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LE DOMAINE DES RISQUES ACCIDENTELS ET DANS LE DOMAINE DES RISQUES

« ENVIRONNEMENT-SANTÉ »

JEAN-LOUIS CAFFIER

Concrètement, quels seraient les accidents potentiels à craindre ?

Yann MACE

Si on prend l’exemple du photovoltaïque, le risque serait de déclencher un incendie. Du côté des batteries, les plus performantes aujourd’hui sont aussi les plus toxiques. Le marché des batteries se caractérise par des technologies qui évoluent année après année, rendant obsolètes les précédentes. Nous devons donc changer la posture de l’INERIS et des pouvoirs publics. Il ne s’agit plus aujourd’hui de réglementer, mais plutôt d’aller vers de l’homologation et de l’interopérabilité de produits. Nous devons encourager la certification et la normalisation des solutions telles qu’elles ont été achetées sur le marché (plutôt que des opérateurs), afin qu’elles soient protégées quelles que soient les circonstances. J’insiste sur ce dernier point car dans la mesure où ces installations seront utilisées par tout le monde, nous aurons des usages différents. Par exemple, dans le cas d’un parc automobile géré par la Poste, nous savons quel est le profil d’emploi des véhicules. Si ces mêmes véhicules sont vendus au grand public, une pluralité d’usages et de maintenance émergera (ville, montagne, grands trajets, entretien ou non du véhicule…).

Par ailleurs, l’aspect économie circulaire est au cœur du débat sur le réchauffement climatique.

Cela étant, elle peut engendrer au moins deux phénomènes qu’il faudra traiter. D’abord, nous constaterons la concentration géographique d’un certain nombre d’industries, qui seront interconnectées par des flux physiques (échanges de matières). Ensuite, ces industries qui n’ont pas nécessairement la même culture de risque souhaiteront faire cohabiter, voire mutualiser leurs approches de maîtrise des risques. Nous allons donc devoir développer une approche multi-exploitant et multiculturelle. L’économie circulaire implique également l’utilisation de matières premières avec des intrants de qualités variables. L’industriel, dont la préoccupation est de sortir un produit fini de qualité toujours égale, devra être en mesure d’adapter en permanence le processus de production. Nous allons vers la gestion du « transitoire permanent ». Ces nouvelles conditions doivent être examinées en matière de sécurité.

population. Comment évaluer les risques portés par de si petites unités, parfois à l’échelle de l’individu ? Ces personnes n’ont pas une culture de sécurité aussi développée que les grands

opérateurs. En outre, elles se trouvent parfois dans un contexte urbain, à côté de magasins, d’écoles, de crèches, etc.

JEAN-LOUIS CAFFIER

Nous avons tout de même des professionnels en matière d’économie circulaire.

Prenez par exemple la gestion des déchets. Dans ce cas-là, ce n’est pas le particulier qui essaie de faire du recyclage chez lui.

Yann MACE

En effet. Néanmoins, si je prends l’exemple du réemploi des batteries, nous ne disposons pas de leurs modalités d’emploi lorsqu’elles arrivent en phase de recyclage. Sont-elles dangereuses ? Même pour les industriels, cette question de la traçabilité d’usage est difficile à résoudre.

Philippe HUBERT

Nous venons d’évoquer sous l’angle accidentel un certain nombre d’aspects. Nous retrouvons exactement la même chose en matière de risques chroniques. Si nous rassemblons des industries liées par l’économie circulaire au même endroit, nous avons intérêt à avoir des analyses de dangers communes d’une part, et des analyses communes de l’impact sur l’environnement d’autre part. Cela a été initié avec les études de zones depuis un certain temps. Techniquement, nous savons le faire. Nous devons aussi réfléchir aux mécanismes financiers pour favoriser cette avancée commune.

Concernant les déchets et les processus de valorisation du recyclage, des professionnels existent, mais ils sont déjà confrontés à des difficultés de réglages permanents. Avec des intrants toujours différents, il devient nécessaire de régler en permanence le processus des déchets.

Les nouveaux entrants sur le marché entraînent

aussi de nouvelles problématiques. Les filières sont inégales en matière de recyclage, certains utilisent des matériaux biosourcés, d’autres non, certaines ont à faire face à un changement dans les substances autorisées, faisant obstacle au réemploi. Le déficit d’homogénéité se répercute dans la maîtrise du processus.

Pierre TOULHOAT

Pour compléter le panel sur la question de l’évolution des systèmes, je me fais le porte-parole de la dimension sol et sous-sol de l’INERIS. Nous avons un enjeu très important sur les questions de stockage en sous-sol de l’énergie sous ses différentes formes (hydrogène, air comprimé…).

Les défis scientifiques sont importants. Nous allons travailler avec des équipes qui vont développer des procédés. De nombreux domaines sont liés à la transition énergétique. Nous avons évoqué la question du stockage du CO2 comme mesure d’adaptation au changement climatique.

Nous y avons beaucoup travaillé, et nous nous sommes rendu compte que le stockage en sous-sol pouvait poser problème. Des problématiques de risques sont notamment suscitées par ces nouvelles technologies. Nous arrivons petit à petit à positionner ce panel risques chroniques / risques accidentels / sols et sous-sols sur l’ensemble de ces questions.

JEAN-LOUIS CAFFIER

Au-delà de tous ces progrès que nous évoquons, nous sommes là pour anticiper les risques. Ne les oublions pas.

Pierre TOULHOAT

Je souhaite revenir sur la croissance des bio-technologies, notamment blanches, pour lesquelles nos compétences et nos moyens actuels ne sont pas à la hauteur des défis qui

nous sont posés. C’est une interrogation pour nous, et l’INERIS devra prendre position sur ce sujet dans les cinq années à venir.

JEAN-LOUIS CAFFIER

Je vous propose de terminer cette séquence en évoquant l’aspect de la transmission des informations par tous les moyens. Est-ce que cela présente un risque nouveau ?

Yann MACE

D’un point de vue accidentel, nous sommes aussi confrontés à la mondialisation de l’économie.

Celle-ci entraîne une pression sur les coûts, le développement, et les délais de livraison aux clients. Face à cela, nous disposons de l’outil informatique, qui porte en lui un certain nombre de risques. Si l’informatique remplace l’homme, ce qui sera la tendance à terme (l’informatique étant plus fiable et moins coûteuse que l’humain), nous nous exposons tout de même aux risques de bugs, hacks, etc. L’informatique est un plus, mais nous allons devoir nous prémunir contre ces risques de piratage et de dysfonctionnements.

Nous allons changer de génération d’électronique et d’informatique, et aller vers du prédictif. Nous allons donc devoir nous adapter à ces nouveaux modèles industriels.

Philippe HUBERT

Certains aspects sont très positifs, comme le fait de pouvoir acquérir de l’information très disper-sée. Nous pourrons bientôt relier facilement les prédictions sur la qualité de l’air avec les obser-vations. Dans le domaine médical, la surveillance individuelle progressera grâce à l’informatique aussi.

Que devient l’INERIS dans tout ça ? Nous ne pouvons pas tout faire avec 500 personnes. Serons-nous capables de regarder toute la sécurité avec toutes ces nouvelles approches qui émergent ?

UNE INDUSTRIE ACCEPTABLE