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Enquête auprès des praticiens

Dans le document Le laser en odontologie pédiatrique (Page 90-93)

III. Utilisation du laser au quotidien en odontologie pédiatrique

3.1 Enquête auprès des praticiens

Nous nous sommes interrogés sur l’utilisation au quotidien du laser. Nous avons souhaité savoir s’ils l’utilisaient souvent chez les enfants, et quels étaient ses avantages et ses inconvénients. Enfin, nous leur avons demandé leurs avis sur la fiabilité des soins réalisés : nous allons voir si leurs réponses concordent avec les résultats des études précédemment citées.

Nous avons contacté environ 45 praticiens et nous leur avons transmis un questionnaire à remplir (annexe 1) via internet. Nous avons obtenu 27 réponses que nous commentons ci- dessous. 88 % des praticiens interrogés ont une activité libérale.

Pour commencer, nous nous sommes intéressés au matériel utilisé et aux formations réalisées par les praticiens.

Les lasers les plus répandus sont les lasers diode et Nd : YAP, retrouvés respectivement chez 37 % et 48 % des praticiens interrogés. Plus d’un quart d’entre eux ont la possibilité d’utiliser un laser CO2 ou erbium. En effet, 44 % des professionnels équipés possèdent deux lasers.

Les praticiens ont été majoritairement formés par la société commercialisant le laser. Cette formation a été complétée par l’aide et les connaissances d’un confrère ou d’une société savante. Les formations universitaires sont aussi retrouvées, mais plus rarement. Les formations

sont courtes, s’étalant sur quelques jours. Peu de praticiens ont réalisé des formations annuelles.

La durée nécessaire pour maîtriser le laser est très variée : très courte pour certains (quelques heures), elle est plus longue pour d’autres (quelques mois) qui soulignent qu’un nouveau laser redemande un temps d’apprentissage. Cela s’explique aussi par les gestes pour lesquels le laser est utilisé : réaliser une gingivectomie ou une pulpotomie ne demandera pas la même expérience.

Nous nous sommes ensuite intéressés aux fréquences de réalisation de soins en odontologie pédiatrique. Les praticiens sondés exécutent des soins au laser majoritairement chez les adultes depuis plus de 5 ans. 17 % des praticiens n’en réalisent jamais chez l’enfant.

Les praticiens employant leur(s) laser(s) dans ce domaine sont 10 % à réaliser des soins très fréquemment chez les enfants, 25 % à en réaliser souvent, 40 % à en réaliser parfois et 25 % en réalisent très rarement.

Les praticiens soignant les adultes avec un laser depuis moins d’un an ne l’emploient pas chez les enfants. Nous pouvons supposer que ces praticiens attendent d’avoir plus de pratique

clinique pour soigner les enfants.

Nous nous sommes demandés quels étaient les actes les plus fréquemment réalisés. Comme nous pouvions nous y attendre au vu des lasers employés, ce sont les actes chirurgicaux qui sont les plus exécutés par les praticiens. Près de 60 % d’entre eux emploient fréquemment leurs lasers pour les frénectomies labiales et les gingivectomies. Les exérèses de kystes éruptifs (52 %) sont aussi très réalisées.

40 % des praticiens disent utiliser très souvent leurs lasers pour la biostimulation et les frénectomies linguales ;

En odontologie conservatrice les actes les plus souvent réalisés sont les scellements de sillons chez 33 % des praticiens. Ils sont très peu nombreux à employer fréquemment leur laser pour des exérèses de tissus carieux, des pulpotomies, des pulpectomies et des coiffages pulpaires chez les enfants.

Peu d’entre eux sont équipés d’un laser permettant le diagnostic des lésions carieuses, donc cet acte n’a pas pu être apprécié.

Enfin, l’évaluation de la vitalité pulpaire est réalisée très fréquemment à l’aide du laser chez 20 % des praticiens : des tirs lasers d'intensité croissante sont appliqués en vestibulaire au niveau du collet de la dent : comme avec les tests thermiques le résultat est basé sur les sensations.

Tous les praticiens réalisant ces soins chez les enfants trouvent que les résultats obtenus sont fiables, voire très fiables.

Sur le sujet de l’impact psychologique du laser chez les enfants, les réponses sont mitigées : o 59 % des praticiens trouvent que le laser permet de soigner les enfants réticents aux bruits et

aux vibrations.

o Selon 68 % des praticiens, le laser n’est pas un outil permettant de soigner les enfants réticents aux anesthésies : cela sous-entend qu’ils sont très peu à trouver l’effet analgésique du laser efficace. Nous pouvons nous demander si cela est dû à un manque de formation, de temps (l’analgésie laser peut être plus longue) ou si c’est influencé par le type de soin le plus fréquemment réalisé : l’analgésie laser est moins efficace pour les actes chirurgicaux.

o Ils sont nombreux (64 %) à trouver que la durée des soins est allongée. Ils trouvent aussi que le laser ne présente pas moins de danger que les instruments rotatifs (82 %).

o A l’affirmation « le laser peut réconcilier l’enfant à son dentiste », nous obtenons 52 % de réponses positives.

o 73 % des praticiens ont été plutôt satisfaits (43 %), voire très satisfaits (30 %) par l’application du laser chez les enfants et 76 % des praticiens trouvent que le laser est un outil tout à fait adapté à une utilisation en pédodontie.

Cependant, comme nous l’avons retranscrit précédemment, ils sont très peu nombreux à réaliser fréquemment des soins chez les enfants. Les praticiens évoquent comme difficultés le manque de rentabilité et la durée des soins. En effet, face à l’investissement réalisé et à l’absence de prise en charge dans le système de soin actuel, il est nécessaire d’inclure ce type de soin dans un devis. Cela peut être une des raisons expliquant que le laser soit finalement très peu utilisé chez les enfants, malgré l’enthousiasme des professionnels face à son application en odontologie pédiatrique.

D’autres observations des praticiens expliquent aussi cet engouement modéré : l’un d’entre eux évoque le manque de formation hors contexte de vente et le manque de publication dans la presse professionnelle. Un autre rappelle le manque de recul scientifique pour cette pratique qui lui semble très prometteuse.

Ces résultats sont finalement peu optimistes sur les bénéfices du laser en odontologie pédiatrique : cela n’en fait pas un instrument de soin des enfants anxieux et les risques d’accidents sont autant présents qu’avec les instruments rotatifs, même s’ils sont différents.

Cependant, les personnes interrogées citent de nombreux soins pour lesquels le laser leur est devenu indispensable :

- la gestion de l’hémostase, - les frénectomies,

- les interventions gingivales,

- les décapuchonnages des molaires et les exérèses de kystes éruptifs, - la biostimulation,

- plus rarement : les scellements de sillons.

Cela nous démontre que le laser a sa place dans les soins en odontologie pédiatrique, mais que ce n’est pas l’appareil « miraculeux » qui résout tous les problèmes. Son utilisation s’inscrit dans des protocoles très exigeants qui ne pourront être réalisés qu’avec des enfants attentifs et calmes.

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