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3. Résultats

3.3. SC3 : fonction indépendante

3.3.1. Empowerment et culture sanitaire

Les finlandais, Heikkinen, Leino-Kilpi & Salanterä (2012), ont réalisé une étude dont l’objectif était de comparer les connaissances acquises par les patients avec l'éducation sur Internet (n=72) et l’enseignement donné par une infirmière (n=75) auprès de patients subissant une chirurgie orthopédique en ambulatoire (p. 295). Ils ont trouvé qu’avoir eu une expérience antérieure en chirurgie ambulatoire augmente le niveau et la quantité des connaissances (Heikkinen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2012, p. 298). D’autres auteurs (Berg, Arestedt & Kjellgren, 2013) attestent aussi que l’expérience antérieure de la chirurgie ambulatoire ainsi qu’un entraînement physique structuré en postopératoire ont été reconnus comme aidant au

rétablissement (p. 1633). Dans ce même ordre idée, Stutz Steiger et Spycher (2006), disent que la culture sanitaire influence le mode de vie des individus et leur état de santé. Ainsi, un bon niveau de culture sanitaire accélère le rétablissement et favorise le bien-être psychologique.

L’éducation par Internet a permis d’augmenter le niveau de connaissance des patients significativement plus que ceux ayant reçu une éducation par une infirmière (Heikkinen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2012, p. 297). De plus, l’éducation préopératoire par Internet des patients en chirurgie orthopédique ambulatoire leur a permis d’acquérir un score élevé de connaissances : 79.96/100 dans le premier temps de mesure. Au deuxième temps de mesure, à deux semaines postopératoires, le score est évidemment légèrement plus faible : 78.15/100 (Heikkinen, Suomi, Jääskeläinen, Kaljonen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2010, p. 287). Les patients n’ayant pas de formation professionnelle, autoévaluaient leurs connaissances comme étant plus basses que ceux ayant une formation (Heikkinen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2012, p. 298). En effet, le bas niveau d’éducation constitue un obstacle à la culture sanitaire (Downey & Zun, 2008 ; Kutner, Greenburg, Jin & Paulsen, 2006 ; Weiss, 2007). Ainsi, pour promouvoir le développement de la culture sanitaire, les infirmières doivent améliorer l’accès à l’information (Delétroz, 2014, p. 11), en renseignant les patients de l’existence de sites Internet pour leur éducation, par exemple. Cependant, les patients ne passent pas le même temps sur le site Web et n’y vont pas le même nombre de fois. Plus le patient utilise le site et plus il aura de connaissances (Heikkinen, Suomi, Jääskeläinen, Kaljonen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2010, pp. 285, 287). Pour comprendre comment appliquer l’information, il est important de prendre connaissance des domaines dans lesquels l’information doit être donnée (Nutbeam, 2000 ; Stutz-Steiger & Spycher, 2006). En effet, l’étude concernant la création du site Web pour l’éducation des patients

montre qu’un tiers de ceux-ci a dit que toutes les pages du site ont été utiles et un autre tiers a déclaré que la page Web sur les « préparations à l'opération » était la plus utile. Les autres pages ayant été les plus utiles aux patients son : « les questions les plus importantes relatives à la préparation de l'opération », « les événements de la journée de l'opération » et « le retour à domicile et les soins de suivi » (Heikkinen, Suomi, Jääskeläinen, Kaljonen, Leino-Kilpi & Salanterä, 2010, p. 287).

