• Aucun résultat trouvé

Le sac efface les distinctions sociales et les objectifs du pénitent sont empreints d’une dévotion doloriste afin de commémorer les mystères de la Passion. Le rapport entre les

fondations pénitentes et l’action de la Ligue est bien connu car, toutes les cités

pénitentes ont aussi été des cités ligueuses, notamment dans le Midi de la France. Ce

schéma s’accorde parfaitement à Toulouse comme à d’autres cités du diocèse, telles que

Grenade-sur-Garonne

138

.

136

C’est le cas du pèlerinage à Notre-Dame de Garaison où les pénitents gris se rendent depuis 1604.

Voir volume II, planche I.

137

MOLINIER (E.), Des confrairies pénitentes, où il est traicté de leur institution, reigles et exercices,

Toulouse, R. Colomiez, 1625, p. 219.

138

C. Le parlement de Toulouse, garant de

l’orthodoxie

Le diocèse s’intègre tout d’abord à trois systèmes géographiques : la province, la

généralité, la sénéchaussée et le ressort du parlement de Toulouse. Celui-ci englobe de

nombreuses sénéchaussées et présidiaux, tels Auch, Béziers, Cahors, Carcassonne,

Castelnaudary ou Montauban

139

.

Deuxième cour souveraine du royaume de France, le parlement de Toulouse

existe de manière permanente depuis 1442

140

. Des milliers d’arrêts sont rendus chaque

année en matière civile et religieuse

141

. À la fin du XVII

e

siècle, il comprend un premier

président, cinq présidents à mortier, deux conseillers honoraires – qui sont de hauts

dignitaires du clergé – huit conseillers clercs, vingt-huit conseillers à la grand’chambre,

dont deux exercent en outre la fonction de président de la chambre des enquêtes. Il

comprend aussi cinquante-deux conseillers aux enquêtes, deux présidents, dix

conseillers aux requêtes et enfin les représentants du roi, c’est-à-dire le procureur

général et les deux avocats généraux

142

.

139

PUNTOUS (Th), Un diocèse civil de Languedoc. Les États particuliers du diocèse de Toulouse au

XVII

e

et XVIII

e

siècles, Thèse de droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1909, 458 p ; BAUDOUIN (A.),

« Notice sur la subdélégation et le diocèse de Toulouse », MASIBLT, 8

e

série, t. IV, 1882, p. 282-313.

Voir volume II, carte n° 9. Cette carte a été élaborée grâce au projet sous la direction d’Elie Pélaquier

intitulé Atlas historique de la province de Languedoc, qui constitue un outil de recherche cartographique

permettant de mieux cerner la réalité languedocienne.

http://recherche.univ-montp3.fr/crises/index.php?option=com_content&task=view&id=309&Itemid=1

[consulté en mai 2012]

141

En histoire religieuse, le chercheur se trouve confronté à la solitude face à l’immensité du fonds ; sacs

à procès, arrêts et chambres diverses, sont pourtant d’une richesse inespérée. Une étude importante vient

d’être réalisée sur le XVIII

e

siècle en Histoire du droit : AZEMA (L.), La politique religieuse du

parlement de Toulouse sous le règne de Louis XV, thèse d’Histoire du droit, soutenue sous la direction de

Ph. NELIDOFF, Université de Toulouse I, 2008, 2 vol. Citons aussi, en matière religieuse GAZZANIGA

(J-L.), L’Église du Midi à la fin du règne de Charles VII, 1444-1461, d’après la jurisprudence du

Parlement de Toulouse, Paris, Picard, 1976, 343 p ; GAZZANIGA (J-L.), « Le Parlement de Toulouse et

la réforme des réguliers, fin XV

e

-début XVI

e

siècle », RHEF, tome LXXVII, n° 198, p. 47-58 ; Enfin,

pour le XVI

e

siècle : RIGAL (N.), Le Parlement de Toulouse et la vie religieuse en Languedoc au début

du XVI

e

siècle, Mémoire de maîtrise d’histoire, UTM, 1999, 186 p. Citons enfin BEAUREGARD (A. de),

Parlement de Toulouse : la société parlementaire au Grand siècle, les expressions de la commande

privée de 1610 à 1680 principalement, thèse de doctorat d’Histoire de l’Art, Toulouse, 2001, 3 vol, 1005

p ; DUBEDAT (M.), Histoire du Parlement de Toulouse, Paris, A. Rousseau, 1885, 2 vol, n.p.

