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Distribution des micromammifères en Aquitaine

Dans le document La Loutre en France et Navarre (Page 131-135)

par Ondine Filippi-Codaccioni et Laurent Couzi - LPO Aquitaine

À ce jour, peu de connaissances ont été acquises au cours du temps sur les

micromammifères en Aquitaine. Ce travail a pour but de déterminer la distribution des différentes espèces au niveau de la région en étudiant les différents facteurs écologiques, biotiques et abiotiques, jouant sur cette répartition.

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L’étude a été effectuée à partir

d’un jeu de données conséquent de pelotes de réjection récoltées sur l’ensemble du territoire par des personnes volontaires rensei-gnant la base de données Faune Aquitaine. La proportion de chaque espèce dans les pelotes a ensuite été cartographiée puis a servi de base pour une étude de la distribution sur l’ensemble du territoire. Pour cela, une mé-thode basée sur la sélection du meilleur pool de facteurs envi-ronnementaux explicatifs, par régression pas à pas, a été testée et confrontée à des méthodes plus communes d’interpolation spa-tiale. Nous avons également tenté de définir et de cartographier les assemblages de campagnols

tir de la méthode déterminant les facteurs environnementaux jouant sur leurs fréquences de présence dans les pelotes. Envi-ron une quinzaine de facteurs influencent à la fois positivement et négativement ces fréquences avec une importance notoire des et de musaraignes existants en

Aquitaine à partir d’analyses de similarité des communautés ainsi que de déterminer les facteurs environnementaux influençant leurs compositions.

La distribution de treize espèces a pu être cartographiée à

par-facteurs édaphiques décrits avec précision. Les cartes d’interpo-lation spatiale des fréquences de présence étaient assez similaires à celles produites par la méthode des régressions pas à pas avec un jeu de variables bien plus réduit. Enfin, la composition des com-munautés de campagnols était influencée en Aquitaine par 5 types de sols et par au moins 21 variables paysagères dont 5 renseignant sur la structure du paysage et 6 sur sa composition. À celles-ci s’ajoutaient 5 variables environnementales en lien avec les températures minimales et maximales annuelles, les préci-pitations et la distance à la mer.

Concernant les musaraignes, 7 variables paysagères dont 3 renseignant sur la structure du paysage et 4 sur sa composition, influencent la composition des communautés, de même que l’altitude et les températures

minimales. Alors qu’une com-munauté-type semble se distin-guer sur le plateau landais chez les campagnols, des distinctions apparaissent plus difficilement chez les musaraignes.

Contacts

Ondine Filippi : ondine.filippi-codaccioni@lpo.fr Laurent Couzi : laurent.couzi@lpo.fr

LPO Aquitaine, 433 chemin de Leysotte, 33420 Villenave d’Ornon.

Questions / Réponses

Quel est l’apport d’une telle démarche de modélisation dont les résultats sont sensiblement ceux qu’aurait donnés une approche plus intuitive ?

O. Filippi-Codaccioni : Les résultats exposés vont au-delà de ce qu’autorise une approche intuitive car intuitivement il est très difficile voire impossible de fournir une carte de l’Aquitaine de 2 km sur 2 avec sur chaque maille la probabilité de présence des micromammifères.

P. Rigaux : Les données initiales de présence étant fournies par l’examen des pelotes de chouettes effraie, comment gérez-vous le biais énorme que peut représenter la façon dont la chouette effraie capture ses proies (chasse dépendante de l’espèce de proie la plus accessible ou la plus abondante) : Est-ce qu’il y a une prise en compte de Est-ces éléments ? (par exemple le campagnol agreste peut être plus présent dans un endroit car l’herbe y est plus haute et apparaître plus abondant que le campagnol des champs dans un rayon de quelques kilomètres).

Il n’est pas possible de maîtriser la chouette effraie et c’est elle qui échantillonne les micromammifères. Pour autant, la force de cette approche statistique est que plus il y a d’échantillons, plus il y a des chances de prendre en compte la variabilité et d’obtenir finalement des résultats représentatifs. Cette étude a été réalisée sur 5 années et chaque lot contient 160 pelotes (la chouette effraie ne va donc pas rester un mois sur le même spot de campagnols).

Un moyen pour réduire ce biais serait de tenir compte de la date du relevé de l’échantillon dans la végétation pour accéder à la variabilité saisonnière. Mais il reste que la date de relevé de l’échantillon peut être en décalage avec la date à laquelle la pelote a été produite.

