquants que nous avons interrogés semblent être de catégories sociaux professionnelles favorisées, nous avons principalement à faire à des personnes issues des professions intermédiaires. Cette origine sociale semble assez homogène au regard du panel des personnes interrogées. Cependant, ces résultats sont différents en tout point à ceux de Gasparini et al (2015), ceci montraient que les personnes pratiquants dans le dispositif SSSO étaient principalement issues des quartiers populaires de Strasbourg. Cette différence pourrait être à corréler avec le contexte territorial qui peut être plus favorable à Dinard ainsi qu'au mode d'intervention que nous avons pu voir précédemment qui est moins prescriptif et ne fait pas partie d'une politique sociale de la Ville de Dinard. Nous pensons que les personnes venant pratiquer au sein des associations à Dinard ne sont pas forcément les mêmes que celles faisant l'objet d'une prise en charge spécifique à Strasbourg. En corrélation avec l'origine sociale, nous pouvons faire l'hypothèse que ces personnes ont pu acquérir au cours de leur parcours de vie un certains nombres de dispositions en

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lien avec une culture sportive. Nous faisons effectivement le constat sur le terrain que les pratiquants possèdent des antériorités sportives.

Nous souhaitons faire une remarque concernant la catégorie d'âge des pratiquants du sport-santé. Là où dans leurs travaux Gasparini et al (2015) mettait en évidence un âge moyen des pratiquants de 49 ans, nous avons nous fait le constat d'un âge moyen de 63 ans. Nous avons cependant remarqué que les personnes qui pratiquent au sein de l'EPGV sont en moyenne plus jeunes (61 ans) que les personnes pratiquants à SMS (71 ans). Cela s'explique par la population présente au cours des séances, les personnes de l'EPGV étant encore pour certaines en activité professionnelle avec un arrêt de travail.

Nous avons également fait le choix de mener l'étude de la durée de pratique, c'est à dire du temps écoulé depuis l'arrivée dans la structure. Cette analyse est fort intéressante car elle nous fournit des informations sur la nature même du dispositif dans le sens où ce temps illustre les finalités et objectifs de la structure. Nous avons donc une durée de pratique au sein de SMS qui est relativement longue, avec une moyenne de 9 ans depuis le début de la pratique qui renseigne bien le caractère durable de l'engagement mais surtout le mode d'intervention que nous avons pu nommer « intégré à la pratique ». Tandis que du côté de l'EPGV nous avons des arrivées récentes (inférieures à 1 an) au sein d'un dispositif que l'on peut nommer « passerelle » qui est censé permettre aux pratiquants de reprendre progressivement une activité physique avant de s'orienter vers une autre activité.

Nous nous sommes intéressé également à l'orientation ou non des pratiquants, une caractéristique pertinente au regard du sport-santé. Nous avons remarqué qu'aucun des pratiquants n'a fait l'objet d'une prescription médicale d'une activité physique et sportive par son médecin. Cela semble illustrer la faible mobilisation du sport sur ordonnance sur le territoire de Dinard. En revanche, certains pratiquants ont été orientés ou guidés par un proche, principalement des amis, ou par un éducateur sportif vers une structure mettant en place des activités physiques adaptées.

Les conditions sociales d'engagement dans une pratique de « sport-santé »

X. Les conditions sociales d'engagement dans une pratique de