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Effets de la collaboration sur l’écriture scientifique

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− a · atanµ p1, 851 · a a + a · z ¶¶ (3.3)

Ma contribution à l’étude duϕ-index a donc porté sur trois points, qui sont détaillés

dans (Cabanac,2013). Premièrement, le modèleϕ

SG a été validé sur un jeu de données plus volumineux et diversifié que dans (Schubert,2012a,2012b), constitué d’un million de notices bibliographiques. Deuxièmement, l’apprentissage d’autres valeurs pour les pa-ramètres deϕ

SGne mène pas à une amélioration au regard de r2. Troisièmement, il existe des modèles plus performants (+6 %) combinant les mêmes variables (c, a et z) au prix d’une formulation plus complexe.

3.3 Effets de la collaboration sur l’écriture scientifique

Le fondateur de la scientométrie publia une note acerbe dans Science au sujet des dé-rives de l’écriture scientifique en groupe. Il rapporte une augmentation supposée de la production individuelle, tout en soulignant son revers : « beaucoup plus de gens sont ca-pables de produire la moitié d’un article que d’en faire un en intégralité » (de Solla Price,

1981). L’augmentation des articles écrits en collaboration est un phénomène qui s’est en effet intensifié lors duXXesiècle (de Solla Price,1963; Abt,2007). On atteint dans certaines domaines une situation d’hyperauthorship (Cronin,2001) impliquant des centaines d’au-teurs pour un seul article (voir, par ex. Adiga et al.,2002; Foster et al.,2004; Aamodt et al.,

2010). À ce jour, le record est détenu par Aad et al. (2015) : 5 154 co-signataires pour des travaux liés au Large Hadron Collider du CERN !

De nombreuses études ont questionné les effets de la collaboration sur l’écriture scientifique. Le tableau II.3.2 résume leurs conclusions. Notons que les résultats pu-bliés avant les années 1995–2000 (Speck, Johnson, Dice & Heaton, 1999) portent sur un contexte de travail qui a subi de nombreuses mutations. La révolution numérique facilite désormais l’écriture collaborative, par exemple. Ces résultats seraient donc à réexaminer à la lumière du contexte de travail actuel.

Tableau II.3.2 – Résultats d’études comparant les caractéristiques des articles écrits par un versus plusieurs

auteurs (Cabanac, Hartley & Hubert,2014, p. 813). Les études publiées avant les années 1995–2000 ne re-flètent pas forcément les changements apportés par les nouvelles technologies.

Généralement, les articles écrits par plusieurs auteurs. . .

. . . ont des titres plus longs (Yitzhaki,1994; Lewison & Hartley,2005) . . . ont des textes plus longs (Lewison & Hartley,2005)

. . . ont moins de « : » dans leurs titres (Lewison & Hartley,2005) . . . ont moins de remerciements (Hartley,2003)

. . . nécessitent moins de révisions (Bahr & Zemon,2000) . . . prennent plus de temps à évaluer (Hartley,2005) . . . sont acceptés plus rapidement

(Tregenza,2002) (cas des coauteurs anglophones natifs)

. . . ne sont pas toujours de meilleure qualité (Bridgstock,1991)

. . . sont davantage cités (Bahr & Zemon,2000; Figg et al.,2006; Skilton,2009)

3.3.1 Le collectif d’auteurs adapte-t-il son écriture ?

Collaborer à un article scientifique n’est pas chose aisée. C’est d’autant plus difficile que les collaborateurs sont distants sur les plans disciplinaire, géographique, linguistique, générationnel, etc. L’expérience de la collaboration rapportée dans (Cabanac et al.,2014) illustre ces difficultés. En effet,James Hartley, 75 ans, est professeur émérite de psycho-logie à l’université de Keele en Angleterre alors que les deux autres auteurs (32 et 47 ans) sont maîtres de conférences en informatique à l’université de Toulouse.

