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passage logique

3.3.6. Enjeux de la sociolinguistique :

Si la visée sémiologique nous permet de décrypter les enseignes commerciales, l’approche sociolinguistique est utile pour l’interprétation de ces écrits urbains. Pourquoi la sociolinguistique ? L’approche sociolinguistique se voit utile pour l’interprétation de ces écrits urbains comme écrits sociaux car il

56 Leonard Bloomfield, 1970, Le langage, Payot, Paris, p. 44 cité par Louis-Jean Calvet, 1994, Les voix de

la ville. Introduction à la sociolinguistique urbaine, Payot/Rivages, Paris, p. 90

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76 s’avère très difficile de comprendre les faits de la langue sans référence au social.

Nous citons les propos de Claudine Moïse : «Il y a donc cette

sociolinguistique langue, elle prend les différences sociales à travers des catégories préétablies essentialistes (sexe, âge, origine, catégories socioprofessionnelles) dans une forme de réduction nécessaire, maniable et pratique. Mais il y a encore une autre approche de la sociolinguistique et donc de la sociolinguistique urbaine qui prend des chemins de traverse. Celle qui dira donc la ville aussi »58

Comme cette citation le démontre, la sociolinguistique est caractérisée par la focalisation sur nombre de variables dans ses études pratiques : le sexe, l’âge, l’appartenance ethnique/communautaire, statut socioprofessionnel…. Les variables, qui existent réellement chez les individus parlants et dans la société en général, pourraient guider le sociolinguiste à vérifier ses hypothèses sur terrain.

Ainsi dit, la sociolinguistique étudie la langue dans son contexte social. Elle nous aide à saisir la réalité communicative des enseignes ou les affiches publicitaires car elle privilégie l’observation et l’analyse des variations de la langue de ses divers usages.

Dans notre recherche nous avons mis lumière entre les relations existantes entre espace et langue : « qui dit langue dit sociétés »59. De ce fait, c’est en ce sens que les affiches et les enseignes sont intéressantes car elles nous permettent de bien comprendre la situation sociolinguistique urbaine de l’espace que nous habitons ou explorons. C’est donc une aventure de découverte double qui existe entre la ou (les) langue (s) et l’espace et entre cette (ces) langue (s) et les individus dont est composée la société.

58

Claudine Moïse, 2003, « Des configurations urbaines à la circulation des langues …ou ..les langues peuvent Ŕelles dire la ville ? » Dans Sociolinguistique urbaine, frontières et territoires, Proximités, E.M.E, Coril-Woton, p.143

59 T. Médifène, « Espace, langage et représentation dans la ville d’Alger », dans Thierry BULOT et Vincent VESCHAMBRE, 2006, Mots, traces et marques…op. cit., p. 143

77 Selon Louis-Jean Calvet : « Nous considérons […] la politique

linguistique comme l’ensemble des choix conscients effectués dans les domaines des rapports entre langue et vie sociale et plus particulièrement entre langue et vie nationale ,et plus particulièrement entre langue et vie nationale ,et une planification linguistique ,comme a recherche et la mise en œuvre des moyens nécessaires à l’application d’une politique linguistique »60

.

D’après cette citation sur la politique linguistique, ce sont les mesures ou les choix, des orientations touchant à la forme d’une langue .C’est l’action de l’état à la gestion de sa langue officielle et cette intervention se manifeste à tracer des objectifs à lancer des programmes et selon Louis Jean Calvet, c’est l’enrichissement lexical, ou de lutter contre les influences étrangères.

60 L-J. Calvet, 1987, La guerre des langues et les politiques linguistiques. Payot et Rivages, Paris, pp 154-155

78 De ce fait, on parle de deux politiques différentes :

3.3.6.1. Politique linguistique qui touche au statut d’une langue :

C’est le type de politique étatique qui sert à gérer la situation et le statut de la (ou des) langue (s) pratiquée (s) par les citoyens appartenant à ce territoire ou espace géographique. Le premier acte que peut faire l’Etat est de « construire » des lois ou projets de lois relatifs au statut national d’une telle ou telle langue. Ces projets auront, par la suite, une large diffusion dans les institutions étatiques (écoles, administration, urbanisation…).

3.3.6.2. Politique qui modifie le corpus et ses différentes applications :

Il y est affaire des formes d’une langue, sur le plan de lexique (ou lexical) d’une langue ou sur sa morphologie. Cette politique linguistique est confirmée par Calvet, qui la voit comme intervention enrichissant le lexique, une véritable stratégie de lutte contre les influences étrangères « épuration »61. L’Etat pense, en effet, à consolider les apports de ces (ses) langues dans le renforcement de l’identité national, même dans le cas où cette dernière est caractérisée par une richesse dans les systèmes linguistiques locaux. C’est dire que l’Etat voit cette richesse, à travers le statut plurilingue de la nation, comme facteur déterminant le mieux possible de l’identité communautaire.

Pour certains sociolinguistiques, la politique linguistique est une stratégie étatique de la mise en œuvre d’une langue au sein d’une même communauté en parallèle avec d’autres langues ou variétés linguistiques qui sont différentes sur le plan de la norme d’usage ou ayant le même registre. Ce travail et cette réflexion contribuent efficacement à rendre les langues en questions officielles et/ou standards.

79 Généralement, les objectifs sont de caractère politique, économique ou social et la langue n’est qu’un moyen à ces fins. Mais comment la politique linguistique peut se traduire ? Didier De Robillard renforce l’idée que la politique linguistique est la réalisation étatique à travers les institutions (assemblée nationale, partie législative). Cette opération est appelée « aménagement linguistique ». Elle s’applique à plusieurs niveaux. Ces niveaux seront présentés dans le point suivant.