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Bien que les capteurs utilisant le principe du self mixing offrent de nombreux avantages, comme nous l’avons dit pr´ec´edemment, les r´esultats obtenus peuvent ˆetre perturb´es par un bruit parasite : le ph´enom`ene de speckle ou granularit´e li´e `a l’´etat de surface de l’objet ´etudi´e. Ce speckle apparaˆıt sous la forme de grains alternativement sombres et brillants r´epartis dans l’espace de mani`ere al´eatoire. Lorsqu’une cible est ´eclair´ee par un faisceau laser, une fraction de la puissance non transmise ou non absorb´ee par la cible est r´etrodiffus´ee dans l’espace. Cette r´etrodiffusion pour la majorit´e des mat´eriaux usuels, est due `a la combinaison de deux ph´enom`enes couramment ´etudi´es :

- La r´eflexion sp´eculaire, qui correspond `a la r´eflexion d’un miroir, g´en´erant un faisceau d’une grande directivit´e,

- La r´eflexion diffusante ou Lambertienne, l’´energie lumineuse est uniform´ement r´epartie dans l’espace (cas du plˆatre, par exemple). Voir figure (II.7)

Dans une premi`ere approximation, une surface rugueuse ´eclair´ee par un faisceau laser (lumi`ere coh´erente) peut ˆetre consid´er´ee comme un ensemble infini de points ´emetteurs de lumi`ere coh´erente [20]. Dˆu au ph´enom`ene d’interf´erence, l’intensit´e lumineuse en un point quel- conque de l’espace d´epend de la diff´erence de chemin optique entre les faisceaux provenant des points ´emetteurs de cette surface ´eclair´ee. C’est pourquoi le speckle apparait d’autant plus que la rugosit´e de la surface est proche de la longueur d’onde du faisceau optique. Il apparaˆıt ainsi dans l’espace une juxtaposition de petits grains sombres, dont le coefficient de transmission est nul, et de petits grains brillants dont le coefficient de transmission est proche de l’unit´e, comme le montre la figure (II.8).

La pr´esence de ces grains de speckle r´epartis dans l’espace environnant le laser repr´esente un bruit pour ce dernier et en perturbe le fonctionnement.

Fig. II.7 – Diagramme de rayonnement d’une surface quelconque ´eclair´ee par un faisceau laser [20].

Fig. II.8 – Photographie d’une coupe de grains de speckle.

Fig. II.9 – Signal de self mixing perturb´e par le speckle.

Ce d´efilement des grains se traduit par de fortes modulations de l’enveloppe du signal de self-mixing, pouvant aller jusqu’`a une perte du signal, comme on peut le voir sur la figure

(II.9). Dans le cas d’une mesure de d´eplacement, si le signal disparaˆıt mˆeme un court instant, le comptage de pics est fauss´e. La mesure ne sera donc plus valable, car elle est seulement relative, par rapport `a la position d’origine. Cependant, la dur´ee pendant laquelle l’amplitude du signal est nulle est tr`es r´eduite. Par cons´equent le signal de puissance optique peut ˆetre fortement d´eform´e par la pr´esence de grains de speckle, il reste tout de mˆeme envisageable d’exploiter ce signal pour estimer la vitesse de la cible vis´ee [20].

Dans le cas des capteurs utilisant le ph´enom`ene de self mixing pour estimer la position d’une cible ou le d´eplacement d’une cible dans l’axe du faisceau laser, le ph´enom`ene de speckle s’est r´ev´el´e ˆetre un probl`eme majeur. Le capteur est en effet positionn´e de sorte que l’axe du faisceau laser soit perpendiculaire `a la surface de la cible et le d´eplacement mesur´e, s’il existe un d´eplacement de la cible par rapport au capteur, est selon l’axe du faisceau laser. Le speckle est alors un bruit tr`es gˆenant car la forme oblongue des grains de speckle font que, si un grain sombre est situ´e devant l’ouverture de la diode laser, il y restera et empˆechera la mesure d’ˆetre r´ealis´ee. Pour obtenir une mesure valide il sera alors n´ecessaire de d´eplacer le capteur lat´eralement. Dans le cas d’un capteur de d´eplacement longitudinal, si un grain sombre se trouve sur l’entr´ee de la diode au cours du d´eplacement il existe deux possibilit´es : le d´eplacement est soit inf´erieur, soit sup´erieur `a la longueur du grain de speckle. Cependant dans ces deux situations le r´esultat est identique : la mesure de d´eplacement est fauss´ee, `a cause d’un comptage de pics faux. En effet, tant qu’un grain sombre de speckle est situ´e sur l’entr´ee de la diode laser il n’y a pas de mesure possible. Pour pallier ce probl`eme, si la cible est non pr´epar´ee (i.e. ´etat de surface rugueux), une solution consiste `a asservir le capteur sur un grain lumineux `a l’aide d’un transducteur pi´ezo´electrique [21].

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Influence des r´egimes de fonctionnement de

la diode laser sur le ph´enom`ene de self mixing

Les domaines de fonctionnement d’une diode laser soumise `a une r´etroinjection sont classi- quement s´epar´es en 5 zones. La figure (II.10), donn´ee par Tkach et Chraplyvy [22] illustre cette classification. Chacune des zones est caract´eris´ee par un comportement spectral de la diode laser (monomode ou multimode, stabilit´e). On remarque que ce tableau met en jeu les deux param`etres ”distance” et ”fraction de lumi`ere r´etrodiffus´ee” ζ, ce qui revient `a param´etrer ces comportements en fonction du coefficient C (dont l’expression est donn´ee par la relationI.27). On notera que cette classification a ´et´e d´etermin´ee pour une diode laser DFB ´emettant `

a 1,5 µm. Les auteurs pr´ecisent cependant qu’elle reste valable pour des diodes laser Fabry Perot ; dans ce cas, les niveaux des s´eparations entre les r´egimes donn´es par l’article changent :

en l’´etat actuel de nos connaissances, il ne sera donc pas possible de d´emontrer une corr´elation pr´ecise entre la s´eparation des r´egimes de Tkach et Chraplyvy et la classification, plus classique, suivant les valeurs du param`etres C, mˆeme si cette corr´elation est r´ealis´ee empiriquement [23].

Fig. II.10 – Classification des zones de comportement spectral de la diode laser en pr´esence d’une cible [22].

Fig. II.11 – Figure extraite de [23]. Les chiffres romains indiquent les r´egimes de fonctionne- ment de la diode laser, en fonction de la valeur du param`etre C.

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