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Pendant ses 6 années d’étude universitaire, le pharmacien va étudier, entre autres, les médicaments antiépileptiques. Il connaitra la composition chimique des différentes molécules, leurs mécanismes d’action et leurs effets indésirables, les mécanismes d’élimination des médicaments, et les possibles interactions avec d’autres molécules. Toutes ses connaissances vont lui permettre de dispenser au mieux les antiépileptiques, et de conseiller les patients sur leur traitement.

Conseils de prise et observance

L’un des rôles du pharmacien d’officine est de s’assurer que le patient adhère bien au traitement prescrit. Pour cela, il doit expliquer au patient la nécessité des prises régulières de son traitement antiépileptique suivant la posologie prescrite. L’observance est primordiale et permettra au neurologue de juger de l’efficacité du traitement.

Les modalités d’administration peuvent varier d’une molécule à une autre, donc il faut bien montrer au patient comment les prendre : comprimés, suspension buvable pour les enfants (utiliser la bonne pipette), voie intrarectale (montrer l’utilisation de la canule), avant ou après les repas, etc. Il faut réussir à expliquer au patient qu’il n’y a pas de « questions bêtes » et que le pharmacien est à l’écoute de toutes ses interrogations.

En cas d’instauration du traitement, le pharmacien devra informer le patient des différents effets indésirables qui pourront survenir. Celui-ci pourra ou non les anticiper, mais au moins il ne sera pas démuni face à ces effets s’ils apparaissent. De plus, certains de ces effets imposeront l’arrêt immédiat du traitement : réactions cutanées (syndrome de Lyell…), réactions allergiques (œdème de Quincke, choc anaphylactique…). La prévention et l’écoute des craintes du patient sont les meilleurs procédés pour une mise en place réussie, et donc une bonne observance.

En cas d’oubli d’une prise, il ne faut surtout pas doubler la dose suivante. Si l’oubli n’est que de quelques heures, il faut prendre le traitement dès que possible, puis décaler de quelques heures la prise suivante, et reprendre les horaires de prise habituels par la suite. De nombreux outils permettent une meilleure observance : pilulier manuel ou électronique, applications sur smartphone, sonnerie de réveil, etc. C’est une bonne communication entre le pharmacien et le patient qui permettra une observance optimale.

Le patient peut demander à son neurologue ou à son pharmacien une carte « personne épileptique ». Cette carte mentionne le type de crise de la personne et les gestes à faire ou ne pas faire en cas de crise. Les coordonnées de la personne, de son entourage et de son médecin

111 traitant permettront une prise en charge optimale en cas de crise. On peut également ajouter les traitements en cours et les allergies du patient.

Les médicaments génériques

Compte tenu de l’ancienneté de certaines molécules antiépileptiques, de nombreux brevets sont tombés dans le domaine public, ce qui a entraîné la commercialisation de génériques. Le premier générique d’antiépileptique a été commercialisé au 31 octobre 2000.

Voici quelques exemples de princeps généricables : - LAMICTAL® : Lamotrigine

- DEPAKINE® : Valproate de sodium - TEGRETOL® : Carbamazépine - TRILEPTAL® : Oxcarbazépine - Etc.

Toutes ces molécules ont passé des tests de bioéquivalence afin d’éviter une variation d’efficacité par rapport au princeps.

Le pharmacien d’officine est dans l’obligation de délivrer le générique du médicament prescrit, sauf si le prescripteur note la mention « non substituable » sur l’ordonnance. Cependant, l’épilepsie présente une grande composante psychologique : les patients peuvent exprimer des craintes en passant au générique, et l’anxiété anticipatoire peut entraîner une survenue ou une aggravation des crises d’épilepsie. Dans ce cas précis, si le patient exprime des craintes ou des réticences à la substitution, le pharmacien peut s’abstenir de substituer le traitement prescrit. En effet, la classe des antiépileptiques est exclue du dispositif de substitution de la sécurité sociale « tiers payant contre générique ». En 2016, les molécules concernées sont : lamotrigine, levetiracetam, topiramate, valproate de sodium et pregabaline, le reste étant soumis à TFR (tarif forfaitaire de responsabilité : le princeps est au même prix que le générique).

L’automédication

Certains médicaments sont contre-indiqués avec les antiépileptiques. Au cours de la délivrance, le pharmacien devra être attentif à cela. Le pharmacien devra également éduquer le patient sur les médicaments ou autres produits contre-indiqués avec sa maladie ou son traitement. Par exemple :

112 - Médicaments contenant de l’alcool : sirop, gouttes homéopathiques…

- Médicaments contenant des dérivés terpéniques : suppositoires à l’eucalyptol, produits d’inhalation, sirop…

- Médicaments abaissant le seuil épileptogène : tramadol, quinolones…

- Utilisation des huiles essentielles (lavande, sauge, camphre…) : elles diminuent le seuil épileptogène.

- Millepertuis et jus de pamplemousse (inducteur enzymatique et inhibiteur enzymatique respectivement)

De plus, le pharmacien pourra proposer au patient la création d’un dossier pharmaceutique (DP). C’est un outil gratuit mis en place par le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens depuis 2007. Cela permet d’enregistrer les médicaments délivrés sur les 4 derniers mois (21 ans pour les vaccins, 3 ans pour les médicaments biologiques). Toutes les pharmacies pourront accéder à ce dossier et voir les traitements en cours du patient, et ainsi éviter toutes interactions. Depuis octobre 2012, les pharmaciens des pharmacies à usage intérieur (PUI) peuvent accéder au DP et ainsi permettre une meilleure coordination des soins entre la ville et l’hôpital.

En règle générale, le patient devra demander conseil à son pharmacien ou son médecin avant toute automédication.

L’éducation thérapeutique

Selon l’OMS, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Cette éducation commence avec le neurologue qui pose le diagnostic et s’étend jusqu’au pharmacien d’officine qui délivre le traitement, en passant par les psychologues, les infirmiers, les kinésithérapeutes…

Le patient va apprendre à mieux connaître sa maladie et vivre avec. C’est ce qu’on appelle des compétences d’autosoins et d’adaptation. Les proches peuvent également participer à cette ETP s’ils le souhaitent.

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