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1 INTRODUCTION GÉNÉRALE

1.2 La conversion à l’AB : une transition agroécologique à étudier sous l’angle de la

1.2.4 Les enjeux scientifiques

Les enjeux scientifiques sont de deux ordres : (i) méthodologiques pour proposer une méthode d’évaluation dynamique de la vulnérabilité des exploitations agricoles opérant une transition agroécologique comme la conversion à l’AB, et (ii) cognitifs, pour produire des connaissances actualisées et contextualisées sur l’évolution de cette vulnérabilité lors de la conversion à l’AB des exploitations bovin lait.

Les enjeux méthodologiques

Au niveau méthodologique, l’analyse de la littérature a mis en évidence plusieurs limites pour l’analyse de la vulnérabilité des exploitations agricoles pendant une transition agroécologique comme la conversion à l’AB :

− le cadre ESR et ses déclinaisons sont difficilement mobilisables pour le cas de la conversion à l’AB. Beaucoup de systèmes sont re-conçus lors de la conversion à l’AB, et il peut s’avérer très difficile de distinguer les différents niveaux de changement par l’application de ce cadre. De plus, les déclinaisons de ce cadre restent assez descriptives et ne mettent pas en relation les évolutions des pratiques des agriculteurs avec celles des performances des fermes.

− les travaux d’analyse des dynamiques des systèmes agricoles sur des horizons temporels longs ne proposent pas de méthode largement partagée, et ils analysent des évolutions de systèmes sur des pas de temps pluriannuels, alors que la production de références sur les stratégies d’adaptation réduisant la vulnérabilité lors de la conversion nécessite un pas de temps annuel pour l’accompagnement des agriculteurs. De plus, ces travaux n’abordent pas les dimensions plus sociologiques de la conversion alors que ces aspects de valeurs et motivations des agriculteurs font partie intégrante de notre question de vulnérabilité.

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− les travaux spécifiques à la conversion à l’AB manquent de recherches intégrant les différentes dimensions de la conversion : en terme d’échelles, de disciplines, de types d’indicateurs de performances. Ils pointent l’importance de discuter des motivations des agriculteurs en allant au contact des acteurs avec des méthodes compréhensives. Mais ces études ne recueillent pas les perceptions des agriculteurs au moment de leur conversion (elles le font a postériori) et elles ne permettent pas de suivre l’évolution de ces perceptions sous l’angle de la vulnérabilité. Enfin, ces travaux mettent en lumière la nécessité de contextualiser les résultats obtenus (à une filière et dans un contexte socio-géographique donné).

− le cadre d’analyse de la résilience des exploitations agricoles permet de mettre en lumière des grands principes favorables à cette résilience. Mais faute de méthode d’évaluation largement partagée et d’indicateurs quantitatifs associés, ces principes ne sont pas associés à des seuils à respecter (par ex. un seuil de diversité minimum et maximum à respecter) et demeurent difficiles à transposer d’une situation à une autre.

− le cadre de la vulnérabilité, par ses développements méthodologiques qualitatifs et quantitatifs, nous permet d’explorer la question de la conversion à l’AB de manière systémique avec la prise en compte de la dynamique annuelle sur un temps long, et la considération de plusieurs variables de vulnérabilité de manière conjointe. Mais cela nécessite des adaptations au cas d’une transition agroécologique comme la conversion à l’AB. Ces adaptations doivent permettre de traiter la question de la conversion de manière intégrée, en considérant notamment que la vulnérabilité peut être évaluée du point de vue des agriculteurs et/ou à partir de variables plus classiquement utilisées dans les sciences agronomiques.

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Il y a donc un enjeu à développer une méthode d’analyse de l’évolution de la vulnérabilité pendant une transition agréocologique qui présenterait les caractéristiques suivantes:

− une approche intégrée c’est-à-dire articulant les apports de plusieurs disciplines, plusieurs échelles temporelles, plusieurs types de variables de variables de vulnérabilité (des ressentis d’agriculteurs qualitatifs ou des variables quantitatives plus classiquement utilisées dans les sciences agronomiques) ;

− une analyse dynamique au grain annuel afin de distinguer clairement et finement les niveaux de changement, ce qui est important pour l’opérationnalité des résultats auprès des agriculteurs ;

− une explication de l’évolution de la vulnérabilité par les évolutions de stratégies d’adaptation mises en œuvre par les agriculteurs au cours du temps ;

− une méthode adaptée au cas des exploitations d’élevage bovin laitier pour prendre en compte les spécificités de cette filière, et contextualisée à des zones géographiques cohérentes.

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Les enjeux cognitifs

La littérature scientifique présente des limites importantes concernant les connaissances sur l’évolution de la vulnérabilité des exploitations agricoles lors de la conversion à l’AB :

− les travaux spécifiques à la conversion à l’AB questionnent beaucoup les motivations au changement mais sans faire de lien avec la question de la vulnérabilité, alors même que la gestion des risques est pointée comme un facteur important durant la conversion, et que la production de connaissances sur cette phase spécifique permettrait de les réduire. Il faut actualiser ces questions sous l’angle de la vulnérabilité et les contextualiser au cas de la conversion des exploitations d’élevage bovin laitier.

− les travaux sur la conversion traitent peu des différentes adaptations techniques qui peuvent être mises en place par les agriculteurs pendant la conversion, et de leurs impacts sur des variables de performance. Très peu d’éléments sont donc disponibles pour savoir quelles adaptations techniques pourraient permettre de réduire la vulnérabilité des exploitations lors de leur conversion à l’AB.

Il y a donc un enjeu à produire des connaissances contextualisées et actualisées sur l’évolution de la vulnérabilité des exploitations d’élevage bovin laitier lors de la conversion à l’AB pour savoir :

− si la vulnérabilité est un facteur important dans la prise de décision de conversion par les agriculteurs ;

− si la conversion à l’AB peut permettre de réduire la vulnérabilité ;

− quelles sont les différentes adaptations techniques qui peuvent réduire cette vulnérabilité.

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Il y a des enjeux scientifiques :

(i) méthodologiques pour proposer une méthode d’évaluation dynamique de la vulnérabilité des exploitations agricoles opérant une transition agroécologique ;

(ii) cognitifs, c’est-à-dire de production de connaissances actualisées et contextualisées sur l’évolution de cette vulnérabilité des exploitations d’élevage bovin laitier lors de la conversion à l’AB.

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