142

PAULHET (J-C.), « Les parlementaires toulousains à la fin du XVII

e

siècle », AM, t. LXXVI, 1964, n°

67, p. 189-204.

Le milieu parlementaire toulousain constitue une élite fermée car la cour a la

réputation d’être composée essentiellement de nobles. De plus, la fonction y prend une

plus grande importance qu’ailleurs en raison de l’absence de commerce et de noblesse

traditionnelle

143

. Les nobles du XVI

e

siècle sont donc venus grossir les rangs de la

noblesse de robe. Les parlementaires toulousains composent de fait le groupe le plus

riche et influent de la cité. Montrant un grand attachement pour leur titre, le

renouvellement ne se fait que très lentement

144

. La fonction parlementaire est par

ailleurs assimilée à une mission religieuse. Bernard La Roche Flavin, président à la

chambre des requêtes, a dressé un portrait du bon magistrat catholique type, pieux, zélé

et intègre

145

. L’exigence de religiosité est une priorité dans la mesure où, dès 1559, il fut

enjoint aux conseillers d’aller aux messes de rentrée et de sortie du parlement ainsi

qu’aux messes de la paroisse. La fonction du parlementaire est donc assimilée à celle

d’un prêtre afin de faire respecter les temps et les lieux sacrés.

L’abbé Salvan, dans sa monumentale Histoire de l’Église de Toulouse évoquait

déjà la mainmise du parlement sur la politique religieuse

146

. C’est tout d’abord un

tribunal d’appel lors des conflits entre ecclésiastiques ou entre laïcs et clercs. Au début

du XVI

e

siècle, le parlement intervient régulièrement dans la réforme des couvents, dans

la question de la réparation des édifices religieux ou sur les thèmes de discipline

ecclésiastique. Les autorités religieuses se soumettent donc au parlement dès cette date,

sans pour autant remettre en cause la prééminence de l’archevêque. Il faut pourtant

garder à l’esprit que le premier rôle du parlement est celui d’une cour de justice. Sa

143

PAULHET (J.-C.), op. cit., p. 193. D’après cet auteur, la noblesse traditionnelle de Languedoc a été

décimée durant les guerres albigeoises sans jamais se reconstituer par la suite. Il n’y a d’ailleurs plus de

richesse marchande au XVII

e

siècle. Ces propos semblent cependant excessifs car il y a quelques grandes

fortunes à Toulouse.

144

PAULHET (J.-C.), op.cit, p. 194. Sur 38 nouveaux membres entre 1688 et 1698, une dizaine

d’hommes au grand maximum sont des hommes nouveaux.

145

LA ROCHE-FLAVIN (B. de), Treze livres des parlemens de France, esquels est amplement traité de

leur origine, institution et des présidens conseillers […], Bordeaux, chez Simon Millanges, 1627, p. 76.

Né en 1552, dans le Rouergue, élève à Rodez dans le collège jésuite, il obtient son doctorat en droit à

Toulouse en 1572. Avocat, conseiller à la sénéchaussée, il obtient une présidence à la chambre des

requêtes du parlement de Toulouse en 1583. En 1617, il est condamné à un an de suspension d’office et à

3000 livres d’amende, au moment de la publication de son ouvrage pour avoir dénoncé « plusieurs faicts

faux et supposés à la diffamation tant des parlements que de plusieurs officiers d’iceulx ». On trouve en

effet, dans ce livre, dénoncés tous les travers de la société parlementaire toulousaine, erreurs et

manquements à la discipline. DELPRAT (C.), « Savoirs et déboires d’un juriste, Bernard de La Roche

Flavin (1552-1627), Histoire, économie et société, 2000, t. XIX, n°2, p. 163-184.

146

SALVAN (A.), Abbé, Histoire générale de l’Eglise de Toulouse depuis les temps reculés jusqu’à nos

jours, Toulouse, Delbay, 1856-1861, 4 vol.

politique doit être appréhendée comme une défense de la religion du Roi, ce qui est

Documents relatifs