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Education thérapeutique du patient :

Partie III : Perfectionnement et développement de missions

3) Education thérapeutique du patient :

Tout professionnel de santé a pour mission principale d’assurer la sécurité sanitaire des patients qu’il prend en charge. Le pharmacien, comme le médecin, doit être à l’écoute du patient et doit l’informer, le conseiller, l’éduquer (prévention des risques et éducation thérapeutique du patient), pour la bonne conduite de la thérapeutique établie.

Le pharmacien doit être un humaniste, c’est-à-dire qu’il ne doit pas se comporter comme un prestataire de service : la compétence pharmaceutique exige du savoir, du savoir-faire et aussi beaucoup de savoir-être. L’information et la prévention sont certes des éléments indispensables de l’exercice professionnel du pharmacien d’officine, mais il faut aller au-delà, en aidant le patient à vivre avec sa maladie. Le travail en réseau (une collaboration ou, mieux encore, un partenariat), naturellement indispensable avec les autres professionnels de santé, facilite cette action.

Le médecin établit le diagnostic et prescrit une thérapeutique ; le pharmacien ne se contente pas d’honorer légalement la prescription, selon les bonnes pratiques officinales, son rôle est, de fait, bien plus élargi. En effet, tout acte pharmaceutique doit s’inscrire dans le cadre d’une consultation pharmaceutique ; ainsi, toute délivrance devrait non seulement s’accompagner de conseils afférents au traitement médicamenteux instauré, mais encore d’une véritable étude du suivi thérapeutique du patient.

Cette attitude permet au pharmacien d’assumer avec efficacité son rôle de praticien de santé, notamment lors de son implication dans « les soins pharmaceutiques », et sa participation à « l’éducation thérapeutique du patient » qui est un processus intégré dans les soins et centré sur le patient. (51)

Malheureusement, au Maroc, les pratiques se réduisent trop souvent à l’exécution de l’ordonnance médicale, et ne prennent presque jamais en compte les facteurs sociaux, environnementaux et personnels qui interagissent dans les problèmes de santé.

3.1. Définitions et finalités :

La définition de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) selon l’OMS (56) est la suivante : « l’éducation thérapeutique du patient vise à aider les patients à acquérir ou

chronique ». Elle leur permet, ainsi qu’à leur famille, de comprendre leur maladie et leur

traitement, de collaborer ensemble et d’assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge, pour pouvoir les aider à maintenir et à améliorer leur qualité de vie (52). L’ETP ne se résume pas à la délivrance d’une information qui, seule, ne suffit pas à aider les patients à gérer leur maladie au quotidien, mais elle comprend des activités organisées, y compris un soutien psychosocial (55), conçues en deux types d’actions:

 Actions d’apprentissage pour une utilisation rationnelle est efficace des médicaments.  Actions d’accompagnement pour faciliter l’observance et l’adhérence du patient au

traitement.

L’observance thérapeutique, appelée compliance par les Anglo-Saxons, se définit comme le respect de la prescription médicale par le malade ou encore par l’adhésion de celui-ci à un schéma thérapeutique qui regroupe l’usage de médicaments et les mesures hygiéno-diététiques. En pratique, elle se définit comme le rapport entre le nombre de prises médicamenteuses effectives sur une période donnée et le nombre de prise prescrites sur cette même période. (54)

Ainsi, l’ETP doit être proposée aux patients pour leur permettre d’acquérir et de conserver des compétences d’auto-soins et d’adaptation qui les aident à vivre de manière optimale avec leur maladie.

