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1. Recension des écrits

1.3 Anémie falciforme et vitamine D

1.3.4 Supplémentation en vitamine D pour l’anémie falciforme

1.3.4.1 Efficacité de la supplémentation

Seules 10 études de supplémentation en vitamine D ont été réalisées chez les personnes ayant l’AF. Parmi celles-ci, la plupart ont été réalisées chez des enfants (9 études sur 10)(47, 53, 55, 79, 97-101) et ont évalué la supplémentation en cholécalciférol donnée par voie orale (8 études sur 10)(47, 53, 55, 79, 98-101). Dans ces études, les posologies utilisées et la fréquence d’administration varient grandement : allant de 400 à 7 000 UI par jour à des bolus donnés de façon hebdomadaire, bi-mensuel ou mensuel allant de 12 000 à 600 000 UI. Toutes les études ont vu une amélioration des taux sériques de 25(OH)D à des degrés variables selon les posologies utilisées et les populations étudiées, ce qui suggère que les individus atteints d’AF ne présentent pas d’atteinte de l’absorption intestinale de vitamine D. Une étude utilisant une des posologies les plus faibles a été réalisée chez 58 garçons ayant l’AF âgés entre 2 et 6 ans avant une opération de circoncision. Dans cette étude à double aveugle, le groupe prenant 400 UI par jour avait des taux sériques de 25(OH)D de 81 nmol/L après 6 mois comparativement au groupe n’ayant rien reçu qui avait plutôt des taux moyens se situant à 39 nmol/L (p<0,001)(99). Dans l’étude de Dougherty et al., des supplémentations quotidiennes beaucoup plus importantes, soit de l’ordre de 4 000 UI à 7 000 UI de vitamine D3, ont été administrées pendant

12 semaines chez 21 enfants ayant l’AF et 23 contrôles sains lors d’une étude randomisée contrôlée(79). Dans celle-ci, la déficience en vitamine D, soit des taux sériques de 25(OH)D de moins de 50 nmol/L, a été éliminée seulement pour les participants ayant reçus 7 000 UI par jour. Toutefois, aucun groupe n’a atteint la cible qui était des taux sériques de 25(OH)D de 80 nmol/L ou plus chez plus de 80% des participants. Pour ce qui sont des études utilisant des bolus

de vitamine D, l’étude randomisée contrôlée à double aveugle de Osunkwo et al. est une des mieux construites. Celle-ci est d’ailleurs la seule sélectionnée pour la revue de la littérature <<Vitamin D supplementation for sickle cell disease>>(103). Dans cette étude, 39 patients âgés entre 7 et 21 ans ont reçu, soit des doses de vitamine D variant entre 240 000 et 600 000 UI, ajustées selon le poids du participant, et données sur une période de 6 semaines(100) ou un placebo. Les deux groupes recevaient également des doses quotidiennes de 200 UI de vitamine D et 500 mg de calcium. Le groupe recevant le bolus de vitamine D a vu une augmentation statistiquement significative de ses taux de 25(OH)D : après 8 semaines, les taux s’étaient élevés de 29,79 nmol/L alors qu’après 16 semaines, les taux étaient plus élevés de 12,67 nmol/L comparativement aux dosages initiaux. Le groupe n’ayant reçu que 200 UI par jour n’a vu aucune augmentation dans ses taux sériques de 25(OH)D. Toutefois, le taux d’abandon était très élevé dans le groupe placebo avec 13 enfants sur 19 abandonnant avant la fin de l’étude, ce qui a pu biaiser les résultats. Une des études de supplémentation ayant le plus de participants a comparé des bolus mensuels de 100 000 UI vs. 12 000 UI de vitamine D3 donnés sur une période

