Questionnaire patients recevant la kétamine hypertention intracrânienne Oui(1)/Non(0)
3. Efficacité de la kétamine sur la composante physique de la douleur totale
a) Diminution de lintensité de la douleur physique
Dans notre étude, la kétamine diminue significativement lintensité de la douleur physique dans 2 des 3 sous-groupes. Mais il existe également une diminution significative de cette douleur dans les sous-groupes témoins. Il nexiste pas de différence significative entre les deux groupes.
La plupart des études montrent bien une diminution de la douleur physique. Par exemple, létude faite par le Dr KANNAN et son équipe à New Delhi a montré en 2002 que des doses infraanesthésiques (0,5mg/kg x3/j soit
90mg/j pour un patient de 60kg) par voie orale ont diminué lintensité de la douleur physique chez 8 des 9 patients pendant 2 semaines. 3 de ces patients ont arrêté la kétamine après ces 2 semaines pour mauvaise tolérance mais pas pour diminution de lefficacité. Cependant peu détudes comparent la kétamine au traitement opioïde seul.
En 2012 le Dr SALAS et son équipe de Marseille (57) ont réalisé une étude prospective randomisée en double aveugle étudiant lefficacité de la
kétamine par rapport à la morphine seule. Il y eu donc deux groupes : un premier groupe de 11 patients ayant reçu de la kétamine (administration continue
intraveineuse de 0,5mg/ kg /j les premières 24 heures, puis augmentée à
1mg/kg/j le 2ème jour sans modification des doses de morphine) et un deuxième groupe de 9 patients nen ayant pas reçu (mais aux doses de morphine
équivalentes pouvant être augmentées si nécessaire pendant létude). Ils étudièrent lintensité de la douleur physique à lintroduction, à 12, 24 et 48 heures de traitement. Sils remarquent que la douleur physique diminue dans les deux groupes, cette diminution nest pas plus importante dans le groupe ayant reçu de la kétamine. Ce qui va dans le sens des résultats de notre étude.
b) Augmentation de la consommation dopioïdes
Nous navons pas de diminution des doses dopioïdes dans aucun des groupes. Nous remarquons même une augmentation significative des doses quotidiennes déquivalent morphine per os dans le groupe ayant reçu de la kétamine (p=0,01) alors que cette augmentation nest pas significative dans le groupe témoin. Or les deux groupes ne sont comparables ni au début, ni à la fin de létude. (p=0,001). Cependant, une des indications principales de la kétamine dans la prise en charge de la douleur rebelle est la lutte contre les syndromes dhyperalgésie induite par les opioïdes en diminuant leur posologie. Ces
résultats peuvent être expliqués par lindication même de la kétamine dans notre service et par lévolution de la maladie à lorigine des douleurs rebelles tout au long de lhospitalisation. En effet, nous utilisons la kétamine dans les douleurs rebelles après échec de laugmentation des doses dopioïdes, voire après une rotation dopioïdes et une association aux autres coantalgiques, (il nexiste pas dans notre étude de différence significative concernant la présence de rotation dopioïdes entre les deux groupes (p=0,051)). De plus la durée de létude est significativement plus longue dans le groupe ayant reçu de la kétamine que dans le groupe témoin (p=0,0000527). Une étude rétrospective étudiant limpact de la kétamine chez 50 patients sur la douleur physique réalisée entre 2005 et 2007
dans le centre de lutte contre le cancer Eugène MARQUIS à RENNES par le Dr T.GARCIA (56) montre également labsence de diminution de la consommation dopioïdes quotidienne, leur durée moyenne de traitement étant de 7 jours. Cette étude suppose que la kétamine lutte surtout contre les effets de tolérance aux opioïdes.
Or, les études de référence montrent une diminution des doses de morphine lorsquelle est associée à la kétamine, comme létude faite par le Dr YANG et son équipe en 1995 (39). Ils ont étudié leffet de la kétamine par voie intrathécale en association avec la morphine intrathécale, en comparaison à la morphine intrathécale seule, pendant 48 heures seulement. Les doses de kétamine sont de 2mg/jour. Cette étude montre ainsi quune petite dose de kétamine par voie intrathécale diminue la consommation de morphine par voie intrathécale sans majoration des effets secondaires. Cependant dans notre étude, nous navons constaté aucune utilisation de la kétamine par voie intrathécale. De plus la kétamine est utilisée sur des durées plus longues. Enfin lopioïde utilisé varie dun patient à lautre alors quil est le même chez tous les patients (le plus souvent la morphine) dans ces études de référence.
Y aurait-il un effet daccoutumance comme le sous-entendait en 1990 le Dr OSHIMACTAL dans le Canadian Journal Anesthesia (58) (2 patients ayant reçu de la kétamine par voie sous-cutanée pendant 202 et 147 jours ont vu lefficacité de la kétamine diminuer sur lintensité de la douleur physique)? Cependant cette hypothèse nest pas confirmée par létude du Dr LAURETTI et son équipe en 1999 (38) dans laquelle la dose de morphine épidurale a pu être baissée pendant les 25 jours de traitement.
c) Diminution de lutilisation de coantalgiques
Nous remarquons que contrairement à la consommation dopioïde, il y a une diminution significative de la quantité de coantalgiques quotidiens dans le groupe ayant reçu de la kétamine, mais pas dans le groupe témoin. Il est
important de noter quen début détude, il y avait significativement plus de coantalgiques quotidiens dans le groupe K(+). Nous pouvons donc penser que la kétamine pourrait permettre de diminuer le nombre de coantalgiques utilisés. Mais nous navons pas trouvé détude pouvant confirmer cette observation.