P. Rigaux : Avez-vous eu beaucoup de données issues des modèles qui s’éloignent des présences observées sur le terrain ?

O. Filippi-Codaccioni : De nombreux modèles ne marchent pas. Par exemple, ils n’ont pas marché lors de la modélisation de la distribution du campagnol basque en fonction des variables environnementales parce qu’il y avait un manque d’échantillons (30 échantillons). La modélisation ne marche pas quand il y a peu d’échantillons et quand les variables environnementales sélectionnées sont trop faibles.

C. Arthur : La carte de la musaraigne pygmée était très intéressante. Il y a une forte présence dans le domaine des Graves, or comment l’expliquer car ce n’est pas intuitif au premier abord ?

O. Filippi-Codaccioni : Avec Corinne Land Cover, il y a une sélection des variables « estuaire » et de celles qui représentent un volume d’eau important. Du coup, il y a des abondances et des fréquences plus importantes à cause de cette sélection. Il faut reprendre la carte obtenue avec d’autres valeurs qui ne sont pas celles de Corine Land Cover et qui prennent en compte la densité de cours d’eau. Dans ce dernier cas, il n’y aurait pas les patchs obtenus avec les données de Corine Land Cover qui semblent faux.

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Rapporteurs : Christelle Bressy et Florian Coulon

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P. Medard : Le prédateur (la chouette effraie) échantillonne pour vous, mais comment palier au biais lié à sa méthode de chasse (Par exemple les espèces fouisseuses sont souvent peu représentées parce que la chouette chasse plutôt en surface ?). Dans une autre étude, dans un autre milieu, dans une autre région, avec quel(s) autre(s) type(s) de prédateur(s) serait-il possible de résoudre ce problème ? Serait-il possible de croiser la prédation de la chouette effraie avec celle du renard ou de la genette parce que certaines espèces de proies ne sont ni de surface ni des fouisseuses et qu’elles se retrouvent difficilement ? Il y a eu des problèmes pour une étude permettant de séparer deux sous-espèces en Languedoc-Roussillon parce que la chouette effraie ne capturait pas ces individus.

C. Arthur : Certaines espèces ne peuvent être échantillonnées par l’intermédiaire de la chouette effraie car elles sont présentes à une altitude trop élevée et la chouette effraie ne va pas au-delà de 800 m d’altitude. L’utilisation de fèces de renard en remplacement de la chouette effraie n’est pas envisageable car elles ne contiennent que les restes d’une ou deux proies, il faudrait donc beaucoup plus de crottes pour avoir un échantillonnage suffisant.

Et oui les écrits en biologie font de plus en plus souvent référence aux statistiques et le milieu naturaliste ne fait pas exception.

Il s’agit là de tout une gamme d’outils formels qui peuvent être plus ou moins complexes, certes, mais qui, lorsqu’ils sont bien utilisés, peuvent nous aider à répondre à certaines de nos questions, voire nous permettre de faire des prédictions.

À quoi ça sert concrètement ? Et bien tout comme nous utilisons un microscope pour observer la structure d’un poil et identifier à quelle espèce il appartient, nous utilisons les statistiques dans le cadre d’une étude expérimentale pour décider si le résultat apparent est causé par notre expérience ou simplement dû au hasard. En effet, quand nous étudions le vivant, nous devons toujours avoir à l’esprit que nous observons un phénomène qui n’est que diversité et qui, de ce fait, va facilement nous donner l’illusion d’un effet qui en réalité ne serait dû qu’au hasard. C’est là que les statistiques vont être d’une grande aide : elles vont nous aider à mieux voir les données récoltées, à faire du tri et à tirer des conclusions sur une population grâce à quelques individus échantillonnés selon un protocole strict. Elles vont nous permettre, par exemple, de juger si une différence observée entre deux milieux est notable compte tenu de la variabilité rencontrée dans la population.

Ainsi lors d’une étude, les statistiques vont nous aider à bien poser nos

hypothèses, à mettre en place le protocole, l’échantillonnage, à évaluer le nombre de spécimens à relever, puis à décrire les résultats et enfin à tirer une ou des conclusions sur la population étudiée.

En aucun cas il ne s’agit d’un outil divinatoire qui pourrait se substituer au biologiste. Pour tirer des conclusions objectives à la suite d’une étude, un

expérimentateur doit associer deux instruments indispensables : les statistiques et son savoir de biologiste. Car si les statistiques peuvent nous dire si une différence entre deux groupes est notable, elles ne nous disent pas si elle a un sens… Cela relève de l’interprétation des statistiques par le biologiste.

Comment ça des statistiques ?

Dans le document La Loutre en France et Navarre (Page 131-135)