Chapitre 2 Dispositif exp´ erimental 23
2.2 Fabrication d’une mousse bidimensionnelle
2.2.2 Dispositif de fabrication
Conditions ext´erieures
La pi`ece o`u ont lieu les exp´eriences est thermo-stat´ee `a la temp´erature de 22˚C. Les
bords de la mousse sont en contact avec l’atmosph`ere ext´erieure, dont la pression sert de
r´ef´erence durant l’exp´erience. La monodispersit´e des bulles limite le m´ecanisme de diffusion
`
a l’int´erieur de la mousse. En effet `a l’int´erieur de la mousse monodisperse, les films sont
Figure 2.3 – films droits = diff´erence de pression entre les faces quasi nulle, films courb´es
= diff´erence de pression importante
.
presque droits, et toutes les bulles ont la mˆeme taille, on peut en conclure que la diff´erence
de pression entre deux bulles est faible, voire n´egligeable.
En revanche les bulles de bords de mousse sont en surpression par rapport `a l’ext´erieur :
elles partagent des films presque droits avec leurs voisines et un film tr`es courb´e avec
l’ext´erieur, de longueur plus importante que la longueur des autres films (voir figure2.3).
30 Chapitre 2. Dispositif exp´erimental
D’apr`es la loi de Laplace, la pression dans la bulle est plus importante que la pression
ext´erieure. Typiquement cette diff´erence de pression est ´egale `a 13,5 Pa pour une bulle de
diam`etre 4 mm avec une valeur de la tension superficielle γ = 27 mN/m. Les films ´etant
perm´eables `a l’air, il s’´etablit un processus de diffusion du gaz des bulles du bord vers
l’ext´erieur.
Composition du liquide moussant
Les mousses sont fabriqu´ees en m´elangeant de l’eau et du liquide vaisselle commercial
Palmolive `a 4 % en volume. Nous justifions le choix de cette concentration par une meilleure
stabilit´e des films. En effet les films fabriqu´es sont tr`es minces et s’amincissent de plus en
plus sous l’effet du drainage. Cette diminution de l’´epaisseur fragilise la mousse et les
bulles peuvent disparaˆıtre au contact avec la moindre poussi`ere. Pour rendre les films
plus r´esistants, nous rajoutons au moins 5% de glyc´erol `a la solution. Ce qui augmente la
viscosit´e de la solution. Nous avons mesur´e les valeurs de la tension superficielle et de la
viscosit´e de la solution pour des concentrations plus ´elev´ees. `A titre d’exemple, les valeurs
respectives de la tension superficielle et de la viscosit´e que nous avons mesur´ees dans la
sous-section 2.2.2 sont ´egales `a 27,25 mN/m et 1,73 mPa.s `a 15% de glyc´erol, 26,5 mN/m
et 3,26 Pa.s `a 40% de glyc´erol. La tension superficielleγ ne diminue pas significativement,
tandis queη augmente spectaculairement.
Propri´et´es du liquide
Mesure de la tension superficielle La valeur de la tension superficielle du liquide
moussant d´epend de sa concentration en glyc´erol. Nous l’avons mesur´ee par la m´ethode de
la goutte pendante. Il s’agit en effet de suspendre une goutte `a l’extr´emit´e d’une aiguille
et d’analyser sa forme. D’une mesure de sa forme et de sa pression, nous pouvons d´eduire
la tension superficielle de la solution par la loi de Laplace. La figure 2.4 donne la variation
de la tension superficielle avec la concentration de glyc´erol. On remarque que la tension
superficielle γ ne varie que tr`es peu en fonction de la concentration de glyc´erol : entre 10%
et 80% de glyc´erol en volume, γ n’a diminu´e que de 3,7%.
Viscosit´e de la solution Nous d´eterminons la viscosit´e de la solution en utilisant un
rh´eom`etre de Couette cylindrique qui exerce un taux de cisaillement fix´e et contrˆol´e. La
m´ethode utilis´ee pour calculer la viscosit´e est d´ecrite en annexe. La figure 2.5 reproduit
dans une ´echelle s´emi-log le comportement de la viscosit´e pour diff´erentes concentrations
de glyc´erol d’une solution moussante.
2.2. Fabrication d’une mousse bidimensionnelle 31
Figure 2.4 – Mesure deγ en fonction de la concentration en glyc´erol
La viscosit´e en volume varie sensiblement avec la concentration de glyc´erol, la variation
est tr`es forte pour les grandes valeurs de la concentration.
Bullage
La mousse est fabriqu´ee dans un cristallisoir de diam`etre 9 cm et de hauteur 5 cm. Ce
dernier doit ˆetre nettoy´e soigneusement pour ´eviter toute trace de graisse laiss´ee par les
doigts. Il est rempli `a ras-bord avec la solution de tensioactifs pour faciliter la r´ecup´eration
de la mousse par contact des bulles avec la plaque sup´erieure. En effet le tube est rempli `a
ras-bord de solution pour garder la mˆeme fraction de liquide dans toutes les exp´eriences.
