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PARTIE IV : TRANSFORMATIONS PAYSAGÈRES, PERCEPTIONS DES RISQUES ET STRATÉGIES DES

Chapitre 7 : Transformations paysagères dans les périphéries de Lomé

7.1 Diversité des structures paysagères et des changements d’usage

Dans l’ensemble, l’évolution de l’occupation des sols entre 2002 et 2012 montre, malgré de profondes transformations, une certaine persistance des types d’occupations des sols entre 2002 et 2012 qui laissent une empreinte plus ou moins forte (Planche 17 et 18). Les plus grands changements concernent l’évolution des surfaces, l’agrégation ou la fragmentation des unités d’occupation des sols notamment l’agriculture, le bâti, les plantations et la végétation naturelle.

Planche 17: Evolution de l’occupation des terres sur les sites pilotes I et II entre 2002 et 2012

Sites 2002 2007 2012

I

II

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Planche 18: Evolution de l’occupation des terres sur les sites pilotes III et IV entre 2002 et 2012

Sites 2002 2012

III

IV

2017_BAWA_Anissou_Thèse_de_Doctorat Page 172 L’analyse des changements, à partir des cartes d’occupation des terres est présentée en termes de surfaces par classe d’usage des sols dans des tableaux sous forme de matrice de transition entre 2002 et 2012. Dans l’ensemble, les paysages agricoles semblent être les plus urbanisées.

Sur le site I, intra-urbain, (Tableau XIX), 52,7% des terres agricoles caractérisées en 2002, se sont urbanisées en 2012. En une décennie, l’espace urbanisé a plus que doublé, passant de 36,5 ha à 95,5 ha, soit un taux annuel moyen de variation de +16,2%. L’urbanisation s’est fait également à partir des zones de plantations (14,8%) et des espaces occupés par la végétation naturelle (59,5%). Une part importante de ces plantations (68,9%) et de la végétation naturelle (14,9%) a été mise en culture. L’espace agricole peut être considéré comme une étape intermédiaire dans le processus d’urbanisation observé au Sud du Togo.

Tableau XIX : Changement d’usage des terres et évolution des surfaces entre 2002 et 2012 sur le site I

Usage des terres en 2002

Usage des terres en 2011 (ha)

Surfaces agricoles Espaces urbanisés Plantations Végétation naturelle Total

Surfaces agricoles 38,3 42,6 0 0 80,9

Espaces urbanisés 0 36,5 0 0 36,5

Plantations 16,8 3,6 4 0 24,4

Végétation naturelle 3,2 12,8 0 5,5 21,5

Total 58,3 95,5 4 5,5 163,3

Parmi toutes les zones de changement, celle montrant le passage de l’agricole vers l’urbain sont localisées vers l’Ouest et le Sud du Site I, dans le prolongement de la ville de Lomé (Planche 19).

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2017_BAWA_Anissou_Thèse_de_Doctorat Page 174 Sur le site II (Tableau XX), périphérique, seules 10,6% des terres agricoles caractérisées en 2002, se sont urbanisées en 2012. L’urbanisation est rapide sur ce site puisque l’espace urbanisé s’est triplé, passant de 10,5 ha à 32 ha, soit un taux annuel moyen de variation de +20,5%. Ce site correspond au front d’urbanisation Est de la ville de Lomé. Outre les terres agricoles, l’urbanisation sur ce front, s’est fait également à partir des zones de plantations. Plus de la moitié (51,7%) des plantations de cocotier, très développé sur le littoral, ont été urbanisé en 2012. Une autre part, non négligeable (40,2%) est reconvertie en espace de culture vivrière. Ce qui renforce l’hypothèse selon laquelle, la mise en culture des plantations (pérennes) serait une étape intermédiaire dans le processus d’urbanisation en cours dans la Région Maritime du Togo.

Par ailleurs, de nouvelles zones de plantation sont créées en 2012 sur des terres autrefois agricoles. Leur part est faible (0,1%) mais elle révèle le développement de stratégie d’investissement agricole dans cette région et témoigne du double effet de la proximité urbaine, à la fois intégrateur et déstructurant (Soulard et al., 2011). L’autre fait marquant est l’abandon d’une partie de ces terres agricoles (1,6%) qui sont recolonisées par la végétation naturelle. Ce déguerpissement des paysans de la zone littorale, est occasionné par l’érosion côtière très forte dans cette zone et qui est perçu comme une menace.

Tableau XX : Changement d’usage des terres et évolution des surfaces entre 2002 et 2012 sur le site II

Usage des terres en 2002

Usage des terres en 2012 (ha)

Surfaces agricoles Espaces urbanisés Plantations Végétation naturelle Total

Surfaces agricoles 141 17 0,2 2,6 160,8

Espaces urbanisés 0 10,5 0 0 10,5

Plantations 3,5 4,5 0,7 0 8,7

Végétation naturelle 0 0 0 49 49

Total 144,5 32 0,9 51,6 229

Les zones de changement montrant le passage de l’agricole vers l’urbain sont localisé un peu partout, avec une prédominance dans la partie Ouest, autour des localités d’Afidégnigban et d’Agbavi (Carte 16). Elles bordent également le réseau routier notamment la route Lomé-Cotonou et le réseau routier secondaire lorsque celui-ci existe.

2017_BAWA_Anissou_Thèse_de_Doctorat Page 176 Sur le site III (Tableau XXI), périphérique, 13,1% des terres agricoles caractérisées en 2002, se sont urbanisées en 2012. L’urbanisation est aussi rapide sur ce site puisque la zone urbanisée a aussi triplé entre 2002 et 2012, passant de 8,1 ha à 29,1 ha, soit un taux annuel moyen de variation de +25,9 %. Ce site correspond au front d’urbanisation Nord-Ouest de la ville de Lomé. L’urbanisation sur ce front affecte également les zones de plantations. 10 % de ces plantations ont été urbanisé entre 2002 et 2012 et plus de la moitié (58%) sont mises en culture.

