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Discussion des résultats du premier test

5. Test du dispositif

5.4 Discussion des résultats du premier test

Les scores SUS (voir annexe 5a) sont globalement acceptables (des scores plus élevés que 68 étant considérés en dessus de la moyenne ; Sauro, 2011). Le score particulièrement bas du participant n.3 s’explique par une véritable « phobie de l’ordinateur », qu’il nous a confiée lors de la passation du test. Ses notes étaient donc plus en lien avec l’utilisation de l’ordinateur en général qu’avec notre dispositif en particulier.

Comme les scores plutôt bas de certains items du questionnaire SUS le confirment, les tests utilisateurs ont révélé une série de problèmes ergonomiques (cf. tableau 5) plus ou moins graves qui rendent la consultation du site difficile voire impossible en fonction des connaissances informatiques des utilisateurs.

Au-delà des problèmes techniques de guidage et gestion des erreurs facilement corrigeables (liens cassés, incohérences dans le format, etc.; problèmes n° 1, 2, 4, 5, 6), une série de difficultés spécifiquement liées aux cartes de connaissances et aux choix liés à leur conception et de réalisation ont émergé.

Le problème n° 3, concernant le guidage et la distinction des nœuds par format, est strictement lié au choix de logiciel VUE. En effet, des cadres noirs apparaissent automatiquement sur chaque lien de la version HTML de la carte. Malgré le fait que la forme de la souris change en fonction de la possibilité de les activer (« flèche » si on ne peut pas les activer ; « main » si on peut les activer), ces cadres induisent les utilisateurs en erreur. Deux solutions sont possibles. D’un côté, il est envisageable de rajouter des liens sur tous les nœuds. De l’autre côté, la présence de liens sur les nœuds pourrait être rendue plus explicite à travers le marquage visuel (par exemple : formes ou

42 couleurs plus voyants ; polices différentes ; texte souligné). Cette dernière option est cohérente avec les recommandations de Bastien, Leulier et Scapin (1998, p. 128), qui proposent d’ « (é)tablir une distinction visuelle entre les icônes activables et celles qui ne le sont pas ».

Les problèmes n° 7, 8, 9, 10 et 11 se réfèrent aux causes de l’apparition d’un sentiment de désorientation chez les utilisateurs. La désorientation peut être définie comme “a psychological state resulting from problems in constructing the pathways across a hypertext (…) and in constructing a mental representation of the physical and conceptual space of hypertexts” (Amadieu

et al., p. 4). L’état de désorientation est étroitement lié à la notion de surcharge cognitive, i.e. à la situation qui se vérifie quand “the processing demands evoked by the learning task (…) exceed the processing capacity of the cognitive system” (Mayer & Moreno, 2003, p. 45).

Le problème n°7 concerne le manque de visibilité des liens par rapport aux nœuds. Si, d’un côté, il semble pertinent d’augmenter la visibilité des liens en changeant les couleurs et les formes, ce problème semble également lié aux habitudes de lecture des utilisateurs, qui regardent les textes dans les nœuds plus que ceux sur les lignes. Une réduction du contenu présent sur chaque carte pourrait redistribuer l’attention des utilisateurs de manière plus équitable entre les nœuds et les liens.

La nécessité de réduire le contenu présent sur chaque carte apparait de manière évidente aussi dans l’analyse du problème n°8. En effet, bon nombre d’utilisateurs ont verbalisé un sentiment de malaise et de surcharge cognitive face au nombre important de concepts, liens et informations présents sur chaque page dédiée à une carte de connaissances (à l’exception de la première carte, qui servait d’index et ne contenait que 6 nœuds). Cette surcharge cognitive est compréhensible si on considère, suivant Bastien, Leulier et Scapin (1998, p. 135), que les listes d’items ne devraient pas contenir plus que 7 +/- 2 éléments et qu’en général une page ne devrait pas contenir plus que 8 liens. Malgré le fait qu’ils aient été constatés depuis au moins une quinzaine d’années dans la littérature sur l’ergonomie des sites web, les problèmes de surcharge cognitive liés au nombre de nœuds que nous avons constatés représentent un élément nouveau par rapport à la littérature sur les cartes de connaissances. En effet, comme nous l’avons mentionné plus haut (section 1.2.3 sur les limites des cartes conceptuelles), le chiffre de 30 nœuds est indiqué comme la limite de nœuds visualisables (Briggs et al., 2004), mais cela n’est établi que par rapport aux écrans standards d’ordinateur, sans lien avec l’activité cognitive des utilisateurs. La séparation de ce contenu en

43 plusieurs cartes contenant moins de nœuds et organisées sur plusieurs niveaux pourrait représenter une solution, puisqu’elle permettrait de réduire le contenu devant être appréhendé par l’utilisateur. Cependant, les hypertextes multidimensionnels pourraient aussi être à l’origine d’une désorientation accrue (Amadieu et al., 2009). L’insertion de liens permettant de revenir au niveau supérieur dans chaque carte pourrait permettre de réduire le risque d’apparition d’une désorientation accrue, en apportant un élément de guidage supplémentaire.

Le problème 9 indique également la nécessité de réduire le contenu présent sur chaque carte et éliminer les redondances dans les liens ainsi que dans le contenu. Une réorganisation du contenu devrait permettre de résoudre de problème.

Le problème 10 fait référence à l’absence de conventions visuelles dans le domaine des cartes de connaissances. Ainsi, quand les utilisateurs se trouvent face à l’une des cartes du projet, ils doivent déchiffrer un grand nombre de codes (formes, couleurs etc.) qu’ils ne connaissent pas. Cette difficulté est exacerbée par le grand nombre de nœuds et de liens dans chaque carte. Afin de diminuer la charge cognitive des utilisateurs, il serait pertinent de mieux expliciter les conventions adoptées (cf. section 3.1), par exemple par l’introduction de légendes. De plus, il faudrait réduire le nombre d’éléments dans chaque carte, ce qui allégerait la quantité d’informations à traiter. Le problème 11 concerne la structure des cartes elles-mêmes. Dans le cadre de ce projet, nous avons décidé de réaliser des cartes de connaissances (cf. chapitre 1). Cependant, il apparait que des telles visualisations sont difficiles à appréhender pour les utilisateurs. Comme il a été montré par Amadieu et collègues (2009), des cartes en réseau accroissent considérablement la charge cognitive de l’utilisateur ; ceci peut aller jusqu’à une surcharge cognitive, comme il a été le cas auprès de certains utilisateurs ayant pris part à notre test. Il semble donc pertinent d’introduire une certaine structure hiérarchique dans les cartes, en utilisant les conventions occidentales liées à la taille (grande ou petite) et à l’ordre de lecture (de haut en bas et/ou de gauche à droite) des nœuds pour guider les utilisateurs dans la consultation. Eventuellement, on pourrait également envisager de signaler l’ordre de lecture par des chiffres.

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