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III.1. Propriétés électroniques dans la phase supraconductrice

III.1.2. Dispersion au point Γ

Intéressons nous d’abord à la structure électronique au point Γ où deux poches

concen-triques sont observées. La figure 1.26 présente la surface de Fermi centrée au point Γ, réalisée

avec une énergie de photon =39eV.

Figure 1.26: Surface de Fermi centrée sur Γ de Eu(Fe

0.86

Ir

0.14

)

2

As

2

mesurée à 5K, avec une

énergie de photon égale à 39eV, polarisation LV. La ligne rouge indique la direction Γ-M.

Caractère tridimensionnel de la structure électronique au point Γ

Afin de comprendre au mieux la structure électronique, il est important d’éclaircir dans

un premier temps la dépendance en énergie de photons des poches. Comme la plupart des

supraconducteurs à base de fer, le composé parent EuFe

2

As

2

et le composé substitué en Ir

présentent une structure électronique avec une forte anisotropie des dispersions dans le plan

du fer, mais aussi perpendiculairement à ce dernier [76]. Dans le but de quantifier le caractère

tridimensionnel de la structure électronique au point Γ, nous avons mesuré la dépendance en

k

z

des bandes par photoémission à T=5K, dans la phase supraconductrice.

Les mesures sont réalisées au point Γ, dans la direction parallèle à k

x

pour k

y

=0 et en

faisant varier l’énergie de photons de 30 à 100eV, avec une polarization LH. A émission

normale, le spectre enregistré coïncide avec la directionΓ-Z dans l’espace réciproque. La figure

1.27(a) montre la superposition des MDCs collectés au niveau de Fermi, les cercles superposés

au spectre dans la figure représentent les maxima d’intensité en fonction de l’énergie du photon

extraits des MDCs. La superposition des MDCs prises à 100meV en énergie de liaison est

montrée sur la figure 1.27(b). On observe une seule structure sur le spectre mesuré au niveau

de Fermi, cette structure présente une modulation en fonction de l’énergie du photon incident.

De plus, il est possible de constater la présence d’une seconde structure dans le spectre obtenu

à 100meV d’énergie de liaison. Cette structure additionnelle est peu dispersive dans la direction

Z. La structure intérieure est la plus intense dans les deux spectres et possède une dépendance

en k

z

prononcée, indiquant ainsi le caractère tridimensionnel de la bande correspondante.

Cette bande α peut être ajustée par une fonction sinusoïdale de la variable k

z

représentée par

des pointillée sur la figure 1.27(b) tandis que la bande extérieure β est peu dispersive dans la

direction Γ-Z .

Figure 1.27:Mesures par ARPES de Eu(Fe

0.86

Ir

0.14

)

2

As

2

réalisées à 5K, avec une polarisation

LH. (a)(b) Intensités des spectres de photoémission prises à E

F

et à 100 meV d’énergie de liaison

respectivement. La mesure est effectuée selon k

x

en fonction de l’énergie du photon (gauche)

ou, de manière équivalente, en fonction de k

z

(droite). Les cercles blancs en (a) sont maxima

des MDCs.

A émission normale, k

z

est reliée à l’énergie du photon par l’expression k

z

=

0.512√

W +V

0

est l’énergie du photon, W, le travail de sortie du matériau

(4.4eV) et V

0

le potentiel interne. On ajuste ce dernier à V

0

=15 eV afin d’obtenir un

comportement périodique en fonction du vecteur réciproque en 2π/c . Cet ajustement est

en bon accord avec les valeurs observées dans la littérature pour d’autres pnictures de fer.

On trouve V

0

=14 eV pour Ba(Fe

0.65

Ru

0.35

)

2

As

2

[78] et pour Ba(Fe

1−x

Co

x

)

2

As

2

[79] par

exemple. On détermine alors le vecteur d’onde pour les points Z correspondant aux maxima

de k

F

à 39eV (7×2π/c), 70eV (9×2π/c) et pour les pointsΓà 51eV (8×2π/c) et 90eV (10×2π/c).

La nature des orbitales de ces bandesαetβ peut être discutée pour de plus amples

compré-hensions. Pour ce faire, nous représentons les dispersions (E-k) collectées dans la direction Γ-M

pour des énergies de photons à 90eV, 70eV et 40eV dans les figures 1.28(a), 1.28(b) et 1.28(c)

respectivement. Ces cartes, surtout celle à 40eV, montrent l’existence d’au moins deux bandes

de trous. Les MDCs correspondantes, prises à 100meV d’énergie de liaison et intégrées sur

10meV sont également exposées en figure 1.28(d),1.28(e) et1.28(f). Les MDCs mettent en

évi-dence clairement une bande intérieureαet une bande extérieureβ, ces dernières sont présentes

pour toutes les énergies de liaison, mais ont des poids spectraux différents lorsque l’on change

l’énergie de photon. De plus, les deux bandesα etβ ne possèdent pas la même dispersion en k

z

comme discuté précédemment. Si la dispersion en k

z

de la bandeβ est faible, elle est nettement

plus prononcée pour la bande α. Un tel comportement a déjà été observé [79] et est le résultat

de la différence de la nature orbitalaire de ces bandes. Les structures intérieures sont souvent

associées à deux bandes quasi-dégénérées avec un caractère d

xz

et d

yz

tandis que la bande

extérieure reflète un caractère orbital d

xy

avec une plus petite hybridation dans la direction z.

En effet, les orbitales d

xz

et d

yz

sont perpendiculaires au plan du fer tandis que l’orbitale d

xy

se situe entièrement dans le plan. L’hybridation des orbitales provenant du recouvrement de

ces dernières est alors moindre dans la direction z pour l’orbitale d

xy

. Ainsi, il est attendue

qu’une bande de nature d

xy

disperse peu dans la direction perpendiculaire au plan du fer.

Toutefois, ce n’est pas l’unique interprétation de la nature orbitalaire de ces différentes bandes

que l’on peut trouver dans la littérature. En effet, si le composé parent BaFe

2

As

2

[63] ainsi que

le composé dopé en P EuFe

2

As

2−x

P

x

[76] présentent une structure intérieure formée par une

bande doublement dégénérée d

xz

/d

yz

, et une bande extérieure de nature d

xy

, on peut également

observer une bande intérieure de nature d

xy

et des bandes extérieures d

xz

/d

yz

comme pour

le composé parent EuFe

2

As

2

[75] ou encore le composé dopé en Ru (Ba(Fe

1−x

Ru

x

)

2

As

2

) [78,80].

Figure 1.28: (a)(b)(c) : Cartes (E-k) prises à 90 eV, 70eV et 40 eV d’énergie de photons. Les

lignes jaunes pointillées sont évaluées à 100meV d’énergie de liaison. Les MDCs correspondantes

sont exposées ci-contre. (d)(e)(f) MDCs à 100 meV d’énergie de liaison, avec respectivement

90 eV, 70 eV and 40 eV d’énergie de photons.

Les figures 1.28(e) et 1.28(f) montrent qu’à 40eV et 70eV, la bande dispersive α apparaît

pour la même valeur de k

x

, (ces deux énergies de photons correspondent aux points Z

équivalents), cependant leurs intensités sont très différentes. L’intensité de la bande intérieure

αest presque supprimée pour une énergie de photon de 70eV tandis qu’elle est importante pour

40eV et 90eV. Ce comportement peut être attribué à un effet d’éléments de matrice. De telles

dépendances en énergie de photon de la bandeα ainsi que la dispersion en k

z

ont été observées

pour le composé parent EuFe

2

As

2

[76], mais la bandeβn’a pas pu être détectée dans cette étude.