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Nous rappelons que dans le cadre des applications qui nous intéressent, nous con- sidérons que la délimitation des blocs fonctionnels et les ressources de l’exploitation sont fixes.

Le processus de décision d’un agriculteur dans les systèmes de culture au sein de l’exploitation agricole est une combinaison de tâches de planification à différents niveaux d’abstraction. Comme l’indique la Figure 1.5, l’agriculteur est confronté à trois niveaux différents de décisions qui sont : stratégique, tactique et opéra- tionnelle. Chacune de ces décisions porte sur des échelles de temps variables allant de plusieurs années à quelques jours.

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Décision stratégique

année → année courante

blé maïs blé maïs Décision tactique

mois → automne (a) semis → désherbage

(b) semis (b) désherbage n d'hiver

Décision opérationnelle

semaine → semaine d'octobre semaine de février mars chantier de semis chantier de désherbage historique ajustement annuel future

Figure 1.5 – Les niveaux d’abstraction de la décision dans les systèmes de culture au sein de l’exploitation agricole

1.1.2.a Décisions stratégiques

La décision stratégique consiste à définir pour chacun des blocs fonction- nels une séquence de culture. Elle détermine ainsi la dynamique de l’organisation spatio-temporelle des systèmes de culture de l’exploitation agricole. Sur la base des ressources disponibles et de la structuration de l’exploitation, elle permet de con- struire un plan à long terme (plusieurs années) permettant d’atteindre les objectifs de production de l’agriculteur. Pour chacune des années appartenant à l’horizon de la décision stratégique, l’agriculteur décide la sole c’est-à-dire la superficie con- sacrée à chacune des cultures et l’allocation de ces dernières aux parcelles : c’est ce qu’on appelle l’assolement. Par exemple, sur la Figure 1.5, l’assolement de l’année courante consiste à produire du blé sur certaines parcelles de l’exploitation agricole.

1.1. Description des concepts relatifs à la conduite de systèmes de culture par un agent

agriculteur 15

1.1.2.b Décisions tactiques

Considérant l’assolement d’une année donnée, l’agriculteur prend un ensemble de décisions tactiques qui consiste à choisir l’itinéraire technique et les variétés des cultures de l’année courante. Comme l’indique la Figure1.5, il existe plusieurs ITK ((a) et (b)) pour la conduite du blé. Il en est de même pour la plupart des cultures. Par exemple, pour un blé semé à l’automne, l’itinéraire technique (a) consiste à réaliser un désherbage juste après le semis. Pour l’ITK (b) du blé, le désherbage est réalisé en sortie d’hiver à la reprise de la végétation. Le choix des itinéraires techniques dépend des objectifs de production de l’agriculteur (ex : l’espérance de rendement, réduction des intrants) et des ressources disponibles.

Par ailleurs, du fait de la dynamique du contexte climatique et économique, la production des cultures est soumise à une part d’incertitude. Dans ces condi- tions, des ajustements tactiques à moyen terme (quelques mois, une année) sont indispensables à la conduite de cultures. L’agriculteur réajuste dynamiquement les itinéraires techniques de chacune des cultures.

Ainsi, les décisions tactiques sont intra-annuelles et permettent à l’agriculteur de choisir, au début de chaque campagne culturale, les itinéraires techniques (ITK) dans l’optique de déterminer la façon d’appliquer la stratégie décidée au niveau d’abstraction supérieur. L’élément central de la phase tactique est la détermination pour chacune des parcelles, et en fonction des objectifs, du le travail requis et des conditions de réalisation. Ainsi, un plan d’action (les itinéraires techniques ITKs) est défini par culture et par ilots fonctionnels. Ces plans sont adaptés tout au long de l’année de manière opérationnelle en fonction des états de milieu et de la culture (ex : croissance des plantes, hauteur des mauvais herbes).

1.1.2.c Décisions opérationnelles

Les décisions tactiques bien que servant de cadre à la conduite annuelle ne sont pas pour autant assez précises pour la conduite journalière. Comme l’indique la Figure

1.5, elles sont combinées à court terme (quelques jours) à un ensemble de décisions

opérationnelles. Cette phase de décision permet de mettre en avant les moyens d’exécution du plan tactique déterminés dans la phase précédente. En effet, les contraintes d’organisation du travail sur l’ensemble des parcelles de l’exploitation ne se limitent pas aux modes de conduite des cultures. L’organisation opérationnelle du travail prend en compte :

– les adaptations de l’itinéraire technique à la dynamique de l’environnement (intempérie, croissance etc.) en modifiant les dates de réalisation des opéra- tions agricoles (Sebillotte,1988),

– la disponibilité des ressources humaines et matérielles (Aubry,1995), – les règles de priorité en cas de concurrence entre opérations agricoles (Papy,

2001).

La gestion des opérations agricoles est donc le point central de la décision opérationnelle. Cette phase de décision opérationnelle permet de définir l’ordre et la date de réalisation des opérations, l’allocation des ressources, le mode de mise en œuvre, et les conditions de réussite. Elle vise à s’assurer que chacune des opérations agricoles sera réalisée dans les meilleurs conditions de délais (ex : période de réalisation optimale), de coûts (ex : consommation des ressources) et de qualité (ex : vitesse de réalisation, adéquation entre l’opération et la spécialité de la ressources humaines). Ainsi, pour chacun des îlots fonctionnels de l’exploitation, l’agriculteur détermine des chantiers d’opérations agricoles (ex : chantier de semis) et définit un ordonnancement.

Il existe, selon Papy (2001), des périodes de concurrence au cours desquelles plusieurs chantiers doivent être conduits simultanément. Selon lui, dans les cas où les ressources de l’exploitation ne permettent pas d’exécuter en parallèle tous les chantiers, des règles de priorités existent et permettent d’arbitrer l’organisation du travail.

En résumé, on distingue trois types de décisions : stratégiques, tactiques, et opérationnelles. Nous avons présenté les interactions entre ces différents types de décision. Dans les sections suivantes nous décrivons puis caractérisons chacune d’elles.