2.2.8. Protéines liant la laminine
La protéine Lmb (pour laminin binding), ubiquiste chez les souches d’origine humaine
de S. agalactiae, a d’abord été décrite comme permettant l’adhésion à la laminine [382].
Plus récemment, des travaux ont montré qu’elle permettait également l’invasion des cellules
endothéliales micro-vasculaires du cerveau humain (hBMEC) [399]. Le gène lmb est localisé
sur un transposon et est adjacent au gène scpB codant la peptidase C5a. Cette région
génétique apparait être une zone forte de plasticité génétique où peut s’insérer
fréquemment la séquence d’insertion IS1548 ou l’intron GBSi1 [1, 45]. La présence de l’un ou
l’autre de ces éléments paraît être dépendant du complexe clonal des souches [1]. La
présence d’IS1548 induit l’expression du gène lmb et augmente de manière concordante la
capacité d’adhésion à la laminine mais n’a aucun effet sur l’expression du gène scpB et sur la
capacité d’adhésion à la fibronectine [1].
2.2.9. Protéines liant le fibrinogène
FbsA et FbsB sont deux protéines décrites comme permettant l’adhésion au
fibrinogène [96, 158, 310, 355]. Bien que les deux protéines paraissent avoir la même
fonction, il n’existe pas d’homologie entre les deux gènes codant ces protéines [96]. Une
étude a montré que seulement 21 % des souches testées (n=111) ne possèdent pas le gène
fbsA, 35 % des souches possèdent uniquement ce gène et 50 % possèdent les 2 gènes. Dans
cette étude, fbsB n’est jamais trouvé en absence de fbsA [336]. Les souches qui possèdent
les deux gènes présentent une plus forte capacité d’adhésion au fibrinogène [336]. Les
protéines FbsA et FbsB sont présentes chez toutes les souches de S. agalactiae ST17.
D’autres éléments indiquent également que la présence de l’un ou l’autre des deux gènes
codant ces protéines de surface paraît être dépendante du groupe ST [2, 336].
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FbsA paraît être la protéine majoritaire impliquée dans l’adhésion au fibrinogène.
FbsA permet également d’adhérer aux cellules hBMEC et pulmonaires A549, induit
l’agrégation des plaquettes sanguines humaines majoritairement par l’intermédiaire de
l’adhésion au fibrinogène et joue un rôle dans la résistance à l’opsonophagocytose [158,
310, 354, 398]. Le nombre de répétitions de séquences répétées présentes dans le gène
fbsA, qui sont à l’origine de la liaison au fibrinogène, est hautement variable d’une souche à
une autre et est dépendant de la présence du gène fbsB [336, 355].
Une protéine FbsB d’une souche de S. agalactiae d’origine humaine est capable de
lier aussi bien le fibrinogène humain que le fibrinogène bovin grâce à des régions différentes
[96]. FbsB n’est pas impliquée dans l’adhésion aux cellules épithéliales pulmonaires
humaines mais par contre joue un rôle dans l’invasion de ces mêmes cellules [158]. L’ajout
de la protéine FbsB purifiée inhibe par compétition l’invasion des cellules A549 ce qui
indique que le rôle de FbsB dans l’invasion des cellules est direct. Tandis que FbsA possède
un motif LPxTG permettant l’ancrage dans la paroi bactérienne, FbsB ne possède pas de
motif équivalent et pourrait ainsi être sécrétée dans le milieu ou attachée de manière non
covalente [158].
La sérine protéase CspA de S. agalactiae est une protéase associée à l’enveloppe
cellulaire capable de cliver le fibrinogène de l’hôte et de se fixer au produit de la réaction.
CspA présente des homologies avec la famille de protéines à laquelle appartient la protéase
C5a. CspA participe en plus à la virulence de S. agalactiae chez un modèle rat et à la
résistance à l’opsonophagocytose par des neutrophiles humains in vitro [165, 363].
2.2.10.Protéines liant le plasminogène
Les glycéraldéhydes 3-phosphate deshydrogénases (GADPH) sont des enzymes
cytoplasmiques impliquées dans le métabolisme glycolytique. Malgré l’absence de signal de
sécrétion, elles sont exprimées à la surface de plusieurs bactéries, champignons et
protozoaires. Ces enzymes de ménage peuvent être impliquées dans l’adhésion aux
composants de l’hôte comme la fibronectine et le plasminogène et peuvent ainsi devenir des
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facteurs de virulence [114, 196, 297, 298, 434]. Chez S. agalactiae, une telle protéine a été
mise en évidence à la surface cellulaire [359]. Elle est capable d’interagir avec du
plasminogène, du fibrinogène et de l’actine et participe à la virulence de S. agalactiae chez la
souris [249, 359]. L’adhésion au plasminogène peut activer la plasmine pouvant générer une
activité protéolytique. S. agalactiae pourrait, par cette voie, dégrader la fibronectine de
l’hôte [249]. La GADPH chez S. agalactiae pourrait également être impliquée dans
l’interaction avec des protéines de S. agalactiae telles les 3 sous-unités composant le pilus
(PilA, PilB et PilC) mais également avec d’autres espèces bactériennes comme L. lactis,
S. aureus, S. pyogenes et E. coli [291]. Chez S. agalactiae, la localisation extracellulaire de la
GADPH est stimulée en cas de lyse cellulaire comme à la suite d’une exposition à de la
pénicilline G ou en cas de surexpression d’une autolysine. A l’inverse de la GADPH produite
par L. lactis, la GADPH de S. agalactiae induit l’apoptose de macrophages de souris [291].
Par ailleurs, la phosphoglycérate kinase (PKG) a été trouvée à la surface cellulaire des
souches de S. agalactiae [32, 183]. Cette enzyme est également impliquée dans la voie
glycolytique. La PKG se fixe au plasminogène, à la plasmine, à la fibronectine et à l’actine de
l’hôte et l’expression de la PKG chez des cellules HeLa altère leur cytosquelette [32].
2.2.11.Protéines liant les immunoglobulines
Chez S. agalactiae, la protéine β interagit avec 2 composants du système immunitaire
humain : la fraction C des immunoglobulines A du sérum humain et le facteur H du plasma
qui inhibe l’activation du complément [3, 242]. Cette protéine est trouvée chez toutes les
souches appartenant au sérotype capsulaire Ib, chez une minorité des souches appartenant
aux sérotypes la, II et V et jamais chez celles appartenant au sérotype III. Contrairement à
beaucoup de protéines de surface, la protéine β ne possède pas de longues séquences
répétées mais contient une région riche en proline dans sa partie C-terminale.
Les 9 sérotypes capsulaires de S. agalactiae produisent une protéine exposée à la
surface cellulaire nommée Sip pour Surface Immunogenic Protein [18, 43, 329]. L’analyse de
séquence de Sip ne révèle pas de structures répétées, de motif LPxTG ou de motif de liaison
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