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3.4 Médicaments et conduite automobile

3.4.3 Conduite et antalgiques de palier 2

3.4.3.3 Effet sur la conduite automobile

Si la majorité des médecins s’accordent sur une baisse de la vigilance et donc sur un risque potentiel sur la conduite automobile, 6 médecins ne considèrent pas la prise d’antalgique de palier 2 comme contre-indiquant la conduite : M1 « Je pense qu’ils peuvent

avoir un petit problème peut être de retard au niveau des reflexes mais je pense pas que ça puisse les empêcher de conduire », M10 « sinon non j’ai pas d’avis sur… j’ai pas l’impression que les patients qui sont au long cours… sous lamaline® ou quoi… décrivent des soucis particuliers avec la conduite ou même avec leur quotidien ».

Pour 10 médecins, le problème de la conduite automobile n’est pas une priorité lors d’une pathologie aiguë nécessitant une prescription d’antalgique de palier 2 car celle-ci est souvent accompagnée d’un arrêt de travail qui limiterait les risques : M13 « pour ceux qui

particulièrement attention non plus quoi… Les circonstances font que les gens ne conduisent pas donc », M3 « à mon avis en aigu ça se pose pas parce qu’on arrête la personne, et en chronique elles sont habituées donc voilà », M7 « Interdire je peux pas, ça c’est clair, le leur signaler oui puis leur dire, attention… c’est… Bon ceux qui sont en arrêt ça simplifie la chose mais ceux qui doivent travailler euh… je pense effectivement que s’il y avait un gros clash sur la route on pourrait venir me chercher… au niveau de la prescription… ou de pas l’avoir signalé ».

L’effet sur la conduite automobile dépend de différents critères que nous avons tenté de déterminer à partir des témoignages.

- Effet potentialisant de certains médicaments.

Selon 3 médecins, l’association avec certains médicaments, notamment les psychotropes pourrait majorer les risques pour la conduite : M1 « si jamais c’est une

personne qui a déjà d’autres médicaments qui peuvent influer sur la conduite comme les tranquillisants, je leur dis… faites attention parce que ça peut […] aussi majorer l’effet des autres médicament, les deux se renforcent », M11 « les neuroleptiques attention danger et la polymédication favorise les troubles générés par quelqu’autre médicament que ce soit. Et à fortiori les médicaments de cette classe là », M7 « Ben les antidépresseurs, les anxiolytiques, les neuroleptiques c’est clair, ça c’est sûr… Oui la polymédication qui va potentialiser ».

- Association à l’alcool.

5 médecins la cite spontanément comme facteur de risque supplémentaire : M1

« c’est vrai euh que s’ils associent ça avec de l’alcool ça peut majorer les effets », M15 « le truc classique, pas boire d’alcool, voilà c’est ce que je dis principalement parce que quand tu

regardes ces médicaments dans le vidal euh c’est surtout… ils te mettent risque de somnolence, interaction avec l’alcool déconseillée… Moi mon leitmotiv c’est pas d’alcool et attention en voiture ».

- Variabilité inter individuelle.

Ce facteur est rappelé une nouvelle fois par 6 médecins : M13 « Je pense qu’on est

inégaux devant la tolérance, il y en a qui tolèreront sans problème et d’autres chez qui même les 37.5 mg de l’ixprim ne passeront pas… donc c’est pour ça qu’il y a des gens qui sont capables de prendre 300mg de tramadol et qui peuvent conduire parce qu’ils ont une très bonne tolérance au médicament », M12 «je pense qu’il peut y avoir un effet délétère sur la conduite… ça dépend après de chacun ».

- Phénomène de tolérance.

7 médecins affirment que la période à risque est la phase d’instauration du traitement. Lors d’une prescription chronique, il y a une diminution des effets secondaires grâce à un phénomène de tolérance et les risques pour la conduite s’amenuisent : M14

« Soit c’est chronique… et là s’il n’y a pas de surdosage, théoriquement il n’y a pas de diminution de la vigilance », M7 « Un traitement auquel on est bien habitué dont les effets secondaires se sont atténués, sont partis on n’est peut être pas… les gens ont adapté leur conduite... Ce qui est dangereux c’est l’initialisation d’un nouveau traitement sans savoir comment le patient va réagir, ça oui », M9 « la somnolence pose pas vraiment de problème d’autant plus que ça dure pas très longtemps. On s’habitue assez rapidement aux effets secondaires des morphiniques légers ».

- La douleur plus à risque que le traitement ?

Un des médecins a avancé cette hypothèse : M14 « Soit c’est une prescription en

aigue et là le patient n’a, a priori, pas de raison de prendre la voiture, et j’ai envie de dire qu’une douleur aigue qui justifie l’utilisation d’un pallier 2 ou 3 me parait plus dangereuse pour la conduite que le traitement lui-même ».

- Imputabilité des antalgiques de palier 2 dans l’accidentologie.

La plupart des médecins suivent les recommandations sans émettre de doute sur leur fiabilité : M12 « je pense que s’ils ont fait ça c’est qu’il y a vraiment des gros gros risques de

somnolence et que donc forcément ça doit être justifié… De toute façon, tout ce qui est préventif, on va pas dire ah non c’est nul. Mais peut-être que moi les gens qui m’ont relaté un peu leurs effets secondaires peut être que c’était pas aussi important au niveau de la conduite automobile », M11 « Non mais c’est du bon sens, on n’a jamais vu ces substances ne pas avoir d’effets sur la vigilance. Enfin, après j’ai pas lu d’étude précise, j’en n’ai pas en tête mais enfin c’est connu, c’est une particularité de ces produits ».

Néanmoins, l’un des médecins interrogé émet des réserves concernant le risque attribuable à ces médicaments : M7 « De toute façon s’il y a vraiment une explosion

d’accident de voiture à cause des médicaments à mon avis ça se saurait. Ca serait sorti d’une façon ou d’une autre… On voit tellement sortir de truc, c’est un scandale au moindre truc et tout ça serait sorti… Est-ce que il faudrait plus sensibiliser ?… Oui c’est indéniable qu’il faudrait plus le faire mais avec quelque chose à la clé… Dire voyez on a tant de pourcentage, on a eu de graves accidents vraiment liés à ça. Alors que là sur quelles bases scientifiques ? Parce que de nos jours c’est l’ « evidence base medecine » c’est ça quoi… donc quand on

apporter moi la preuve… C’est ce que j’expliquais tous à l’heure, c’est normal qu’on réagisse comme ça… en disant bon d’accord…. « vous êtes pas sensibilisés, vous pourriez faire plus attention »… Oui ben apportez moi la preuve… Voilà et oui c’est le versant, c’est vrai qu’il doit y avoir… mais je suis pas sûr que profondément… on voit que la vitesse, l’alcool tout ça on a été sensibilisé… »