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La production de cette élève diffère en bien des aspects de celles étudiées précédemment. Première différence notable, son inscription dans le temps : cinq phases de travail ont été nécessaires. La phase 1 a duré quarante-cinq minutes, la phase 2 trente (deux fois quinze minutes interrompues par vingt minutes de pause), la phase 3 trente-huit minutes et la dernière de quarante

34 minutes a été précédée de quelques heures par des connexions très courtes (deux et dix minutes). Ces phases de quelques minutes à peine ont donné lieu à des modifications, preuves d'une véritable attention malgré leur brièveté. La durée totale du travail est légèrement supérieure à celui fourni par les autres élèves mais correspond à un texte significativement plus long (567 mots contre 454 pour l'élève 1 ; 277 pour l'élève 2 ; 284 pour l'élève 3 ; 382 pour l'élève 5). Le travail se caractérise donc davantage par son efficacité.

Notons que les consignes ont été entièrement appliquées, tant structurelles que thématiques. Elles ont été appropriées par l'élève et ont nourri une création personnelle s'inscrivant pleinement dans l'intertextualité construite avec l'oeuvre de Calvino étudiée en classe.

Le premier jet, continuellement révisé, laisse passer quelques erreurs linguistiques mais la révision finale n'en laissera que deux : une confusion entre passé simple et imparfait (« s » à la première personne) et une erreur d'accord entre le sujet et le verbe au passé simple (pluriel au lieu du singulier). La maîtrise de la langue est donc presque parfaite, ce que confirme également la richesse du lexique employé et la qualité de la syntaxe. L'élève 4 fait preuve d'une grande vigilance orthographique pendant ses révisions régulières.

L'idée centrale du texte, une ville organisée sur un arbre gigantesque, apparaît dès les premiers mots : « Si Greenfalls est un arbre pour une raison précise ,pour ma part, je l'ignore ». Elle s'enrichira au fil de la rédaction et l'arbre indéfini devient rapidement un érable, qui donnera son nom à la ville « Érable ». La description de la ville de loin dans le premier paragraphe joue son rôle de création : l'arbre est accompagné peu à peu d'une prairie, de falaises et d'une cascade. Le second paragraphe raconte la découverte et la progression du narrateur à l'intérieur de la ville et laisse une grande place aux impressions et à l'émotion. Les hypothèses déployées dans la troisième partie servent à enrichir la description du texte grâce à de nombreux retours aux premiers paragraphes. Elles s'inspirent librement de celles étudiées dans la description de la ville d'Armille par Calvino. Enfin la dernière partie est l'occasion d'introduire le récit fondateur de la ville, qu'on peut lire comme une référence aux hypertextes mythologiques. La possibilité offerte par Framapad de naviguer librement et de manière aisée aux différents états du texte permet d'observer de près le processus ininterrompu d'enrichissement, d'épaississement du texte.

35 Les variantes d'écriture sont nombreuses et portent sur des mots isolés ou des changements de construction syntaxique. Elles consistent principalement en remplacement alors que les variantes de lecture, nombreuses également, portent davantage sur des propositions ou des corrections linguistiques et privilégient l'ajout. Il est intéressant de noter que les suppressions non remplacées sont inexistantes (sauf une occurrence « elle-même » dans la seconde phrase) et que les modifications sont motivées par une recherche stylistique ou une recherche de clarté dans la formulation.

Pour apprécier l'épaississement du texte lié aux relectures, voici la première version du premier paragraphe et la version finale :

Si la ville d'érable est ainsi pour une raison précise ,pour ma part, je l'ignore.L'énorme érablier est dans une grotte fermé par une cascade de lianes à ciel ouvert. De l'extérieur la ville d'érable ressemble juste à un gros arbre. L'arbre est entouré d'une prairie, pleine de fleurs des couleurs de l'arc-en-ciel, qui est elle même entouré d'une falaise rocheuse. Les habitants de la ville habitent dans des petites cabanes en bois. Pour y monté on utilise des échelles en bâtons. Dans une partie de la falaise il y a une cascade d'eau pure et dans la prairie il y a un étang à nénuphar. Les habitants de la ville ont permis au animaux de rester dans leur prairie à condition de ne pas touché à l'arbre... est une ville où la paix est la reine. La prairie change au fil des saisons en revanche l'arbre résiste pour garder sa fraicheur et reste tout le temps en fleurs sans jamais avoir de fleurs, ni de fruits.

Si la ville d'Erable est ainsi pour une raison précise ,pour ma part, je l'ignore.L'énorme érable est dans une grotte à ciel ouvert dont l'entrée est fermée par une cascade de lianes. De l'extérieur la ville d'Erable ressemble juste à un gros arbre. L'arbre est entouré d'une prairie, pleine de fleurs des couleurs de l'arc-en-ciel,elle même protégée par une falaise rocheuse. Les habitants de la ville habitent dans des petites cabanes en bois. Pour y monter on utilise des échelles en bâtons. Dans une partie de la falaise il y a une cascade d'eau pure et scintillante comme les étoiles et un étang à nénuphars décore la prairie. Les habitants d'Erable ont permis aux animaux de rester dans la prairie à condition de ne pas toucher à l'arbre. La ville d'Erable est une ville où la paix est reine. La prairie change au fil des saisons, en revanche l'arbre résiste pour garder sa fraîcheur et reste tout le temps en feuilles sans jamais avoir de fleurs, ni de fruits.

36 Nous avons ici affaire à une écriture à processus qui se laisse guider par une idée centrale mais ne cesse de s'enrichir au fil de la rédaction et dont les points de tension servent de moteur pour l'écriture créative. Notons que cette élève a manifesté le plaisir qu'elle a eu à produire son texte.

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