Concernant l’empowerment des patients, l’étude de Berg, Arestedt & Kjellgren (2013), montre que le soutien par les professionnels de la santé au travers de commentaires positifs a été aidant pour les patients. Une humeur positive et une attitude optimiste quant à l'issue de la chirurgie, la confiance du patient en lien avec sa situation postopératoire à domicile, ont été perçues comme bénéfiques pour le processus de rétablissement. Il a aussi été relevé qu’une forte confiance en soi est bénéfique pour prévenir les sentiments de solitude et d'insécurité à domicile en postopératoire. De plus, le fait d’avoir bien planifié et structuré ses journées a été considéré comme une manière positive d’éviter les sentiments d’impuissance et d’inutilité (p. 1635). En effet, le processus d’empowerment permet aux patients d’accroître leurs habiletés, favorisant l’estime de soi, la confiance en soi, ainsi que l’initiative et le contrôle (Eisen, 1994). Au contraire, lorsque le rétablissement ne se passait pas comme prévu et que les résultats n’étaient pas ceux que les patients imaginaient, cela leur provoquaient de l’anxiété par rapport à leur avenir, leur travail et leur rôle de parent. Le fait d’être catégorisé « malade » générait également le sentiment de ne plus être utile (Berg, Arestedt & Kjellgren, 2013, p. 1635).

Phaneuf en 2013, stipule que dans le contexte ambulatoire, l’éducation au patient est une obligation incontournable car l’individu retournant à domicile après une intervention chirurgicale, doit être en mesure de soulager ses symptômes, de

repérer tous signe de complication et de savoir comment prendre son traitement (p. 4). En effet selon Mitchell (2014), une information préopératoire et postopératoire de qualité était un des aspects des soins qui influençait positivement le rétablissement à domicile et la perception d’être pleinement préparé à tous les événements pouvant survenir durant le rétablissement (p. 6). De plus, d’autres auteurs américains (Jones, Duffy & Flanagan), ont réalisé une étude en 2011 dont le but était de vérifier l’hypothèse qui soutient que les patients en chirurgie arthroscopique ambulatoire recevant une intervention téléphonique d’une infirmière pour les « coacher » (n=52), auront significativement moins de symptômes de détresse et un meilleur état de santé fonctionnel que le groupe de comparaison qui reçoit la pratique usuelle (n=50) (p. 92). Les résultats montrent que les appels de coaching infirmiers, ont permis une diminution des symptômes de détresse ainsi qu’une meilleure santé physique et mentale (Jones, Duffy & Flanagan, 2011, pp. 96, 98). Dans le même registre, Berg, Arestedt & Kjellgren (2013) montrent que les patients estimaient important de suivre les conseils d'auto-soins qu'ils avaient reçus. Ces auteurs insistaient sur le fait que la préparation à la chirurgie et le fait d’être prêt à agir sur ses besoins en auto-soins en postopératoire étaient des conditions essentielles à la gestion du rétablissement à domicile (pp. 1633, 1635-1636). Longpré, Forté, O’Doherty & Vissandjée (1998) disent aussi que toutes ces informations favorisent l’empowerment des patients en leur donnant la possibilité de développer des compétences leur permettant de satisfaire leurs besoins, de mobiliser leurs ressources, dans le but qu’ils se sentent capables de contrôler leur vie et d’en être maître (p. 7). A noter également que certains patients ne s’étaient pas préparés à la chirurgie car ils estimaient qu'une procédure chirurgicale ambulatoire était mineure (Berg, Arestedt & Kjellgren, 2013, p. 1633). Ainsi, une faible culture sanitaire se manifeste ici par une mauvaise compréhension des

prescriptions et de l’information, un manque de connaissance au sujet des maladies et de la procédure médicale (Shieh, Belcher & Habermann, 2012).

En 2006, l’OMS rappelle que la promotion de la santé doit intégrer des stratégies efficaces d’autonomisation, passant par l’augmentation des habiletés des patients, de leur responsabilisation, de leur capacité à prendre des décisions et par le développement d‘une relation de partenariat soignant-patient, l’advocacy et l’éducation (p. 3). En effet, l’étude de Berg, Arestedt & Kjellgren (2013), montre qu’un sentiment de gratitude de la part des patients était mis en évidence quand une décision avait été prise en négociation avec eux tandis que, lorsque les patients n’étaient pas impliqués, ils se sentaient exclus et marginalisés (p. 1635).

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