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Efficacité des vaccins et intérêts de la vaccination

PARTIE II LES ENJEUX ET LES CRAINTES DE LA VACCINATION

A. Efficacité des vaccins et intérêts de la vaccination

Mesure de l’efficacité d’un vaccin

a) Les effets d’un vaccin, efficacy et effectiveness

Il est important de caractériser les différents effets que peut avoir un vaccin pour mesurer l’impact réel de sa mise en œuvre (Figure 5). En 1991 Halloran et coll. (23)proposent de classifier ces effets en 4 catégories :

Effet direct : réduction de la maladie chez les sujets bénéficiant de l'intervention (vaccinés) par rapport à une situation théorique dans laquelle aucune intervention n'aurait été présente, mais dans laquelle l'exposition à l'infection serait identique.

Effet indirect : réduction de la maladie chez les sujets ne bénéficiant pas de l'intervention (non vaccinés) comparée à une situation théorique dans laquelle aucune intervention n'aurait été présente. Cet item mesure le bénéfice attendu chez les sujets non vaccinés en termes de réduction de l'exposition à l'infection consécutive à la vaccination d'une partie de la population.

Effet total : réduction de la maladie chez les sujets recevant l'intervention (vaccinés) par rapport à une situation théorique dans laquelle aucune intervention n'aurait été présente et l'exposition à l'infection différente.

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Effet global : réduction de la maladie en moyenne chez les individus parmi lesquels une partie est vaccinée comparativement à une population identique dans laquelle aucune vaccination ne serait effectuée.

De ces effets on pourra extraire deux paramètres, l’efficacy et l’effectiveness tous deux rattachés à l’efficacité du vaccin.

L’efficacy : Ce paramètre s’attache à mesurer l’efficacité du vaccin lors des

essais cliniques dans des conditions contrôlées. Elle mesure le pourcentage de réduction de l’incidence d’une maladie dans un groupe vacciné comparé à un groupe non vacciné dans des conditions optimales. Il est fréquent que l’efficacy surestime l’efficacité directe d’un vaccin car les conditions d’essais sont alors rigoureuses et ne tienne pas compte de l’éventuelle diminution de la protection avec le temps, de la moindre protection chez certains sujets du fait de leur âge, de comorbidités, de facteurs génétiques ou environnementaux. Un bon exemple est celui du vaccin contre la grippe très efficace lors de son expérimentation chez les jeunes adultes mais beaucoup moins performant lors de son utilisation chez les personnes âgées. Cependant l’efficacy sous-estime l’impact réel de la mise en œuvre de la vaccination en routine en oubliant les effets indirects de celle-ci notamment pour les maladies à transmission interhumaine où le vaccin réduira la circulation de l’agent pathogène et entraînera ainsi une réduction du risque d’exposition et donc de maladie pour les sujets non vaccinés.

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L’effectiveness : Elle mesure l’efficacité du vaccin offerte dans les conditions

d’utilisation en routine au sein d’une population, c’est à-dire dans les conditions réelles d’utilisation. Elle mesure ainsi l’effet direct et indirect de la vaccination.

b) Les biais de la mesure de l’efficacité

Un biais, en épidémiologie, se définit comme une erreur systématique qui s'introduit dans une enquête et qui tend à produire une estimation (de la fréquence d'une maladie dans la population, du risque relatif, etc.) différant systématiquement de la vraie valeur, en plus ou en moins. Un certain nombre de biais peuvent influencer la mesure de l’efficacité d’un vaccin, en voici une liste non-exhaustive (24) :

▪ Un diagnostic peu spécifique et ou peu sensible de la maladie contre laquelle le vaccin protège. L’efficacité vaccinale est alors tirée vers le bas car on peut penser que le vaccin ne protège pas de la maladie alors qu’il ne s’agit pas de la même maladie. (Exemple : virus de la grippe et virus respiratoire syncytial). ▪ Si les sujets vaccinés « sur-déclarent » la maladie par rapport aux non vaccinés. ▪ Un biais d’interrogatoire peut survenir lorsque le sujet oublie qu’il a été vacciné lorsqu’il est malade. Ce qui arrive peu avec le vaccin pour la grippe car il est annuel mais pour des vaccins très antérieurs, cela peut être le cas.

▪ L’existence d’un antécédent d’infection chez le patient qui peut le pousser à ne pas se faire vacciner en pensant être protégé.

▪ Les différences d’exposition : les sujets vaccinés sont généralement plus exposés à la maladie et c’est pour ça qu’on les vaccine mais à l’inverse dans

Figure 5: Variation de l'effectiveness d'un vaccin lors de l’utilisation des différentes méthodes de mesure de l'effet d'un vaccin en fonction de la couverture vaccinale.

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une population où tout le monde est vacciné l’exposition est plus faible que dans la population générale, ce qui n’est plus un biais lorsque l’on mesure les effets indirects de la vaccination.

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Protection collective et individuelle

Un vaccin se différencie d’un médicament conventionnel par le fait qu’il est un médicament prophylactique. La prophylaxie est définie comme l’ensemble des moyens médicaux mis en œuvre pour empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des maladies. Les intérêts d’un vaccin sont doubles, ils comportent un intérêt pour l’individu en lui-même ainsi que pour la société où cet individu évolue.

a) La protection individuelle ou effet direct

L’aspect de protection individuelle liée à la vaccination repose sur l’immunisation de la personne contre une maladie et qui de ce fait ne développera pas la maladie ou la développera d’une manière plus bénigne. Cet effet repose sur l’efficacité intrinsèque du vaccin à développer l’immunité, cette efficacité est mesurée par l’effet direct du vaccin, l’efficacy. Chaque vaccin dispose d’une capacité différente à induire l’immunité et chaque personne possède des capacités différentes à développer une réaction immunitaire. Il a été estimé par exemple que pour 1 dose de vaccin ROR 85 % à 95 % des nourrissons développent une immunité contre la rougeole, 62 % à 91 % une immunité contre les oreillons et lors de la deuxième dose l'efficacité est d'environ 97 % contre la rougeole et passe de 76 % à 95 % concernant les oreillons. Il y a donc 3% de la population ayant été vacciné deux fois qui n’est pas protégée et 97% de la population qui est protégée contre la rougeole. (25)

b) La protection collective, protection de groupe ou de « troupeau »

L’effet d’un vaccin est loin de se limiter à la seule protection individuelle d’une personne, il constitue également une redoutable arme contre la diffusion des maladies et entraine une « protection » chez les personnes qui ne sont pas vaccinées, c’est l’effet indirect de la vaccination (Figure 6).

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Une personne vaccinée qui est correctement immunisée ne développera pas la maladie et ne sera donc pas capable de la transmettre à une autre personne, de ce fait lors d’une épidémie, la personne vaccinée agit comme une barrière protectrice pour les personnes qui ne sont pas vaccinées et une impasse pour la maladie. Ainsi, l’augmentation de la prévalence de personne vaccinées dans la population diminue le risque de transmission interhumaine. La protection collective ne concerne que les maladies à transmission interhumaine et n’impacte donc pas par exemple le tétanos, toutefois la majorité des maladies pour lesquelles il existe un vaccin sont à transmission interhumaine. Grâce à cet effet de protection collective, il est possible d’éradiquer une maladie sans avoir atteint 100% de couverture vaccinale. Cet effet de protection est une aubaine en sachant que certaines personnes ne peuvent-être vaccinées pour cause de contre-indication, la vaccination représente alors dans ce cas un geste altruiste, citoyen.

Figure 6: Représentation de l'effet indirect des vaccins (Immunité de groupe / Heard effect)

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