Partie IV : Thermoluminescence et magnétisme : quels apports pour la paléothermométrie ?
III. Mesure de TL sur la fraction grossière du quartz (200 ‐ 500 µm)
III.1. Echantillonnage archéologique
III.1.1. Protocole de mesure TL
Chaque prélèvement a fait l’objet de quatre aliquotes afin de mesurer le signal naturel et le signal naturel + dose. Le signal naturel (aliquotes 1 et 2) est le signal TL de chaque échantillon obtenu par une lecture c'est‐à‐dire par une chauffe de la température ambiante à 500°C qui vide l’ensemble des pièges.
La mesure de ce signal est complétée par la mesure d’un signal dit naturel + dose (aliquotes 3 et 4) qui correspond à une lecture du signal TL après un ajout de dose à l’aliquote brute (donc au signal naturel). La mesure de ce signal permet d’observer l’influence de l’ajout de dose sur le signal TL. En effet, nous le verrons sur les références thermiques, lorsque l’ajout de dose n’entraine pas ou que peu d’augmentation de l’intensité du signal TL, on parle de saturation du signal. Ceci résulte du fait que le signal géologique domine le signal TL et que la chauffe archéologique a été faible. A contrario, lorsque l’ajout de dose entraîne une augmentation du signal c’est que la chauffe archéologique a été assez intense.
Le cycle de mesure appliqué est donc le suivant :
La dose ajoutée pour le signal naturel + dose a été choisie comme équivalente à la dose naturelle reçue depuis 3300 ans à savoir 12 Gy pour les grains de quartz. Cette dose correspond à une valeur de dose d’irradiation moyenne supposée de 3.6 mGy/an reçue depuis la chauffe archéologique. Le niveau de cette dose est suffisamment élevé pour repérer facilement des signaux TL déjà à saturation et, d’autre part, suffisamment faible pour ne pas saturer des signaux de notre sous‐estimation. Néanmoins, les résultats obtenus sont peu dépendants de la valeur Aliquote 1 et 2 :
‐ Lecture du signal naturel
‐ Bruit de fond
‐ Irradiation : dose d de normalisation
‐ Lecture du signal TL de normalisation
‐ Bruit de fond
Aliquote 3 et 4 :
‐ Irradiation : dose D
‐ Lecture du signal naturel + dose
‐ Bruit de fond
‐ Irradiation : dose d de normalisation
‐ Lecture du signal TL de normalisation
‐ Bruit de fond
exacte dans la mesure où l’ordre de grandeur de la dose naturelle est respecté. L’effet est un tassement vertical des courbes sans conséquence sur leur forme en fonction de la température.
La dose de normalisation (d) a été choisie égale à 12 Gy (d = D) pour des raisons d’homogénéité avec la dose d’irradiation naturelle.
III.1.2. Mesures de TL
L’ensemble des courbes des signaux naturels (« nat ») et naturels + dose (« nat+D ») mesurées sur les grains de quartz provenant des foyers F4, F6 et F8 sont respectivement exposées dans les annexes 1, 2 et 3.
A titre d’exemple, les courbes de trois échantillons du foyer F4 (F4‐1, F4‐5 et F4‐26 ; Figure 67) et de trois échantillons du foyer F6 (F6‐26, F6‐11 et F6‐16b ; Figure 68) sont présentées dans le corps du texte pour pouvoir décrire les comportements types repérés. Les principales observations concernent la reproductibilité du signal TL entre aliquotes, la présence ou non de la saturation des signaux, la position des composantes TL, l’intensité de la TL et les intensités relatives de chaque composante.
‐ Reproductibilité entre aliquotes : les deux mesures (deux aliquotes) effectuées pour chaque
signal sur chaque échantillon montrent généralement une bonne concordance. Néanmoins, il arrive que les mesures du signal naturel soit assez différentes (exemple du F4‐26, Figure 67) probablement par la variabilité du quartz sur une fraction aussi grossière. Toutefois, comme nous le verrons lors de comparaison avec le référentiel thermique, ces variabilités n’ont pas constitué d’obstacle majeur à l’attribution des paléotempératures.
‐ Saturation du signal vs non saturation : la comparaison entre le signal naturel et le signal naturel + dose permet de mettre en évidence la présence ou non d’une saturation du signal TL.
