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Effets du BRF sur les micro et macro organismes du sol (interprétation)

D. Résultats et interprétation de l’expérimentation

D.2 Interprétation des résultats de l’expérimentation

D.2.2 Effets du BRF sur les micro et macro organismes du sol (interprétation)

organismes du sol (interprétation)

D.2.2.1

Analyse de la biomasse microbienne du sol

Malgré des variations observées de la biomasse microbienne, qui correspondent à la quantité de carbone des microorganismes du sol (bactéries et champignons essentiellement), l’absence de témoin rend inexploitables les données de 2011, 2012, 2013 et 2014, les effets des conditions climatiques sur la mesure (température et humidité du sol au moment du prélèvement) ne pouvant être écartés des analyses (ITAB, 2002). Ainsi nous ne pouvons pas étudier le comportement de la biomasse microbienne des trois années suivant l’incorporation de broyat de bois.

La comparaison entre parcelles BRF et Témoin pour les années 2015 et 2016 est quant à elle possible bien qu’éloignée dans le temps par rapport à l’incorporation de BRF. Ainsi sur la parcelle BRF la biomasse microbienne est plus élevée que la parcelle Témoin.

La fraction vivante de la MO du sol réagit aux pratiques culturales mises en place (labour, apports organiques...) (BOUTHIER et al., 2014) dont font partie les apports organiques végétaux comme l’apport de BRF, pour rappel, le seul apport durant les cinq années d’expérimentation. Ce dernier serait potentiellement responsable (GUILBAULT, s.d) de ce taux supérieur de biomasse microbienne sur la parcelle BRF par apport de ressources alimentaires accessibles (bois) et/ou de milieux adéquats (température, structure…). Ces observations sont cohérentes avec l’expérimentation de NOEL qui a mis en avant une augmentation de la vie du sol (NOEL & MARCHE, 2006) suite à l’incorporation de BRF, bien que sur une période d’étude plus courte. Aucune distinction supplémentaire dans les résultats ne nous permet de catégoriser l’effet du BRF en fonction des différentes faunes et flores du sol (champignon, bactérie...).

D.2.2.2

Dénombrement des vers de terre et mesure de leur

biomasse

En 2015, le nombre de vers de terre plus faible sur la parcelle BRF que sur la parcelle Témoin nous a semblé étrange et contraire aux observations réalisées par la Chambre d’agriculture de Haute-Provence (KULAGOWSKI et al., 2013). En effet, celle-ci observait un plus grand nombre de vers de terre sur une parcelle BRF qu’une parcelle Témoin, mais sur une observation la deuxième année et non pas la 4ème et 5ème année comme dans notre cas.

Le manque de données de la parcelle Témoin entre 2012 et 2014 ne nous permet pas de faire de conclusion pour notre expérimentation sur cette période. Pour les années 2015 et 2016 le nombre de vers de terre plus faible sur la parcelle BRF que sur la parcelle Témoin n’indique pas que le BRF a un effet négatif sur la population de vers de terre.

En effet, en 2016, la biomasse moyenne d’un ver de terre sur la parcelle BRF était 19,6 fois supérieure à la biomasse moyenne d’un ver de terre sur la parcelle Témoin. Avec cette mesure complémentaire nous pouvons émettre l’hypothèse (avec une prudence requise car une seule année a été mesurée) que, l’apport de BRF et donc l’apport de ressources alimentaires complémentaires vis-à-vis d’un sol sans apport (témoin), a eu pour effet l’augmentation de la biomasse des vers de terre (par ver de terre et par m²). Ces observations ont également été faites dans l’expérimentation de la Chambre d’agriculture de Haute-Provence (KULAGOWSKI et al., 2013).

Une des explications possibles, d’un nombre de vers de terre plus faible après cinq années d’expérimentation mais de biomasse plus importante sur la parcelle BRF que sur la parcelle Témoin, serait la mise en place d’une compétition inter et intra spécifique pour la ressource alimentaire ((TONDOH, 1998) ; (DECAENS et al., 2008)) aboutissant à la modification de la croissance des individus ((LOWE & BUTT, 2002) (ERIKSEN-HAMEL & WHALEN, 2007)) et à leur reproduction négativement affectée (LOWE & BUTT, 1999)).

Dans notre cas, cette compétition ferait suite à un développement important de vers de terre lors de la 1ère et 2ème année suivant l’apport de BRF, significatif d’abondance de ressources alimentaires, suivi d’une diminution des ressources alimentaires disponibles (baisse de MO) à partir de la 3ème année après épandage du BRF. Cette compétition mise en place favoriserait les vers de

terre de biomasse beaucoup plus importante (adultes) qui se sont développés pendant les 2 années suivant l’apport de BRF, au dépend des vers de terre juvéniles et plus faibles.

La vérification de cette hypothèse ne pourra se faire qu’avec de nouvelles observations des années suivant l’apport de BRF, du nombre et de la biomasse des vers de terre sur les parcelles BRF et Témoin.

Autre explication possible, les chiffres du dénombrement de vers de terre seraient aussi à interpréter de façon prudente car le protocole réalisé (verser une solution moutardée) ne permet pas forcément de dénombrer exhaustivement le nombre de vers de terre présents comme le permettrait le prélèvement d’une quantité de terre puis le dénombrement des vers de terre présents. En effet, sur la parcelle BRF, la solution versée a été absorbée en un temps très court (quasiment instantanément) alors que sur la parcelle Témoin, l’absorption s’est réalisée en plus de 30 secondes ce qui a peut être influencé la sortie des vers de terre à la surface car moins gênés par la solution moutardée absorbée plus rapidement sur la parcelle BRF. Une mesure avec prélèvement de terre pour dénombrer le nombre de vers de terre est sans doute plus adaptée bien que plus contraignante.

Enfin, le manque de données sur 2012, 2013, 2014 ne nous permet pas de faire d’interprétation sur la biodiversité présente sur nos deux parcelles mis à part que l’ensemble des classes sont représentées en 2015 et 2016 mais sans réelle distinction entre elles. Ce manque ne nous permet pas non plus de décrire l’effet de l’apport de broyat de bois sur la population de vers de terre les années juste après l’incorporation au sol.