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PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE Chapitre IV

6. Effet sur les performances zootechniques

La graine de lin cuite introduite en nutrition animale améliore les paramètres de santé et de fertilité animale. Des études cliniques montrent que son intérêt ne se limite pas à l’amélioration de l’état sanitaire des animaux, mais confère aux produits animaux consommés par l’homme une meilleure qualité nutritionnelle : viandes, beurre, lait, fromages et œufs (Renouard, 2011).

Cet effet est plus importante chez les monogastriques que chez les polygastriques. Par exemple, les bactéries intestinales hydrogénantes de ces derniers transforment en acides gras saturés une fraction notable des acides gras polyinsaturés présents dans leur alimentation. En pratique, l’apport d’acides gras oméga-3 sous forme d’extraits de graines de lin et de leurs huiles dans l’alimentation des animaux induit des résultats importants pour la volaille et le lapin, très modestes pour les bovins et les ovins (Bourre, 2004). Ces résultats sont expliqués par le fait qu’il y a des différences de composition des viandes liées à l’espèce car les viandes de ruminants sont toujours plus riches en acides gras saturés que les viandes de monogastriques. A l’inverse, les viandes de poulet et de lapin sont toujours plus riches en acides gras n-6 que les viandes de ruminants (Chesneau et al, 2004).

6.1. Bovins

La viande bovine sur le plan nutritionnel est riche en acides gras saturés (produit gras). Pour produire une viande enrichie en acides gras, les nutritionnistes en France recommandent des acides gras polyinsaturés n-3 (AGPI n-3 ou Omega 3) (Martin, 2001). Chez les bovins, la majorité des acides gras alimentaires sont hydrogénés au niveau du rumen et sont donc incorporés faiblement dans les produits. Toutefois, chez la vache laitière, la supplémentation lipidique de la ration alimentaire permet de moduler sensiblement la composition lipidique du lait (Brunschwig et al, 1997 ; Chilliard et al, 2000).

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Les résultats de l’étude réalisée chez le bouvillon en fin d’engraissement confirment que la supplémentation des rations en acides gras polyinsaturés n-3 (lin) stimule très fortement la synthèse et le développement musculaire chez le bovin à viande en fin d’engraissement (Bauchart et al, 2002). Les huiles végétales apportées dans les rations sous différentes formes permettraient d’enrichir la viande bovine en acides gras polyinsaturés et peuvent avoir des répercussions sur la qualité des produits (Clinquart et al, 1995 ; Bauchart et al, 2001 ; Durand et al, 2001).

Les résultats de l’étude de Martin et son équipe (2007) ont montré que les taurillons en début d’engraissement alimentés avec la ration supplémentée en graines de lin extrudées ingèrent moins de matière sèche mais la quantité d’énergie nette est supérieure. Ils produisent moins de méthane. Il n’y a pas d’influence de la ration sur le pH du rumen (Eugene et al, 2009).

6.2. Brebis et agneau

L’herbe au pâturage et l’apport de graines de lin chez l’agneau augmentent significativement les proportions de C18 : 3n-3 et des acides linoléiques conjugués (CLA) et diminuent le rapport des acides gras polyinsaturés n-6/n-3. La supplémentation de la ration des brebis avec des graines de lin en période d’allaitement, influence sensiblement la composition en acides gras de la viande des agneaux lorsque la durée de la supplémentation est suffisamment longue (au moins les 2/3 de la durée de vie de l’agneau) et lorsque le moment d’abattage des agneaux n’est pas trop éloigné du sevrage (inferieur à 6 semaines).

Chez les agneaux mâles, la proportion en C18 : 3n-3 et en acides gras polyinsaturés de la viande a tendance à être plus importante. En bergerie, la viande des agneaux mâles présente une proportion en CLA sensiblement plus élevée que celle des femelles (Rondia et al, 2003).

6.3. Volaille

Les facteurs d’élevage influencent fortement la qualité de la viande notamment la valeur nutritionnelle (Mourot, 2008). Ces facteurs sont liés à la génétique, à la physiologie, aux pratiques d’élevages (alimentation, plein air, conduite). Ils influencent la qualité nutritionnelle de la viande : cuisses et filets de dinde et de poule.

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La graine est utilisée en alimentation animale, en particulier pour les poules pondeuses dont on souhaite augmenter la teneur en ω-3 des œufs (Tableau IV). La teneur en lipides des différents tissus de poulet et de dinde n’est pas significativement influencée par la nature des régimes. Il existe cependant une différence associée à la nature des tissus ; les filets sont moins riches en lipides que les cuisses quelque soit l’espèce considérée. Dans les cuisses des poulets ayant consommé des graines de lin extrudées, la proportion des acides gras monoinsaturés diminue significativement (p<0.05) ; la proportion en acides gras polyinsaturés est influencée par la nature des régimes, avec une hausse de cette dernière. La fraction des acides gras n-3 est plus importante dans le cas où les animaux consomment du lin (Guillevic et al, 2010).

Tableau IV: Comparaison du profil gras des œufs enrichis ω-3 et des œufs

ordinaires (Canadian Egg Marketing Agency, 2007) (in Jhalla et Hall 2010).

Œufs enrichis ω-3 Œufs ordinaires

Acide gras totaux 4,9 g 5,0 g ω-6 0,7 0,7 g ω-3 0,4 g 0,04 g Monosaturé 1,6 g 2,0 g Saturé 1,2 g 1,5 g Cholesterol 185 mg 190 mg 6.4. Lapin

Dans le monde médical, la viande de lapin a une image positive car elle est réputée être peu ou pas grasse (Ouhayoun, 1989). Comme tous les animaux monogastriques, la qualité nutritionnelle des acides gras de la viande de lapin est en relation avec la nature des lipides que cet animal ingère (Colin et al, 2005 ; Mourot, 2010). Même si la viande de lapin ne représente pas une part importante dans la consommation des produits carnés, une augmentation de la teneur en acides gras n-3 de cette viande peut contribuer à apporter davantage de ces acides gras dans l’alimentation humaine (Dalle Zotte, 2000, Weill et al, 2004, Colin et al, 2005, Kouba et al, 2008, Benatmane et al, 2010).

L’étude de Dumas et son équipe (2003) démontre que l’addition de graines de lin extrudées dans l’alimentation des lapins est susceptible d’accroître la teneur en acides gras Omega-3 des muscles des épaules, cuisses, râble et foie sans altérations des caractéristiques hédoniques.