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Chapitre III : Quantification de la recharge par analyse des fluctuations de l‘eau souterraine

V. Caractérisation hydrochimique et isotopique des eaux entre les 2 campagnes de

3) Discussion des résultats

Dans notre zone d‘étude, on peut distinguer les principaux groupes suivants :

 La montagne : les eaux de surface et souterraine sont très douces,

appauvries en isotopes stables et avec un faciès bicarbonaté calcique ;

 Le piémont en amont du seuil de l‘ORMVAH : les eaux de faible

profondeur sont saumâtres avec un enrichissement en Cl, Ca et Mg, ainsi

qu‘en isotopes stables. L‘effet de l‘évaporation serait responsable, du

moins en partie de ces caractéristiques ;

 Le piémont en aval du seuil de l‘ORMVAH : les eaux sont moins

saumâtres, avec un faciès chimique intermédiaire et une composition

isotopique plus faible.

Le faciès bicarbonaté sodique et magnésien serait dû à la présence de terrains carbonatés

dans le bassin versant, notamment le Crétacé. A présence des chlorures serait due à la

dissolution du sel du Trias et/ou à l‘évaporation. Le Trias est présent juste en amont de la

zone piémontaise. L‘effet de l‘évaporation est ressenti au niveau de certains points (Fig. 70).

Figure 70 : Relation Cl en fonction de

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O des différents échantillons des eaux de

surface de l'oued Rheraya et des eaux souterraines de la nappe alluviale (campagne

décembre 2014).

La recharge entre septembre 2014 et décembre 2014, est ressentie à travers un certain

enrichissement en Mg. La contamination par les chlorures et l‘évaporation auraient occulté en

partie ses effets. L‘absence de mesures géochimiques après cette date ne permet pas de se

prononcer sur la réalité de ces changements.

VI. Conclusion

La recharge de l‘eau souterraine à proximité de l‘oued Rheraya semble être générée

principalement par les écoulements de l‘oued Rheraya notamment les crues qui sont plus

fréquentes en automne et en hiver. La remontée de l‘eau souterraine s‘est enclenchée dès le

mois de septembre. Des recharges épisodiques se sont succédées le long du cycle

hydrologique avec des durées et des amplitudes variant en fonction de l‘intensité des

événements pluviométrique et hydrologique. La durée des événements calculée par le

programme EMR varie d‘une semaine à 2 mois avec une durée cumulée des épisodes de

recharge variée de 224 j (27% de la période d‘enregistrement) à 379 j (50% de la période

d‘enregistrement). Concernant les hauteurs de recharge enregistrées à l‘échelle des épisodes

détectées sont très variables, elles varient entre une hauteur minimale de 0,01 m à 0,67 m. La

recharge nette cumulée durant la période d‘enregistrement variée de 1,11 m à 1,9 m. Les

périodes prolongées sont liées à la présence d‘écoulements continus dans l‘oued. L‘épisode de

la recharge la plus longue a lieu entre avril 2015 et juin 2015, la récession de cet événement

est très faible engendrant l‘existence d‘un palier reflétant un état d‘équilibre de la nappe

alluviale ou la recharge est égale a la décharge de l‘eau souterraine. Cet évènement tend à

perdre les caractéristiques d‘une recharge épisodique et la recharge correspondante est peut

être sous-estimée.

Les résultats de la récession (MRC) en utilisation les précipitations et les débits au niveau des

deux puits P_A et P_B montrent des bonnes corrélations au niveau du P_B par rapport au

P_A, cela est traduit par des courbes de récession bien ajustées dans le P_B contrairement au

P_A ou les courbes de récession sont moins ajustées, par conséquent une sous estimation de la

variation piézométrique (∆H) engendrera par la suite une sous estimation de la recharge au

niveau du puits P_A. D‘autre part les corrélations sont significatives lorsqu‘on utilise les

débits de l‘oued Rheraya comme source de recharge au lieu des précipitations. Ces résultats

montrent à la fois que la variation piézométrique notamment le taux de déclin des eaux

souterraines est lié à la présence des écoulements au niveau de l‘oued Rheraya plus que les

événements de précipitations, et que la recharge de l‘eau souterraine est fortement liée aux

débits de l‘oued Rheraya.

La comparaison entre la recharge nette calculée par la méthode de fluctuations de l‘eau

souterraine (EMR) et celle calculée par la méthode piézométrique classique montre une sous

-estimation de la recharge calculée par la méthode piézométrique. La hauteur moyenne de

recharge calculée par cette dernière est de l‘ordre de 0,6 m tandis que celle calculée par la

méthode EMR est de l‘ordre de 0,71 m. Cette comparaison entre les deux méthodes remet en

question la validité de la méthode piézométrique classique pour estimer la recharge en eau

souterraine dans un contexte alluvial caractérisé par une un aspect actif et une profondeur

faible de la nappe. Par conséquent l‘utilisation de la méthode piézométrique dans ce contexte

et à l‘échelle du cycle hydrologique risquent d‘une part à sous-estimer la recharge nette

annuelle et de manquer plusieurs épisodes de recharge, et d‘autre part de surestimer la

recharge en intégrant des apports de recharge due au retour d‘irrigation au niveau des puits

situées dans les zones agricoles. En contre partie l‘utilisation de la méthode piézométrique

reste utile pour déterminer le sens de l‘écoulement globale, l‘amplitude de la recharge et la

relation nappe-oued avec les échanges de l‘eau dans les deux sens.

Les corrélations significatives sont trouvées en effet entre la hauteur des recharges et les

pluies mesurées dans le bassin montagneux d‘une part et également avec les débits mesurés à

l‘exutoire d‘autre part. Cette relation empirique est très utile pour reconstituer l‘historique de

la recharge de l‘eau souterraine aux abords de l‘oued Rheraya et aussi pour prédire l‘effet du

changement climatique sur l‘évolution future de la recharge.

Les mesures effectuées sur un ensemble de puits pour l‘évènement de recharge le plus

important survenu entre Septembre 2014 et Décembre 2014 ont montré que tout le système

alluvial a été influencé par cette recharge. Les variations à l‘intérieur et à l‘extérieur du lit

majeur sont du même ordre. Loin de l‘oued, les retours d‘irrigation par les séguias dérivées de

l‘oued peuvent contribuer à la recharge de l‘eau souterraine.

Sur le plan géochimique, dans la zone piémontaise l‘eau souterraine présente un faciès

carbonaté avec un enrichissement en chlorure. Ce dernier serait dû à la dissolution d u sel du

Trias (trois passage en allant de l‘amont du bassin versant de la Rheraya vers l‘aval) et à

l‘évaporation. La recharge entre septembre 2014 et décembre 2014, quoiqu‘assez

exceptionnelle, n‘a pas provoqué des changements substantiels sur la composition

géochimique et isotopique du système aquifère alluvial. Un certain mélange est néanmoins

ressenti à travers l‘enrichissement en Mg. La contamination par les chlorures et l‘évaporation

auraient occulté en partie ses effets. L‘absence de mesures géochimiques après cette date ne

permet pas de se prononcer sur la réalité de ces changements. Par ailleurs, l a contamination

par les chlorures rend difficile l‘utilisation de cet élément comme traceur pour quantifier la

recharge par bilan de masse.

CHAPITRE IV : ÉVOLUTION DE LA RECHARGE