Pour fabriquer la mousse, nous soufflons de l’air dans le tube cylindrique d´ej`a rempli grˆace
`
a un pousse seringue de marque Harvard raccord´e `a une buse de diam`etre 1 mm plac´ee au
fond du tube. Nous imposons un d´ebit d’air compris entre 10 mL/mn et 20 mL/mn. Pour
un d´ebit de 20 mL/mn, nous pouvons r´ecolter plus de 1000 bulles par minute, ce qui est
largement suffisant car dans les exp´eriences que nous pr´esentons, le nombre de bulles est
de cet ordre de grandeur.
Il est tr`es facile de contrˆoler la taille des bulles en :
32 Chapitre 2. Dispositif exp´erimental
Figure 2.5 – Mesure de η en fonction de la concentration en glyc´erol
effet, `a section donn´ee, le volume d’une bulle augmente avec le d´ebit [37]
– changeant le diam`etre d’ouverture `a d´ebit fix´e.
Ainsi nous pouvons avoir des bulles allant de 3 mm jusqu’`a 10 mm de diam`etre. A titre
d’exemple la figure 5.3(a) montre un histogramme6 de la distribution de surfaces des
bulles dans une mousse fabriqu´ee avec un d´ebit de 20 mL/mn. La dispersit´e de taille
σS/ < S >= 0.22 est relativement faible. On consid´erera par la suite que les mousses de
ce type sont quasiment monodisperses7.
Contrˆole de la fraction de liquide
Dans une mousse aqueuse, la fraction liquideφ`repr´esente le quotient entre le volume de
liquide occup´e par la phase continue et le volume total de la mousse (phase continue+phase
discontinue). Pour mesurer la fraction liquide, il suffit de peser la cellule contenant la
mousse et par diff´erence avec le poids de la cellule vide, on obtient le poids donc le volume
du liquide. Puis par le calcul du volume total de la mousse grˆace au traitement d’images,
6. Nous revenons sur la m´ethode utilis´ee pour obtenir ce r´esultat au chapitre suivant.
7. Durant une exp´erience, une r`egle gradu´ee est pos´ee `a cˆot´e de l’image afin d’´etalonner la dimension
des bulles. Pour la mousse pr´ec´edente, 570 pixels correspondaient `a 13 cm, ce qui nous donne des bulles
dont le diam`etre moyen est ici de 4mm±0.9.
2.2. Fabrication d’une mousse bidimensionnelle 33
Figure 2.6 – Distribution de la surface mesur´ee en pixels des bulles dans une mousse. La
surface moyenne des bulles est de 221,13 pixels avec un ´ecart-type de 49,23
on en d´eduit la fraction liquide.
Au moment du bullage, les premi`eres bulles sont rondes et occupent toute la surface
libre de la solution, elles forment ainsi un r´eseau cristallin comme dans la figure 2.7. Si nous
continuons `a buller, une deuxi`eme couche de bulles se cr´ee, ce qui augmente la hauteur de la
mousse et change la forme des bulles. En effet cette forme passe de circulaire `a polygonale.
Ceci t´emoigne de l’effet de la fraction de liquide sur la forme des bulles. Dans une mousse
3D, la forme des bulles est dict´ee par le drainage du liquide `a cause de la pesanteur : il
s’´etablit grˆace au drainage un gradient de fraction liquide `a travers le r´eseau des bords de
Plateau [39].
Pour mettre en ´evidence l’h´et´erog´eneit´e du liquide sur une mousse 3D, nous pouvons
voir une photo de mousse 3D sous l’effet de la pesanteur (voir figure 2.8). On peut observer
le changement de la fraction liquide en fonction de la hauteur. La forme des bulles passe
d’une forme ronde u contact de l’eau `a une forme poly´edrique `a cause du liquide qui draine
par le r´eseau des bords de Plateau et des noeuds quand de nouvelles couches de bulles se
cr´eent.
Les bulles en surface de la mousse sont plus s`eches que celles en profondeur. C’est
pourquoi nous avons choisi de remplir le tube `a ras-bord pour garder la mˆeme fraction
de liquide dans toutes les exp´eriences. Je d´ecrirai la m´ethode d´evelopp´ee pour calculer la
34 Chapitre 2. Dispositif exp´erimental
Figure2.7 – Exp´erience de Bragg et Nye dans un radeau de bulles parfaitement cristallin.
Cette image vient du livre de Feynman [38].
Figure 2.8 – Gradient de liquide dans une mousse dˆu `a la gravit´e.
Dans le document
Réaction d'une mousse monodisperse 2D soumise à une déformation cyclique
(Page 35-41)