• Aucun résultat trouvé

Editorialisation d'un fonds documentaire vidéo

2. Valorisation des documents

2.1 Editorialisation d'un fonds documentaire vidéo

La valorisation des archives de l’INA passe inévitablement par l’éditorialisation, et place le document dans un contexte lié à un événement ou une personnalité donnée. Ce travail de contextualisation donne un sens aux archives en éclairant le propos qu’elles véhiculent.

L'éditorialisation d’un fond audiovisuel soulève un certain nombre de questions. Au début d'un projet, il y a généralement l'expression d'un besoin, qui est formulée, qui doit être clairement identifiée. S'agit-il d'un projet à long terme ou d'un travail à réaliser pour une période déterminée ? Quand la nouvelle organisation de l'information devrait-elle être opérationnelle ? De quelles ressources disposons-nous ? Quels objectifs et missions ont été fixés ? A qui s’adresse-t-on ? Autant de questions qui aideront à comprendre la demande et à justifier les décisions en matière de gestion de l'information.

Qu'est-ce que l'éditorisalition76 ?

En 2004, Brigitte Guyot77 utilise le terme pour se référer à la fois au dispositif de médiation entre une information et les usagers, et au procès de médiation lui-même.

Elle écrit alors :

« Dès qu’un dispositif de médiation s’intercale dans la relation première entre l’information et celui qui l’exploite, un ordre organisationnel intervient. Il y a une construction, une « éditorialisation », qui introduit une médiation, mais aussi un éloignement dû à la mise en place d’un système qui est à la fois intellectuel, (par les opérations de traduction et d’interprétation), et organisationnel (Parce qu’il gère les modes d’accessibilité et de relations ». En ce sens, l’éditorialisation est synonyme de « médiation ». Un rapport entre le document et le documentaliste qui l’exploite même avec une relation non-médiate.

Bruno Bachimont met pour la première fois en avant le concept d'éditorialisation en 2007, il aborde les caractéristiques de l'indexation à travers ce qu'il nomme « éditorialisation » des documents multimédia : « L’idée centrale de cet article est que l’indexation fine du contenu rendue possible pour le numérique introduit un rapport nouveau au contenu et au document.

Alors que selon l’indexation traditionnelle, l’enjeu est de retrouver le ou les documents contenant l’information recherchée, l’indexation fine du contenu permet de ne retrouver que les segments concernés par la recherche d’information et de paramétrer l’usage de ces segments. Si le document demeure présent dans les résultats de la recherche dans une indexation et recherche traditionnelles, il n’en est pas de même dans une recherche profitant de l’indexation fine du contenu, dans la mesure où les segments peuvent se désolidariser du contenu dont ils sont issus, perdant ainsi leur origine et nature documentaires. Devenant des ressources, ces segments sont remobilisés pour la production d’autres contenus dont ils constituent les composants. La finalité n’est plus de retrouver des documents, mais d’en produire de nouveaux, à l’aide des ressources retrouvées. On passe ainsi de l’indexation pour la recherche à l’indexation pour la publication. Comme cette dernière s’effectue selon des règles et des normes, on parlera plutôt d’éditorialisation, pour souligner le fait que les segments indexés sont enrôlés dans des processus éditoriaux en vue de nouvelles publications ».

Le concept d’éditorialisation est donc utilisé pour expliquer une activité éditoriale basée sur les fragments indexés d'un document. Bachimont utilise l’éditorialisation pour expliquer un passage : celui d'un document non-numérique à un "document" numérique. C'est un transfert d'information.

Pour Marcello Vitali-Rosati78 « L'éditorialisation désigne l'ensemble des dynamiques qui produisent et structurent l'espace numérique. Ces dynamiques sont les interactions des actions individuelles et collectives avec un environnement numérique particulier ».

L'éditorialisation est donc le terme qui permet de comprendre la spécificité de la production et de la diffusion du savoir à l'ère numérique.

76 BLANCKEMANE, Boris. Éditorialisation d’un fonds audio documentaire, stratégie et enjeux

[en ligne]. other. [S. l.] : INTD-CNAM-Institut national des techniques de la documentation, 2 décembre 2016. [Consulté le 16 novembre 2018]. Disponible à l’adresse :

https://memsic.ccsd.cnrs.fr/mem_01476034/document.

