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3.   GENERALITES

3.13.  Données sur la pomme de terre

L’introduction de la pomme de terre au Mali remonte au temps colonial. Elle est majoritairement cultivée dans les régions de Sikasso et Kati. Cette culture est bien intégrée dans le système de production des exploitations agricoles puisqu’elle est devenue une activité très rémunératrice.

En effet, la demande n’a cessé d’augmenter tant pour l’approvisionnement des grandes agglomérations du Mali que pour l’exportation dans la sous-région : les pays comme le Burkina Faso, le Bénin, la Cote d’Ivoire, le Ghana ou le Togo se tournent vers le Mali pour leur approvisionnement en pomme de terre de consommation.

3.13.2. Valeur nutritionnelle de la pomme de terre [33]

La valeur nutritionnelle de la pomme de terre est liée à sa composition, principalement à sa teneur en matière sèche, qui se compose essentiellement de glucides, mais qui apporte aussi des protides, des vitamines, des sels minéraux, des fibres alimentaires et seulement des traces de lipides.

La valeur nutritionnelle peut cependant être affectée par les modes de préparation culinaires dans la mesure où ils modifient cette composition, par exemple par la concentration de matière sèche, l'apport de matières grasses et la dégradation des vitamines.

3.13.2.1. Glucides

La pomme de terre est un aliment relativement riche en amidon (75 à 80 % de la matière sèche), et parfois considéré comme un féculent, mais qui se rapproche des légumes par sa teneur élevée en eau (environ 80 %), contre seulement 12 % pour les céréales et légumes secs.

Sa forte teneur en eau et la quasi absence de lipides en font un aliment modérément énergétique, environ 80 à 85 kcal/100 g, du moins lorsqu'elle est cuisinée sans apport de matières grasses. À titre de comparaison, 100 g de pomme de terre chips apportent environ 550 kcals.

L'amidon de la pomme de terre est assimilé par les nutritionnistes aux fibres alimentaires, avec les mêmes effets bénéfiques, notamment parce qu'il augmente le lest intestinal et change la consistance des selles, les rendant ainsi plus molles. Il a aussi un effet positif d'accélération

de la satiété, retarde la sensation de faim, et limite ainsi le risque de suralimentation, ce qui aide à prévenir l'obésité.

Outre l'amidon, les pommes de terre contiennent une faible quantité de sucres, dont la teneur varie selon les variétés, l'état de maturité des tubercules et leurs conditions de stockage.

Il s'agit principalement de saccharose et de sucres réducteurs (glucose et sucrose).

3.13.2.2. Protides

Les protides de la pomme de terre ont une bonne valeur biologique, comparable à celle du lait de vache. Ils contiennent plusieurs acides aminés essentiels, en particulier la lysine dont l'abondance les rend complémentaires des protéines de céréales, mais avec une légère déficience en acides aminés soufrés (méthionine, cystine).

Les principales protéines sont l'albumine, la globuline, la prolamine et la gluténine. Les tubercules contiennent également des glycoprotéines (patatine et lectine).

3.13.2.3. Vitamines

La pomme de terre est une bonne source de vitamines hydrosolubles, en particulier de vitamine C (acide ascorbique). Une portion de 300 g de pommes de terre bouillies fournit environ 50 % de l'apport journalier recommandé (110 mg/jour chez un adulte de 20 à 60 ans selon l’AFSSA). De fait, dans de nombreux pays où elle est le premier légume consommé, la pomme de terre est la principale source de vitamine C dans la ration alimentaire moyenne des habitants. En effet aux États-Unis, cet apport était (en 1975) estimé à 20 % (contre 18 % pour les agrumes).

Elle est aussi une source intéressante de vitamines B1 (thiamine), B2 (riboflavine), B3 (niacine), B5 (acide pantothénique), B6 (pyridoxine) et B9 (acide folique).

3.13.2.4. Sels minéraux

Les sels minéraux représentent environ 1 % du poids des tubercules frais. Ils comptent plusieurs minéraux et oligo-éléments importants pour l'alimentation humaine, dont le potassium (50 % du total), le fer et le magnésium, ainsi que le calcium et le phosphore.

Le calcium, bien que sa teneur soit faible comparée à celle d'autres aliments comme les céréales, est mieux assimilé du fait du très faible niveau de l'acide phytique. Leur teneur élevée en potassium fait des pommes de terre un aliment contre-indiqué en cas de défaillance

rénale (hyperkaliémie). Inversement, la faible teneur en sodium et la valeur élevée du ratio potassium/sodium les rend bénéfiques en cas d'hypertension artérielle.