3.2. Rôle du pharmacien :

Dans le cadre de l’éducation pour la santé et de l’éducation thérapeutique du patient, les rôles du pharmacien sont multiples, (53) en particulier :

Sensibiliser et informer le public, promouvoir la prévention et le dépistage en:  Participant aux compagnes de sensibilisation et d’information sur des sujets de santé

publique,

 Transmettant des informations scientifiquement validées sur les moyens de prévention, sur les maladies, en ayant le souci de délivrer un message adapté et accessible au public,  Relayant les compagnes de dépistages des maladies,

 Repérant les personnes à risques et les orientant vers une consultation médicale.  Aider le patient à la compréhension de sa maladie et de ses traitements :

Pour adhérer à la proposition de traitement, le patient doit comprendre les mécanismes de sa maladie, l’action de ses médicaments, les bénéfices escomptés et les effets indésirables potentiels. Il convient d’évaluer au préalable ce que le patient sait au sujet de sa maladie et de son traitement en vue de renforcer ou rectifier les données comprises par le patient. L’utilisation de différents outils (dessin, schéma, brochure d’information ou explicative, notice, …) peut s’avérer utile pour faciliter la compréhension du patient.

Promouvoir le bon usage du médicament : Lors de la dispensation, le pharmacien s’attachera notamment à :

 Expliquer les modalités de prise des médicaments et vérifier la bonne compréhension du schéma de prise ;

 Apprendre au patient les techniques particulières d’administration de certains médicaments (technique d’inhalation, d’injection, …),

 Pour les maladies chroniques longtemps asymptomatiques (HTA, diabète de type 2, hyperlipidémie, glaucome à angle ouvert, …): insister sur la nécessité d’une prise régulière des traitements, même si le patient ne ressent pas de symptômes ;

 Sensibiliser le patient aux risques de la prise de médicaments en dehors de tout conseil pharmaceutique ou médical ;

 Apprendre au patient à "gérer" les effets indésirables : éduquer le patient à la reconnaissance des effets indésirables, informer sur les moyens de diminuer le risque de leur survenue, expliquer la conduite à tenir s’ils surviennent et s’assurer de la bonne compréhension du patient ;

 Faciliter l’organisation pratique de la prise des médicaments : élaborer avec le patient un plan thérapeutique personnalisé clair et détaillé (opérationnel) en intégrant au mieux ses contraintes et ses habitudes de vie, aider le patient à adapter ses prises de médicament(s) dans des situations particulières (gestion du décalage horaire, d’un oubli de prise, …).  Apprendre et renforcer les techniques particulières de prise de certains

médicaments :

Il est essentiel d’apprendre aux patients à utiliser correctement les médicaments nécessitant une technique d’administration particulière (par exemples : instillation d’un collyre, inhalation d’un médicament antiasthmatique, …). Plus qu’un long discours, une démonstration suivie d'un essai par le patient sont souhaitables pour permettre un apprentissage efficace des bons gestes d’utilisation.

Aider le patient à l’apprentissage de l’auto-surveillance : notamment :

 Eduquer le patient à l’auto-mesure : La délivrance d’un dispositif d’auto-surveillance (glycomètre, tensiomètre, …) devra systématiquement s’accompagner d’une information pédagogique complète sur le mode d’utilisation pratique de l’appareil, la fréquence et les conditions de la mesure.

 Eduquer le patient à la reconnaissance des signes d’alerte : signes évocateurs d’un mauvais contrôle de la maladie, de la survenue d’un effet indésirable d’un médicament, pour justifier une consultation rapide.

Soutenir et accompagner les patients :

Du fait de son accessibilité, de la fréquence des contacts et de la bonne connaissance des patients (et de leur environnement), le pharmacien occupe une place privilégiée pour les accompagner dès l’annonce du diagnostic, au moment de la mise en route du traitement et tout au long de leur prise en charge. Il représente un soutien pour le patient (et ses proches), en particulier en cas de difficultés liées aux traitements, de survenue d’une complication ou

d’un événement majeur intervenant dans la vie du patient, de chute de motivation ou de confiance en soi et/ou envers les propositions de soins envisagées. Il s’agit notamment de :  Encourager le patient à exprimer ses inquiétudes, ses doutes et/ou ses difficultés éventuels

liés à la maladie et à son traitement, sans les minimiser ;  Etre disponible et à son écoute, sans le juger ;

 Faire preuve d’empathie ;

 Porter de l’intérêt au patient, sans ingérence ;

 Valoriser tous les efforts réalisés par le patient (même minimes) ;

 Orienter si besoin le patient vers une association de patients et/ou une structure d’éducation thérapeutique.