Concernant la proportion de population gériatrique il est difficile de dire si les médecins
interrogés en voient plus ou moins que la moyenne : certains ont une patientèle gériatrique
conséquente, ce ne sont pas forcément ceux qui sollicitent le plus le réseau : peut-être les
médecins voyant peu de personnes âgées se sentent mal qualifiés et font plus appel au réseau
pour avoir une « expertise ». Les médecins avec une grande patientèle âgée ont généralement
une filière bien rôdée.
Les médecins généralistes prenant en charge peu de personnes âgées étaient moins impliqués
dans les entretiens, moins disposés à une réflexion sur leur pratique. On peut se demander si
c’est le manque d’intérêt pour la gériatrie qui limite leur patientèle ou l’inverse (peu de
patientèle donc peu de recherche en ce sens).
Une tendance à des consultations plus longues que la moyenne se dégage dans ce corpus de
médecins : plus de la moitié des médecins interrogés (14 médecins sur 21) disent avoir des
consultations de 20 minutes ou plus.
Il existe une certaine ambivalence concernant le mode d’exercice des généralistes et leur
demandes. Ils souhaitent plus de cadre, d’aides, de relais notamment dans le domaine de la
prise en charge sociale des patients, qui leur soient proposées par les collectivités ou
quelqu’un d’extérieur au cabinet, mais ils sont en même temps très attachés au mode
d’exercice personnalisé qui caractérise la médecine libérale et peu enclins aux réformes
venant « du haut ». Ils veulent choisir leurs interlocuteurs, les professionnels avec lesquels ils
travaillent. On peut donc se demander si les alternatives proposées -comme les gestionnaires
de cas- seront bien reçues si ce sont des partenaires « imposés » par les instances
gouvernantes. Si une collaboration entre les médecins et les gestionnaires de cas est prévue, il
sera capital de présenter les intervenants les uns aux autres et d’instaurer un climat de
confiance.
Une des problématiques soulevées par les enquêtés est de savoir qui s’occupera des personnes
âgées à domicile : la tendance actuelle est à ce que les généralistes réduisent leur nombre de
visites et refusent parfois des nouveaux patients s’ils doivent les voir à domicile, par manque
de temps. Si ceux ni ne peuvent se déplacer au cabinet, qui les prendra en charge ?
MG 4 « De toute façon on ne peut pas, on va pas pouvoir prendre les gens, donc on va tous
les mettre en maison de retraite. C’est pas possible. On est de moins en moins et y’en a pleins
qui vont partir à la retraite ici, y’en a peu qui s’installent des généralistes, donc personne ne
veut voir le problème. Les gens déjà y attendent trois jours pour pouvoir avoir un rendez-
vous, des fois 3 jours pour avoir une visite »
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Conclusion
Les difficultés de prise en charge des PAD sont liées au patient (caractère opposant, refus des
aides à domicile et hospitalisations, non respect des prescriptions, déni de la maladie, chutes à
domicile répétées, fugues, finances limitées), à son environnement (délais de mise en place
des aides à domicile, disponibilité et qualité des auxiliaires de vie, possibilités limitées de
kinésithérapie à domicile, transport des patients à mobilité réduite pour se rendre à des
consultations/examens, désaccord dans l’entourage familial, absence d’entourage,
communication avec les médecins hospitaliers, mauvaise organisation du retour à domicile
après passage aux urgences ou hospitalisation) et au médecin (manque de temps, les plus
jeunes déclarent plus de difficultés, certains médecins ont du mal à appréhender les patients
avec des troubles cognitifs).
Il est difficile d’obtenir une hospitalisation programmée en service de spécialité dans des
délais convenables, ce qui conduit parfois les médecins à adresser leurs patients aux urgences
afin qu’ils soient hospitalisés, mais l’envoi aux urgences pour cause sociale est rare.
Les hôpitaux gériatriques et les services de gériatrie constituent un soutien important pour les
généralistes essonniens et leurs patients âgés.
Nombreux sont les médecins qui souhaitent être aidés dans la gestion administrative et sociale
de leurs patients et la coordination des soins, sans avoir trouvé à ce jour de correspondant
dédié qui puisse endosser ce rôle.
Ils sont ambivalents car ils se définissent souvent comme le chef d’orchestre et la personne la
plus habilitée à assurer la coordination des intervenants au domicile, et ne semblent pas prêts
à déléguer ce rôle.
Les CLICs, MAIA et gestionnaires de cas sont méconnus des généralistes essonniens
interrogés.
La place des MG dans la prise en charge réalisée par le réseau Hippocampes n’est pas bien
définie.
Environ un tiers des MG utilise le réseau à bon escient et connaît ses attributions, ce qui
conduit à se questionner sur la visibilité du réseau.
Il n’existe pas de réelle « collaboration » entre les médecins et le réseau, qui semble décalé
par rapport au réseau informel créé par chaque médecin pour faire face aux besoins de ses
patients, réseau solide pour les médecins faisant beaucoup de gériatrie, et plus fragile pour
ceux qui en font peu.
Le généraliste a un rôle « d’informateur » vis-à-vis du réseau lors de la visite d’évaluation à
domicile initiale mais les modalités de celle-ci ne leur conviennent pas.
Le réseau rend indirectement service au médecin en le déchargeant de l’information de la
famille à propos des démarches administratives, et par un soutien psychologique qui rend le
maintien à domicile plus serein.
L’objectif principal d’un réseau de santé est d’être au service des patients, pour favoriser une
prise en charge globale des pathologies et un meilleur suivi. Il serait donc intéressant, afin de
compléter cette étude, d’évaluer le service rendu aux patients, et la satisfaction des patients
inclus dans le réseau Hippocampes. Il serait également intéressant de recueillir l’avis des
spécialistes utilisant le réseau.
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Annexes
1/ Guide d’entretien
Je m’appelle Eva Germain, je suis interne en médecine générale. Comme je vous l’ai dit au téléphone, je mène une recherche avec l’aide du réseau hippocampes pour évaluer le service rendu par le réseau aux médecins généralistes dans la prise en charge des PA en perte d’autonomie et le point de vue des médecins généralistes sur cette collaboration.
Cet entretien est destiné à mieux comprendre vos difficultés lors de la mise en place du maintien à domicile (ou hospitalisation) et à voir comment le réseau peut vous aider à améliorer la qualité du service rendu aux PA. Cet entretien est anonyme et si vous le désirez je vous en soumettrai la restitution, ainsi que les commentaires qu’ils ont pu m’inspirer.