77 GUYOT, Brigitte. Sciences de l’information et activité professionnelle. Hermès, La Revue [en ligne].

2004, no 38, p. 38-45. [Consulté le 15 novembre 2018]. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HERM_038_0038.

78 VITALI-ROSATI, Marcello. Qu’est-ce que l’éditorialisation ? Sens public [en ligne]. Mars 2016.

[Consulté le 15 novembre 2018]. Disponible à l’adresse : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01599208.

Dans le contexte de la convergence technologique, le modèle du Dépôt légal, aussi bien du point de vue des modes d’accès, des critères de sélection que de la granularité du dispositif documentaire, risque d’être sérieusement concurrencé.

Patrick Gros parle d’éditorialisation, « comme d’un processus consistant à enrôler des ressources pour les intégrer dans une nouvelle publication. Sortant de la logique purement documentaire, l’éditorialisation est une exploitation des contenus se fondant sur la recherche d’informations mais ne s’y limitant pas. L’éditorialisation est une conclusion logique du processus de numérisation des contenus. Cependant, elle a tendance à rompre le lien existant entre la ressource et son document d’origine, introduisant une rupture entre la nouvelle production et les documents sur lesquels elle se fonde. C’est pourquoi il convient de problématiser cette relation »79.

Avec l’introduction de moteurs de recherche audiovisuels s’appuyant sur des langages de description élaborés par la communauté des ingénieurs et non des académiciens, le patrimoine audiovisuel fera l’objet désormais d’une autre forme de régulation, par une sélection de types technologique, dont les modalités seront implémentées directement dans les systèmes techniques eux-mêmes.

C’est d’ailleurs bien là l’enjeu crucial du débat actuel sur la normalisation de la description des contenus audiovisuels qui, en tant que grammaire formelle et universelle des images, prendra dorénavant en charge la nouvelle culture émergente de l’image, en y renouvelant les pratiques sur les « bases issues de la technologie et de ses effets normatifs80 ».

2.1.1 Contexte de la réalisation du projet

À la mise en place du dépôt légal, les questions centrales auxquelles était confrontée l’équipe de l’Inathèque étaient de répondre à la demande scientifique. Les archives de l’Ina leurs finalités définies en priorité pour la satisfaction des demandes des professionnels de la radio-télévision, ne coïncidaient pas nécessairement avec celles de la recherche.

Les programmes collectés sont archivés et enrichis d’un traitement documentaire. Ils sont mis à disposition de toute personne justifiant d’un travail de recherche nécessitant le recours aux sources de la radio-télévision. L’archivage patrimonial répond à des besoins de recherche, hors acquisition de droits et d’extraits d’images et de sons. La consultation des documents conservés au titre du dépôt légal est réservée aux lecteurs accrédités81.

Bernard Stiegler« Si l’INA est depuis l’origine au cœur de l’audiovisuel, à travers ses activités de conservation du patrimoine, de recherche, de production et de formation, avec la mise en place de l’INAthèque c’est une nouvelle mission qui lui est attribuée : mettre à la disposition des chercheurs l’ensemble du patrimoineaudiovisuel français, et contribuer ainsi au développement d’une réflexion sur l’image »82.

2.1.2 Présentation du projet

La valorisation vise à accroître la valeur des Fonds de l'INA par la création de guides des sources. Ces travaux, réalisés par des documentaristes ou stagiaires, peuvent être consultés seulement au format PDF sur le site de l'INAthèque , où ils permettent d'anticiper les demandes

79 GROS, Patrick. L’indexation multimédia : description et recherche automatiques. Paris : Lavoisier, 2007. 319 p. ISBN 978-2-7462-1492-7.

80 STIEGLER, Bernard. Discrétiser le temps. Les Cahiers de médiologie, 2000, no 9, p. 12

81 Ina THEQUE - FAQ [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 10 octobre 2018]. Disponible à l’adresse : http://www.inatheque.fr/faq.html.

82 INATHÈQUE DE FRANCE. L’Inathèque de France : nouvelles ressources, nouveaux instruments pour la recherche [journées de réflexion], 7-8 juin 1996. Bry-sur-Marne : Inathèque de France, 1996.

ISBN 978-2-86938-133-9

des chercheurs et des professionnels et de satisfaire la curiosité du grand public sur un sujet qui pourrait l'intéresser.