Nous avons remarqué qu’une caractéristique des articles collaboratifs n’a jamais été étudiée : la fréquence d’utilisation des tableaux et figures. Les manuels d’écriture scienti-fique (par ex. APA,2010, chapitre 5) et diverses recherches (par ex. Durbin,2004; Gelman, Pasarica & Dodhia,2002; Kastellec & Leoni,2007) recommandent l’emploi de tableaux et figures pour améliorer la clarté et l’intelligibilité des articles. Par ailleurs et de par notre ex-périence, ces éléments de composition peuvent faciliter la collaboration. Il nous semble en effet plus aisé d’atteindre un consensus sur un tableau ou une figure que sur du texte. Ces observations nous ont conduit dans (Cabanac et al.,2014) à formuler les hypothèses suivantes :

— H1 : les articles multi-auteur ont plus de tableaux que les articles mono-auteur, — H2 : les articles multi-auteur ont plus de figures que les articles mono-auteur. Nous avons testé ces hypothèses sur un échantillon de 5 180 articles publiés dans six revues sélectionnées listées dans les éditions science et social science du JCR. Les cri-tères d’inclusion et le détail de l’échantillonnage sont précisés dans (Cabanac et al.,2014, p. 813–814). Schématiquement, les revues sélectionnées dans des disciplines variées pu-blient des articles (mono- et multi-auteur) qui présentent des tableaux et figures — d’où l’exclusion des mathématiques où la publication est majoritairement mono-auteur (fi-gureII.3.4).

3.3. Effets de la collaboration sur l’écriture scientifique

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Single-author papers (1A) Two-author papers (2A) Three-author papers (3A) Papers by four authors or more (4A+)

600 500 400 300 200 100 0 WE SCIM JOI JASP JASIST AREA Journal N u m b er o f A rt ic le s sofa sta tis tic s.c om 1 sur 1 28/03/2013 10:56

Figure II.3.4 – Distribution des articles mono- et multi-auteur (Cabanac, Hartley & Hubert,2014, p. 815) dans six revues de géographie (AREA), sciences de l’information (JASIST ), psychologie sociale (JASP), scien-tométrie (JOI et SCIM) et économie (WE).

3.3.2 Adaptation de l’écriture via les tableaux et figures

L’hypothèse H1 est confirmée : davantage de tableaux sont présents dans les articles multi-auteur que dans les articles mono-auteur. Les médianes des distributions en fi-gureII.3.5sont significativement plus élevées pour les articles multi-auteur (cf. la barre horizontale des boîtes à moustaches). Les articles multi-auteur de JASIST, par exemple, contiennent en moyenne 1,82 tableau de plus (soit +50 %) que les articles mono-auteur de la même revue.

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Single-author papers Multi-author papers

20 10 0 WE *** SCIM *** JOI JASP JASIST *** AREA *** Journal N u m b er o f Ta b le s so fa sta tis tic s.c om *

SOFA Statistics Report 2013-03-11_09:15:49 file:///Users/cabanac/Documents/Recherche/2012 11 - James Har...

Figure II.3.5 – Distribution du nombre de tableaux dans les articles mono- vs multi-auteur (Cabanac,

Hartley & Hubert,2014, p. 816). L’inspection visuelle et les tests de significativité (∗p < 0,05 ;∗∗p < 0,01 ;

∗∗∗p < 0,001) montrent que les articles multi-auteur mobilisent en général davantage de tableaux que les

articles mono-auteur. L’hypothèse H1 est confirmée.

L’hypothèse H2 est confirmée : davantage de figures sont présentes dans les articles multi-auteur que dans les articles mono-auteur. Les médianes des distributions en fi-gureII.3.6sont significativement plus élevées pour les articles multi-auteur. Ces derniers dans JASIST, par exemple, contiennent en moyenne 1,60 figure de plus (soit +52 %) que les articles mono-auteur de la même revue.

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Single-author papers Multi-author papers

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