Tableau XI Valeur nutritionnelle moyenne de la pomme de terre (TACAM) [29]

Pomme de terre crue, valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g

Eau 78 g

Valeurcalorique 81 kcal

Protides/Glucides/Lipides

Protides 1,7 g

Glucides 18 g

Lipides 0,1 g

Amidon 17 g Vitamines

Vitamine A 0,001 mg

Β carotène 0,012 mg

Vitamine B1 0,07 mg

Vitamine B2 0,03 mg

Vitamine B3 ou PP 1,3 mg

Vitamine B6 0,25 mg

Vitamine B9 0,014 mg

Vitamine C 21 mg

Selsminéraux

Fer 1,1 mg

Potassium 600 mg

Phosphore 51 mg

Calcium 13 mg

Sodium 10 mg

Acidesgras

Acidesaminésessentiels Divers

Fibres brutes 0,6 g

Tableau XII Comparaison des principaux composants en pourcentage (%) des plantes à tubercules [32]

3.13.3. Rentabilité de la filière [8]

3.13.3.1. En Afrique de l’ouest

Lorsque la pluviométrie a été irrégulière ou insuffisante, les récoltes des cultures céréalières sèches (mil, sorgho, maïs et riz pluvial) sont maigres et le pays manque de denrées de bases. Il faut diversifier les productions agricoles. Les productions maraîchères de saison sèche peuvent aider à diminuer la pression sur les céréales.

Dans le cadre des cultures maraîchères irriguées, la pomme de terre peut prendre une place prédominante pour diverses raisons :

a. D’un point de vue agronomique

9 Sa culture est aisée (phytotechnie, récolte) ;

9 En saison fraîche, les rendements peuvent être élevés (30 tonnes/ha) ; 9 Sa culture est réalisée dans une période creuse pour les paysans ;

9 Par rapport aux autres tubercules, elle produit le plus de poids de tubercule par jour d’occupations du sol : une moyenne de 25 tonnes/ha/100 jours. Son cycle cadre parfaitement avec la partie fraîche de saison sèche.

Plante Pomme de terre Manioc Taro Igname Patatedouce

Nom scientifique Solanumtuberosum Manhiotesculentes Colocasiasp Discoreasp Ipomeabatatas Pourcentage moyen des principaux composants

Eau 75 61 62 70 70

Amidon 21 33,6 30 20 26

Protéines 2,1 1,2 3 1,75 2

Matièregrasse 0,2 0,4 0,2 1 0,2

Cellulose 0,7 2,6 0,7 1 1

Cycle moyen 3 à 4 mois 10 à 12 mois 4 à 10 mois 7 à 12 mois

6 à 8 mois Rendementmoyen

minimum 25 tonnes/ha 20 tonnes /ha 20

tonnes/ha 20 tonnes

/ha 6 tonnes /ha

b. D’un point de vue commercial

9 Elle est très appréciée par les populations. En effet, son goût et la diversité de ses préparations culinaires en font un aliment recherché ;

9 La marge nette moyenne en hectare est très élevée et dépasse bien souvent les autres cultures traditionnelles. Il s’agit donc d’une culture de rente ;

9 Sa conservation peut être réalisée par l’introduction de principes simples de stockage ; 9 C’est un produit exportable.

3.13.3.2. Pour le cercle de Sikasso

La région de Sikasso de par sa position géographique regorge de potentialités énormes grâce à ses multiples bas fond et vallées inondables. Dans ces zones, la pomme de terre représente avec le riz de bas fond, le maïs et les autres cultures maraîchères les principales sources de diversification des revenus paysans.

Selon le système de culture dans les bas-fonds de la périphérie de Sikasso, les parcelles de pommes de terre exploitées en saison froide par les hommes, sont exploitées par les femmes en hivernage pour la culture du riz qui profite ainsi de l’engrais. D’où l’importance de cette culture pour la valorisation des systèmes de production dans les bas-fonds de la région de Sikasso. Elle joue un rôle de locomotive pour toutes les autres spéculations dans les bas-fonds et pour le riz en particulier, cette culture étant essentiellement une activité féminine.

De façon particulière, la pomme de terre est la deuxième culture de rente après le coton.

Depuis la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, la culture de la pomme de terre connaît un essor considérable et constitue pour bon nombre de paysan, la principale source de revenu monétaire. Actuellement, elle occupe plus de 100 villages et hameaux concentrés dans un rayon de 50 km.

En considérant l’exploitation d’une superficie moyenne de 1700 ha, la production totale par campagne se situait en 2004 à environ 42 500 tonnes avec un rendement moyen de 25 tonnes/ha [8].

Avec un taux de 90% de produits commercialisés, soit 38 250 tonnes de pomme de terre vendue à un prix minimum de 100 Franc CFA le kilogramme, les paysans réalisent des marges nettes importantes [8].

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