Les prélèvements F4‐1 (Figure 67) et F6‐26 (Figure 68) ne présentent pas ou peu d’augmentation du signal avec l’irradiation : le signal est saturé c'est‐à‐dire que le signal mesuré correspond majoritairement au signal géologique et qu’aucune chauffe n’a été opérée par le passé. A contrario, les prélèvements F4‐5 et F4‐26 (Figure 67) ou F6‐11 et F6‐16b (Figure 68) montrent une augmentation du signal avec l’irradiation indiquant ainsi des prélèvements chauffés.
‐ Position des pics TL : les composantes de la TL sont centrées sur plusieurs températures. Pour le signal naturel, les pics principaux sont centrés sur 250°C, 280°C, 325°C, 350°C et/ou 410°C (Figure 67 et Figure 68). L’ajout de dose pour le signal naturel + dose fait apparaître le pic à 110°C qui est une composante TL du quartz de faible durée de vie.
‐ Intensité de la TL et intensité des pics : de manière générale deux types de comportements se dégagent. Le premier possède une intensité5 de la composante principale TL très forte, supérieure à 15000 coups/°C, et le pic à 110°C a une intensité très faible, inférieure à 5000 coups/°C (exemples de F4‐1 et F6‐26 ; Figure 67 et Figure 68). Par contre, le second comportement montre une intensité du signal TL naturel entre 1000 et 2000 coups/°C avec un pic à 110°C d’intensité forte, supérieure à 20000 coups/°C (exemples des prélèvements F4‐5, F4‐26, F6‐11 et F6‐16b ; Figure 67 et Figure 68). Par ailleurs, au sein de ce deuxième comportement, les intensités de chacune des composantes TL sont variables d’un échantillon à l’autre, par exemple la composante à 350°C
500 µm du quartz) naturels (traits pleins) et naturels + dose (traits pointillés) des prélèvements 16 et 25 du foyer F4 (vitesse de chauffe de 4°C/s ; intensité TL en coups/°C).
F4‐5
nat 1nat 2nat + D 1nat + D 2
F4‐26
nat 1nat 2nat + D 1
F4‐5
nat 1nat 2nat + D 1nat + D 2
F4‐26
nat 1nat 2nat + D 1
F6‐16b
nat 1nat 2nat + D 1
F6‐11
nat 2nat + D 1nat + D 2
F4‐16
nat 1nat 2nat + D 1
F4‐25
nat 1nat 2nat + D 1
Ainsi, d’un prélèvement à l’autre, on observe des variations d’intensité et de forme (position des composantes TL) des courbes TL. Nous allons voir que ces variations résultent de différentes intensités de chauffe archéologiques auxquelles ont été soumis les sédiments substrats des foyers. Ce sont ces mêmes variations qui vont nous permettre de déterminer une paléotempérature par comparaison avec celles observées sur le référentiel thermique associé. est nécessaire de reproduire sur les références (1) la chauffe due au feu et (2) le temps écoulé depuis, c'est‐à‐dire l’effet de l’irradiation naturelle reçue par le matériau depuis la chauffe.
III.2.1. Cycle thermique de chauffe : simulation de la chauffe archéologique
Les protocoles thermiques appliqués pour créer les références ont été choisis afin de correspondre au mieux à la réalité. En effet, le cycle thermique d’un feu expérimental (Werts et Jahren, 2007 ; notre propre expérience) est généralement défini par :
‐ une vitesse moyenne de montée en température de l’ordre de 20°C/min ;
‐ des températures au cœur du feu atteignant 650°C environ ;
‐ une vitesse de refroidissement de l’ordre de quelques °C/min.
Le cycle thermique défini pour simuler la chauffe archéologique sur les références thermiques est le suivant :
‐ Vitesse de chauffe : 20°C/min
‐ Durée du palier à la température choisie Tmax : 1 heure
‐ Vitesse de refroidissement : 5°C/min
La durée de palier a été prise d’une heure car (1) il est suffisamment long pour que les matériaux dans le four soit à l’équilibre thermique et (2) il est suffisamment court pour pouvoir
‐ non chauffée
‐ 200°C