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Données épidémiologiques

Dans le document Thèse pour le doctorat en médecine (Page 93-98)

Activité physique et diabétologie - nutrition

A. Données épidémiologiques

L'obésité se caractérise par un excès de réserves énergétiques stockées sous forme de graisses dans le tissu adipeux. La masse grasse est difficile à mesurer cliniquement. En pratique, il est possible d’ utiliser un indice de masse corporelle (IMC ou BMI) calculé selon le poids divisé par le carré de la hauteur (kg/m²).

Chez l'adulte, l'obésité se définit par un indice de masse corporelle supérieur à 30.

Chez l'enfant, l'obésité se définit par un indice de masse corporelle situé au-delà du 97e percentile de la distribution pour une classe d’âge.

En France, en 2002, 8 % des adultes et 12 % des enfants sont atteints d'obésité, soit 4 à 5 millions d'individus. Cette prévalence, bien qu'en constante augmentation, reste très inférieure à celle observée aux États-Unis (30 % des adultes, et 22 % des enfants) (81).

Chez l'adulte, la prévalence de l'obésité augmente lentement, de 1 à 2%

tous les 10 ans. Par contre, chez l'enfant, cette prévalence, vers l'âge de 10 ans, est passée de 5,5 % à 12,7 % en 15 ans, et a donc plus que doublé. Qui plus est, les obésités massives ont été multipliées par cinq pendant la même période.

Cette rapide augmentation de la prévalence durant l'enfance est préoccupante car 20 à 50 % des enfants obèses et 50 à 70 % des adolescents obèses le resteront à l'âge adulte (82).

Cette croissance rapide de l’obésité dans le monde n’est pas liée uniquement aux modifications alimentaires, mais aussi et surtout aux modes de vie de plus en plus sédentaires comme tendent à le prouver les tableaux 52 et 53.

Le premier met en évidence une augmentation puis une diminution des apports énergétiques quotidiens durant les 50 dernières années alors que l’obésité continue de progresser. Le deuxième montre une croissance parallèle entre obésité et comportements sédentaires (nombre de voitures par foyer, temps passé devant la télévision) sur la même période.

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

1950 1960 1970 1980 1990

Années

% relatif

% d'obèses

Apports énergtiques (MJ/jour) Apports en matières grasses (g/j)

Tableau 52 : Tendance séculaire de l’alimentation et de l’obésité en Grande-Bretagne.

L’ALFEDIAM (Association de Lang ues Françaises pour l'Etude du Diabète et des Maladies métaboliques) dans ces « recommandations pour le diagnostic, la prévention et le traitement des obésités en France » (83) insiste sur l'activité physique comme moyen de prévention (niveau de preuve : grade B) et de traitement de l'obésité (niveau de preuve : grade A).

0

Tableau 53 : Tendance séculaire du temps accordé aux activités sédentaires et de l’obésité en Grande -Bretagne.

B. Activité physique et prévention.

Il est assez difficile de séparer le rôle de l'éducation nutritionnelle et de l'activité physique sur le risque d'obésité. En effet, la plupart des études d'intervention jouent sur ces deux facteurs.

Le rôle de l'activité physique sur la prévention de l'obésité chez l'enfant se base sur quelques études cas-témoins (avec les risques de biais que cela comporte). La plus couramment citée dans les rapports sur l'obésité chez l'enfant a été réalisée par Trost et co. (21). Elle a permis de suivre 54 enfants obèses et 133 normo-pondéraux d’âge moyen de 11,4 ans. L’activité physique était évaluée par accélèromètrie et par questionnaires. Les enfants obèses présentaient une diminution significative du nombre de séances d'activité physique et de leur durée. Cette étude évaluait également la sédentarité par l'intermédiaire du temps passé devant la télévision. Elle concluait en une diminution de 10 % du risque de survenue d'une obésité par heure d’ activité physique quotidienne et en une augmentation de 12 % par heure passée devant la télévision.

L'action de la télévision sur l'obésité n'est probablement pas seulement expliquée par la sédentarité qu'elle induit, mais elle est également liée à une augmentation de l'apport énergétique. En effet, comme le soulignait C. Ebbeling (20), les enfants consomment des aliments très riches en regardant la télévision et sont exposés à des publicités les encourageant à manger de tels produits.

Une étude longitudinale, parmi les rares existantes, réalisée par Moore et co. (22), s’est intéressée non plus à l’indice de masse corporelle mais à la somme de 5 plis cutanés chez 103 enfants de 4 à 11 ans. Le suivi a porté sur huit ans. Les résultats, mentionnés dans le tableau 54, mettent en évidence une diminution significative (p=0,045) de cette somme dans le tiers le plus actif.

La prévention de l'obésité par l'activité physique doit préférentiellement commencer dès l'enfance, mais est également possible à l'âge adulte comme le montre le travail réalisé par Colditz et co. (23). Cette étude a suivi 50 277 femmes âgées de 30 à 55 ans, présentant un BMI<30, pendant six années. Sur cette période, 3757 femmes développèrent une obésité. Le niveau d'activité physique était évalué par questionnaires, dont les données étaient transcrites en équivalent métabolique (MET-heures). La sédentarité était mesurée par l'intermédiaire du temps passé à regarder la télévision, et du temps passé assis au travail ou au volant.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Somme des 5 plis cutannés

Sédentaire Moyennement actif Très actif Niveau d'activité

Tableau 54 : somme des cinq plis cutanés en fonction du niveau d'activité physique.

Le tableau 55 montre une relation proportionnelle et significative entre le temps passé à regarder la télévision et le risque de survenue d'une obésité.

Inversement, la marche pratiquée en tant que loisir permet de réduire ce risque d'environ 25 % au-delà de 20 MET-heures par semaine. La marche, pratiquée dans le cadre professionnel, ne joue pas de rôle protecteur. De même, le nombre d'heures, passées assis au travail ou la maison, n'est pas statistiquement associé à un risque accru d'obésité.

Le tableau 56 mesure le risque relatif de survenue d'une obésité en fonction de l'activité physique, et du temps passé à regarder la télévision. Il prend comme référence les patients les plus actifs et regardant le moins la télévision. Il met en évidence que, pour une somme d'exercice identique, le risque relatif augmente avec le temps passé devant la télévision. Inversement, le risque relatif décroît en fonction de l'activité physique, pour un même temps passé devant la télévision.

Il est donc possible, aux vues de cet article, de citer l'activité physique comme facteur protecteur contre l'obésité, et les activités sédentaires comme facteurs de risque à part entière.

0

0-1 2-5 6-20 21-40 >40

Nombre d'heures hebdomadaire

Tableau 55 : risque relatif d'obésité en fonction de la sédentarité et de l'activité physique.

0 0,5 1 1,5 2 2,5

0,2-7,7 7,8-21,40 >21,40

Activité physique en MET-heures/sem

Risque relatif (95%CI)

<6h 6-20h

>20h

Tableau 56: le risque relatif d'obésité en fonction de l’activité physique et du temps passé devant la télévision (bleu : <6h, violet : 6-20h, le jaune : >20h).

Dans le document Thèse pour le doctorat en médecine (Page 93-98)