de 2 ans chez 62 enfants(55). Après 20 mois, le groupe recevant 100 000 UI par mois avait des taux de 25(OH)D à 92 nmol/L alors que le groupe recevant des bolus de 12 000 UI était à 48 nmol/L. Initialement, les taux de 25(OH)D moyens étaient de 36 nmol/L, donc les deux groupes ont vu une amélioration de leur statut nutritionnel en vitamine D, bien que cette amélioration ait été moins grande chez le groupe recevant 12 000 UI. Plus récemment, une étude longitudinale a évalué l’efficacité d’une supplémentation prophylactique en vitamine D chez 80 enfants avec AF(98). Les doses évaluées étaient de 800 UI/jour ou entre 25 000 et 50 000 UI/mois. Les doses mensuelles n’ont pas pu être évaluées pour ce qui est de leur efficacité, puisque ces doses ont été ajustées selon les taux initiaux de 25(OH)D dans le but de corriger plus efficacement la déficience ou insuffisance en vitamine D des enfants. Dans cette étude, l’âge auquel les patients ont débuté la supplémentation prophylactique en vitamine D était négativement relié à leurs taux de 25(OH)D. Selon les analyses multivariées, la supplémentation de 800 UI/jour de vitamine D était considérée comme un facteur de protection pour atteindre des taux de 25(OH)D suffisants (25(OH)D≥75 nmol/L). Cependant, seuls 15 des 80 enfants à l’étude recevaient une supplémentation quotidienne et les enfants non adhérents à leur supplémentation ont été exclus de l’étude, ce qui limite la portée des résultats obtenus. Les autres études faites chez les enfants avec une supplémentation en vitamine D3 ont été réalisées spécifiquement chez des enfants

ayant une déficience ou une insuffisance en vitamine D dans le but de rétablir leurs taux de 25(OH)D à des taux suffisants ou optimaux et ont, elles aussi, été efficaces à augmenter les taux de 25(OH)D(47, 53, 97, 101). Enfin, seules deux études ont évalué la supplémentation en vitamine D2 : une réalisée chez des enfants déficients en vitamine D sous programme

transfusionnel (audit de pratique clinique) et une autre réalisée chez des adultes. Dans la première, les taux moyens de 25(OH)D des enfants sont passés de 15 nmol/L à 70 nmol/L pour les enfants qui ont reçu une dose intra-musculaire de 300 000 UI d’ergocalciférol(97). En comparaison, les enfants ayant été traités pendant 4 jours avec une haute dose de cholécalciférol (20 000 UI si l’enfant pesait moins de 30 kg et 40 000 UI lorsque le poids était plus élevé que 30 kg) ont vu leurs taux moyens s’élever de 28 à 112 nmol/L. Les auteurs mentionnent ainsi avoir vu une plus grande augmentation de la 25(OH)D chez les enfants ayant reçu les doses de cholécalciférol bien qu’il n’y avait pas de différence significative dans le nombre de jours de suffisance en vitamine D après le traitement. Dans la deuxième étude, la seule réalisée uniquement chez des adultes, 14 personnes ont reçu une supplémentation en vitamine D2

pendant 12 mois (doses de 50 000 UI par semaine pendant 8 semaines, puis une semaine sur deux pendant 44 semaines) en combinaison avec 1 000 mg de calcium carbonate. Tout comme les enfants, ceux-ci ont vu une normalisation de leurs taux de 25(OH)D avec une moyenne de 86 nmol/L post-traitement comparativement à une moyenne de 29 nmol/L pré-traitement. En somme, la supplémentation en vitamine D3 semble efficace pour rétablir les taux de 25(OH)D

à des niveaux suffisants chez les enfants avec AF. Toutefois, les posologies et fréquence de traitement optimaux restent à déterminer chez cette population, les posologies correspondant aux recommandations standards n’étant pas toujours efficaces pour normaliser le statut en vitamine D de ces enfants. De plus, il y a encore très peu de données sur la supplémentation en vitamine D2 chez cette population, bien que les résultats actuels semblent démontrer que celle-

ci serait efficace également pour normaliser les taux de 25(OH)D.

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