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CONTRIBUTION DE L’HYPOXIE À LA CICATRISATION CUTANÉE ANORMALE

CHEZ LE CHEVAL. MÉTHODES PHYSIQUES D’ÉVALUATION. Christophe Céleste

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A – DISCUSSION SUR LES ÉTUDES RÉALISÉES A / 1 – Discussion autour des résultats obtenus

La cicatrisation cutanée pathologique chez le cheval se rencontre principalement au niveau appendiculaire. Elle se caractérise par une perturbation des phases inflammatoire, proliférative et de remodelage de la guérison tissulaire, tel que décrit, et se manifeste par un retard de cicatrisation et le développement d’un TGE

(Theoret2008 ; Wilmink2008). Lepault a rapporté l’existence d’une plus grande occlusion des

microvaisseaux dans le tissu de granulation des plaies appendiculaires chez le cheval

(Lepault2005), suggérant un possible manque d’O2. Le manque d’O2 perturbe le bon

déroulement de la guérison tissulaire en altérant les phases inflammatoire, proliférative et de remodelage de celle-ci (Guo2010 ; Modaressi2010 ; Schreml2010 ; Sen2009 ; Bosco2008 ; Rodriguez2008 ; Hopf2007 ; Bosco2006 ; Hopf2005 ; Tandara2004), à l’image de ce qui est

observé au niveau appendiculaire chez le cheval.

Partant de ces constats, (1) nous avons posé les hypothèses que la disponibilité locale en O2 et la perfusion tissulaire différaient selon la localisation anatomique de la plaie

et dans le temps pendant la cicatrisation cutanée chez le cheval, et (2) nous nous sommes fixés les objectifs de mesurer, par des méthodes physiques d’évaluation, non invasives, la disponibilité tissulaire locale en oxygène (par NIRS) et la perfusion tissulaire (par ThIR) de plaies cutanées, chirurgicalement créées dans des sites anatomiques distincts (corps versus membre), lors de leur cicatrisation par seconde intention, dans un contexte normal et pathologique.

Nous rapportons :

(1) une meilleure perfusion tissulaire (ThIR) associée à une plus grande disponibilité de l’O2 dans les plaies thoraciques (NIRS), en début de guérison tout

particulièrement. L’œdème plus important qui se développe au niveau appendiculaire (observation clinique ObsCli (Annexe IV : Évolution clinique des plaies étudiées)), probable

conséquence de l’accumulation sanguine qui y est constatée (NIRS), perturbe certainement la perfusion tissulaire des plaies appendiculaires (ThIR) et participe vraisemblablement à l’hypoxie tissulaire relative (NIRS) que l’on y observe. Cette

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hypoxie pourrait perturber la phase inflammatoire de la guérison au niveau appendiculaire, tel que décrit (Wilmink1999a ; Wilmink1999b) et être à l’origine de

perturbations directes ou indirectes des phases prolifératives et de remodelage

(Theoret2008 ; Wilmink2008).

(2) une perfusion tissulaire des plaies appendiculaires inférieure à celle des plaies thoraciques, qui se détériore de façon significative lorsqu’un TGE se développe (ThIR). Une angiogenèse plus importante, accompagnée d’une plus grande occlusion microvasculaire, ont été rapportées au niveau appendiculaire (Lepault2005). La

fonctionnalité des vaisseaux présents au sein des tissus de granulation chez le cheval tend donc à prévaloir sur leur nombre pour assurer la perfusion tissulaire et l’apport d’O2. Une détérioration de la perfusion tissulaire accompagne le développement du

TGE (ThIR). Cette détérioration, vraisemblablement consécutive à une plus grande occlusion microvasculaire, pourrait exacerber la déficience en O2 constatée au niveau

appendiculaire, intensifier l’hypoxie présente, et perturber davantage la cicatrisation cutanée à ce niveau.

(3) une diminution progressive de la disponibilité de l’O2 dans les plaies (NIRS), plus

marquée au niveau appendiculaire, au fur et à mesure que la guérison progresse, malgré une perfusion tissulaire restant plus élevée que la normale (ThIR). Une activité cellulaire intense caractérise la phase tardive de la guérison, à l’origine probable d’une grande consommation d’O2. La cicatrisation cutanée étant retardée et

la phase inflammatoire prolongée au niveau appendiculaire (ObsCli) (Wilmink1999a ;

Wilmink1999b), il apparaît plausible qu’il y ait plus de cellules métaboliquement actives

au niveau appendiculaire que thoracique dans la phase tardive de la guérison, si un TGE se développe tout particulièrement, à l’origine d’une plus grande consommation d’O2 au niveau appendiculaire et d’une hypoxie relative.

(4) une accentuation du caractère pathologique de la cicatrisation cutanée appendiculaire par l’utilisation de bandages synthétiques semi-occlusifs. Nous constatons que l’utilisation de bandages au niveau appendiculaire s’accompagne du développement systématique de TGE au sein des plaies (ObsCli). Les bandages altèrent l’humidité, la température, le pH et les échanges gazeux des plaies avec leur environnement (Knottenbelt2003). Ces altérations pourraient expliquer les perturbations

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cicatricielles observées lors de leur utilisation. L’administration topique d’O2, bien

que d’un effet thérapeutique limité, a été rapportée comme étant bénéfique aux plaies souffrant d’hypoxie superficielle (Gordillo2008 ; Davis2007 ; Fries2005 ; Said2005 ; Kalliainen2003).

L’utilisation de bandages pourrait, à l’inverse, aggraver l’hypoxie relative constatée au niveau appendiculaire chez le cheval, et ainsi perturber davantage la cicatrisation cutanée à ce niveau.

Lorsque combinées, nos études permettent de conclure qu’il existe :

(1) des différences à la fois temporelles et spatiales de disponibilité locale en O2

(NIRS) (Celeste2011a) et de perfusion tissulaire (ThIR) (Celeste2011b), donc

d’oxygénation tissulaire, au niveau de la peau du cheval, pendant la cicatrisation cutanée de plaies créées chirurgicalement ;

(2) une hypoxie tissulaire relative, chronique, au niveau des plaies cutanées appendiculaires ;

(3) un retard de cicatrisation au niveau des plaies cutanées appendiculaires, compliqué du développement d’un TGE lorsque des bandages synthétiques semi- occlusifs sont utilisés dans la gestion de ces dites plaies.

A / 2 – Limites des études réalisées

Les plaies étudiées, de petite taille, de pleine épaisseur et chirurgicalement créées, apparaissent peu représentatives des plaies que nous rencontrons couramment en pratique équine, qui sont, en règle générale (1) d’épaisseur cutanée variable ; (2) de profondeur tissulaire variable ; (3) de taille variable (il est rare de rencontrer d’aussi petites plaies cutanées chez le cheval, un animal coutumier des réactions de panique, et, habitué à fuir ; (4) mixtes (il n’est pas rare qu’au sein d’une même plaie se rencontrent des sections cutanées franches, des déchirures cutanées anarchiques, des écrasements tissulaires) ; (5) fortement contaminées si ce n’est infectées au moment de leur examen ; (6) déjà médicamentées (les propriétaires des chevaux blessés auront souvent utilisé un grand nombre d’onguents, de poudres, de bandages avant de faire appel à un vétérinaire équin).

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