On note également la création de nouvelles zones de plantation en 2012 sur des terres autrefois agricoles (1,4%) confirmant l’effet intégrateur de la proximité de la ville de Lomé. Sur ce front d’urbanisation, c’est plutôt le palmier à huile qui est développé contrairement au site II.

Tableau XXI : Changement d’usage des terres et évolution des surfaces entre 2002 et 2012 sur le site III

Usage des terres en 2002

Usage des terres en 2012 (ha)

Surfaces agricoles Espaces urbanisés Plantations Total

Surfaces agricoles 130,9 20 2,1 153

Espaces urbanisés 0 8,1 0 8,1

Plantations 5,8 1 3,2 10

Total 136,7 29,1 5,3 171,1

Les zones de transformation des terres agricoles en zones urbaines s’observent un peu partout sur le site (Carte 17). Le réseau routier est absent et l’établissement du bâti se fait de façon aléatoire sans coordination. C’est un mitage de l’espace singulier à cette région de l’Afrique de l’Ouest et qui est contraire aux observations existantes (Perrin et al., 2013; Valette et al., 2013).

2017_BAWA_Anissou_Thèse_de_Doctorat Page 178 Enfin, sur le site le plus éloigné de la ville de Lomé, (site IV) et qui représente la zone périphérique très proche du rural, 11,5% des terres agricoles cartographiées en 2002, se sont urbanisées en 2012 (Tableau XXII). La zone urbanisée a presque quadruplé en dix ans, en passant de 3,5 ha à 17,4 ha ; soit un taux annuel moyen de variation de +39,7%. C’est la preuve que le bâti se densifie dans les campagnes proche des villes du Sud. Ce processus d’urbanisation se réalise aussi par conversion des zones de plantations en bâtis (17,2%) et par la mise en culture d’une part importante (26,5%) de ces plantations.

Tableau XXII : Changement d’usage des terres et évolution des surfaces entre 2002 et 2012 sur le site IV

Usage des terres en 2002

Usage des terres en 2012 (ha)

Surfaces agricoles Espaces urbanisés Plantations Total

Surfaces agricoles 80 10,4 0 90,4

Espaces urbanisés 0 3,5 0 3,5

Plantations 5,4 3,5 11,5 20,4

Total 85,4 17,4 11,5 114,3

La carte 18, montre que les zones de conversion des terres agricoles en zones urbaines se localisent autour des villages anciens notamment le village de Houlé Kopé et de Tshinkou Kopé et le long du réseau routier Lomé-Mission-Tové.

Parmi toutes les zones de changement caractérisées précédemment sur les quatre sites, celles montrant le passage des zones de cultures en zones urbaines se révèlent être les plus importantes à la périphérie des villes du Sud Togo. Elle affecte entre 7,4% et 26,1% des terres analysées (Voir graphique sur les planches et cartes). L’ampleur de cette transformation témoigne de la pression qu’exerce l’urbanisation sur les espaces agricoles périurbaines et qui peut être perçu de diverses manières par les exploitants agricoles. La plupart des surfaces agricoles urbanisées dans les espaces périphériques étudiés, correspond à l’établissement des logements individuels, fruit des initiatives privées. Ce qui explique leur distribution aléatoire sans aucun lien avec l’aménagement du réseau routier.

La deuxième plus importante transformation correspond au passage de la végétation naturelle et des zones de plantation vers l’urbain (3,1% - 7,8%) et vers les cultures vivrières (2% à 10,3%). Elles expliqueraient l’absence totale ou presque, de la végétation naturelle dans cette région et la pression qu’exerce les populations locales sur les reliques de forêts sacrées, sanctuaires du culte ‘vaudou’ très répandue en Afrique de l’Ouest (Kokou et al., 1999) et sur les savanes inondables (Afidégnon, 1999). Les constructions qui s’établissent actuellement dans les savanes inondables notamment dans la dépression de Zio (au Nord de la ville de Lomé), est l’œuvre de populations pauvres, incapables de s’offrir un logement décent en milieu urbain ou sur des terres exondées. Ce fait est à l’origine de la création des quartiers précaires de Klobatème (1229 hbts), Dikamè (3413 hbts) et plus récemment Fidokpui (4466 hbts) qui sont sujette à des inondations annuelles. En outre, la mise en culture des espaces occupés autrefois par la végétation naturelle et les plantations peut être considérée comme une étape du processus d’urbanisation des plantations et de la végétation naturelle.

Les autres transformations observées, et de moindre importance, sont la conversion de quelques parcelles de cultures en plantations pérennes et en végétation naturelle. Elles affectent respectivement entre 1,2% et 1,1% des terres analysées. C’est le fait le plus souvent d’acquéreurs non agricoles qui choisissent de planter des tecks sur leur parcelle, en attendant de la revendre plus tard.

2017_BAWA_Anissou_Thèse_de_Doctorat Page 181 En prenant en compte la variation des taux annuelle moyens de l’établissement du bâti, on constate que le processus d’urbanisation est beaucoup plus rapide sur les sites II et III, correspondant au front d’urbanisation Est et Nord-Ouest de la ville de Lomé. C’est le lieu où la nouvelle trame urbaine s’installe et la concurrence est bien rude entre les multiples usages des terres. L’insécurité foncière est très élevée à cause de la rente foncière forte induite par le marché foncier urbain. Les nouveaux acquéreurs des terres s’empressent de bâtir leur maison de peur de se faire spolier leur parcelle. Ce processus est quelques fois structuré par la présence ou non de réseau routier.